Le travail de l’ombre du lombric et autres vers de terre

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Jérôme Courgey est un président d’association heureux. Fondateur d’Arbre & Paysage de Champagne en 2019, il fédère désormais autour de lui un collectif d’une soixantaine d’adhérents, majoritairement vignerons, et la newsletter relayant les actions déployées sur le terrain avec de dynamiques équipiers comptabilise 1715 sympathisants (à mi-avril). Il y a deux ans, les inscrits se…

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Aurélien Lurquin, le lauréat, et Jérôme Courgey, président d'A&P de Champagne ©DR

"METS-TOI-AUX-VERS » : LE PREMIER VER D’OR DE L’HISTOIRE À AURÉLIEN LURQUIN Deux jeunes membres bénévoles d’Arbre & Paysage de Champagne se sont vu confier le pilotage de l’opération « Mets- toi-aux-Vers » (Metav). Quentin Dida et le Compagnon du devoir en viticulture Dorian Baillet ont su tirer leur épingle du jeu en proposant un « véritable état des lieux de la fertilité des sols à travers différents terroirs champenois » en allant sur les terres de passionnés d’agro-écologie. Alors qu’il participe à une démonstration menée avec l’Inrae d’Avignon et plusieurs partenaires dans une parcelle appartenant à Aurélien Siret, au Mesnil-sur- Oger, Dorian montre le couvert végétal choisi par ce vigneron : « C’est un mélange de seigle, de féverole, trèfle raboteux et trèfle blanc nain, espèces à forte production de végétation. Cette combinaison de plantes est une véritable « bête de compétition » en terme de biomasse. Le moment venu, en couchant tout ça on va pouvoir emmagasiner du carbone, ce qui va accélérer la vie biologique du sol. Nul doute que les vers de terre viendront tout seul. En lâcher dans les vignes n’est pas la solution à nos yeux ». Pour cet étudiant (alternant) en licence Viticulture Environnement à Reims (Urca), les « vers de terre sont d’importants bio-indicateurs de la fertilité des sols ». Avec le projet Metav, le but était de pouvoir le mesurer très concrètement. Après une journée d’ouverture rassemblant plus de 60 participants et l’organisation sur plu- sieurs journées de défis (« test bêche », « test de la motte », « vers de terre ») on a fait le compte des points de fertilité obtenus par les 35 vignerons champenois ayant effectué l’ensemble des tests. « Le 9 avril, les résultats finaux étaient connus et nous sommes allés à la rencontre du vigneron lauréat de cette première édition, récompensé de manière symbolique du Ver de terre d’or. Il s’agit d’Aurélien Lurquin, basé à Romery », révèle Quentin Dida, en précisant que celui-ci a réalisé un score de 73,5 points de fertilité (sur un total de 100 maximum). « À l’échelle de toute la Champagne, c’est lui qui a obtenu le plus grand nombre de points sur la parcelle "Les Traverses", cultivée depuis plus de dix ans en couverture végétale permanente. » Il est à noter que la remise officielle du trophée s’effectuera le 21 mai et que seront alors révélés les noms de cinq autres vignerons distingués. « Les retours sont excellents. Vignerons, étudiants, enseignants, chercheurs et partenaires institutionnels et privés qui se sont joints à nous durant cette semaine ont salué l’enthousiasme et la créativité cette édition 2021 », concluent les organisateurs, prêts à remettre le couvert.

Ph.S.

Yvan Capowiez ©Philippe Schilde

YVAN CAPOWIEZ, INRAE AVIGNON : « Le compactage du sol, principal problème identifié en Champagne » Ardennais d’origine, vous appartenez à l’unité mixte « Environnement méditerranéen et modélisation des agro-hydrosystèmes » dont les recherches portent notamment sur la faune du sol… Pourquoi ce retour en Champagne aujourd’hui ? Avec ma collègue Céline Pelosi, chercheure en agroécologie, nous avons répondu à l’invitation qui nous a été faite de venir découvrir en Champagne des parcelles où se déroulent des pratiques innovantes en matière de couverts végétaux, d’apports de matières organiques… Nous sommes venus avec une technique d’observation des vers qui diffère de celles communément utilisées (irritants de type moutarde ou stress électrique) puisque nous pratiquons à la bêche selon une méthode standardisée ayant donné lieu à publication. Nous prélevons rapidement un bloc de terre de 40 cm de côtés en creusant sur environ 25 cm de profondeur. Nous effectuons un tri manuel. En procédant ainsi, nous ne manquons qu’un seul vers, le lombric commun adulte, car il file se réfugier à 3 ou 4 mètres de profondeur. Mais les jeunes lombrics qui vivent dans les premiers horizons du sol nous donnent de bonnes indications sur les populations présentes. Nous mesurons l’abondance, et donc la densité de vers au mètre carré, et nous déterminons également les espèces présentes. Trois grandes catégories écologiques de vers sont identifiées. Chacune d’entre elle joue un rôle fonctionnel dans le sol. L’effet nombre est révélateur de la structuration du sol par la faune. Les vers mangent la matière organique et la rejettent en l’enfouissant, favorisant ainsi la fertilité du sol. Qu’avez-vous pu observer en Champagne ? Dans les vignes, nous essayons de comprendre quels sont les facteurs limitants de présence des vers de terre dans le sol. Et, parallèlement, nous nous demandons comment augmenter leur population afin de rendre ce sol plus vivant, plus riche. Dans le Sud-Est, région où nous sommes basés, la problématique rencontrée est assez différente de celle pouvant être observée en Champagne. Nous avons des sols rouges, contenant peu de matière organique et donc peu fertiles. Dans les vignes champenoises, le problème que nous identifions est moins un manque de matière organique qu’un problème de compactage du sol. Le ver est important pour décompacter le sol. En multipliant les perforations, il permet à l’eau de s’infiltrer et, en outre, il occasionne une fissuration du sol. Cette opération est lente mais utile car elle permet une régénération du sol.

Ph.S.

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