Détection automatisée de la flavescence dorée : des projets prometteurs, mais pas encore opérationnels

Plusieurs programmes de détection automatisée des jaunisses de la vigne sont en cours de développement, pilotés notamment par le Comité Champagne dans ses parcelles expérimentales. Si on note des avancées intéressantes et prometteuses, les prospections collectives restent pour le moment le seul moyen de lutte efficient.

Temps de lecture : 2 minutes

Auteur : Alain Julien

Le développement de capteurs optiques couplés à des algorithmes d’intelligence artificielle offre des perspectives de détection des symptômes de maladies de la vigne et notamment des jaunisses.
En Champagne, un projet de recherche et développement baptisé « DASY » pour Détection Automatisée des SYmptômes de jaunisse a été initié en 2022 par le Comité Champagne en partenariat avec le Centre de recherche en sciences et technologies de l’information et de la communication (CReSTIC) de l’Université de Reims Champagne-Ardenne (URCA) et l’entreprise d’ingénierie SEGULA Matra Automotive.
Le projet d’automatisation de diagnostics, soutenu par la Région Grand Est, a pour objectif de fournir des outils pour détecter les symptômes de jaunisse sur le Chardonnay et d’étudier différentes configurations d’acquisition par imagerie spectrale et traitement de données, dans des contextes épidémiques variés, ceps isolés avec incidence faible à forte, ou encore foyers.
« Nous travaillons sur le Chardonnay, car sur les cépages blancs, les symptômes sont plus difficiles à détecter et classifier », explique Marie-Laure Panon, la responsable du service Écosystème et Protection au Comité Champagne.
Selon elle, le service technique de l’interprofession a commencé à étudier l’acquisition d’images traitées par IA dès 2020 avant de lancer le projet DASY et collabore en parallèle avec des entreprises technologiques spécialisées dans l’imagerie agronomique comme Chouette ou encore Vitivisio, qui se sont fait connaître dans notre région.

Rien d’opérationnel avant trois à cinq ans

« L’idée est d’embarquer des capteurs qui collectent des images à différentes longueurs d’onde, dans le visible comme dans l’infrarouge, sur des enjambeurs, des chenillards voire des robots pour une détection dans le rang, ou bien au-dessus du rang par drone ou par avion. Il s’agit de rechercher des signaux spécifiques qui seront traités par des algorithmes d’intelligence artificielle. Il faut aussi bien sûr géolocaliser le plus précisément possibles ces signaux », précise-t-elle.
La technique ne permet pas de différencier les symptômes du bois noir de ceux de la flavescence dorée. Dans tous les cas, un technicien devra effectuer un prélèvement pour qu’un diagnostic soit posé.
« L’enjeu est d’éviter les faux négatifs - ceps symptomatiques non détectés -, de limiter fortement les faux positifs et d’avoir un géoréférencement très précis. Il faudra aussi s’intégrer dans le schéma d’organisation de la lutte contre la flavescence dorée. Enfin, l’intérêt de ce travail serait d’atteindre un débit de chantier suffisant, pour nous aider à surveiller un maximum de surfaces. En l’état des connaissances, on ne voit pas de dispositif opérationnel avant trois à cinq ans », prévient Marie-Laure Panon.
Ainsi le message de la filière est clair : ne pas se démobiliser et continuer à s’investir dans les prospections collectives organisées dans les communes viticoles.
Avec pour mots d’ordre « Prospecter, Marquer, Arracher », cette méthode est à ce jour la plus efficace pour détecter les nouveaux foyers et enrayer leur propagation.

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