Pour réduire l’utilisation des produits chimiques et offrir une alternative naturelle dans le traitement des vignes, plusieurs viticulteurs se sont essayés à l’emploi des huiles essentielles. Se former, tester, conduire pas-à-pas ses expérimentations semblent être les clés de cette pratique qui offrirait des possibilités infinies. Le point commun des vignerons qui ont abordé le principe…
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« Il faut se faire accompagner »
« Il faut absolument se faire accompagner dans cette expérimentation des huiles essentielles », insiste Lucie Cheurlin. « Après cinq ans d’utilisation, nous avons décidé, mon frère et moi, de laisser les huiles essentielles en suspens pour nous consacrer à l’utilisation de plantes. Nous avions en effet le sentiment de ne pas maîtriser pleinement nous-mêmes le dispositif. Les échanges avec les experts, même s’ils sont réactifs, se font à distance et ne nous permettent pas d’être totalement autonomes, et rapidement, en cas d’attaque de maladie. Mais nous pensons les réemployer à l’avenir après avoir complété notre formation».
Eric Petiot préconise d’ailleurs dans ses enseignements de passer un an à étudier l’univers des plantes pour en savoir plus sur les décoctions à utiliser pour soigner la vigne. Il s’attelle à faire découvrir les extraits fermentés de plantes, les décoctions (prêle, bourdaine) ou les infusions (menthe, tanaisie, saponaire). « Les extraits fermentés de plantes comme l’ortie ou la consoude permettent de réduire les molécules de synthèse chimiques de 30 % chaque année afin d’arriver à 0 % de molécules chimiques de synthèse », argumente Eric Petiot. Après une sensibilisation aux plantes, les formations s'orientent ensuite vers la thématique des huiles essentielles. « Les vignerons ont traité par peur. Il s’agit de porter un autre regard sur sa manière d’agir en considérant que ce qui est lent est sûr ».
"Equilibrer le tout"
« Notre usage des plantes permet de diminuer les doses de cuivre », note Lucie. « Depuis 2007, en appliquant de manière équilibrée, je suis arrivé à diminuer par 5 mon utilisation de cuivre pour arriver à 1,5 kg annuel de produit en moyenne », poursuit Cédric. Ce que confirme de son côté Eric Rodez : « Cette brique supplémentaire, proposée par les huiles essentielles vient compléter les apports biologiques et organiques ainsi que les apports de cuivre et de soufre pour arriver à équilibrer le tout. Et cela me permet aussi de bien dormir la nuit. »
Mais, si l’on considère que la manière de traiter joue un rôle sur la physionomie du sol et les apports organiques transmis à la plante, quel est le résultat sur les vins produits ? « Le résultat est flagrant sur les vins », assure Cédric Moussé. « Nous avons moins de masques, les PH sont plus faibles et les vins présentent une plus grande minéralité. » Lucie Cheurlin parle de son côté de « vins plus concentrés et plus matures » pour décrire les résultats d’une production raisonnée.
Si leur utilisation reste une pratique complexe qui demande du temps et de l’implication, les huiles essentielles, comme les plantes ou des pratiques plus respectueuses du vivant sont autant de possibilités fascinantes à explorer.
M.B.