Spoy est un cru de Champagne situé à 12 km à l’Ouest de Bar-sur-Aube. Il fait partie de la Côte des Bar, et plus précisément du Barsuraubois. Le vignoble de 71,30 ha est établi sur les deux versants de la vallée du Landion, affluent de l’Aube qu’il rejoint 5 km plus au nord à Dolancourt. Le tracé du vignoble forme un J dont les traits irréguliers marquent la présence de vallons plus ou moins profonds. La relative étroitesse de la vallée et la présence de sources en bas de versant impliquent un vignoble établi en deuxième partie de coteau.
D’ailleurs, l’examen des altitudes est riche d’enseignements. Au niveau du Landion, du nord au sud, le finage de Spoy montre des altitudes respectives de 169 m à 180 m, soit un dénivelé de 11 m sur environ 2,5 km, conduisant à une pente de 0,4 % orientée vers le nord. D’est en ouest, les plateaux culminent entre 267 m et 296 m, soit un dénivelé vers l’ouest de 29 m sur 4 km et un pendage à 0,7 %. Le secteur présente ainsi un pendage des couches de terrain vers le nord-ouest, hérité des mouvements tectoniques des Alpes, de sorte qu’elles sont de plus en plus récentes en allant du sud-est vers le nord-ouest.
Le sous-sol du vignoble est représenté par la partie supérieure des marnes du Kimméridgien, et par les calcaires du Kimméridgien terminal et du Portlandien. Les sols bruns calcaires sur marnes et calcaires durs dominent, avec par endroit en bas de versant, des sols bruns calcaires sur des colluvions de natures diverses.
Le vignoble occidental occupe les flancs ouest et sud-ouest du village, entre 200 et 270 m d’altitude, et regardent vers l’est et le sud-est. Il repose surtout sur les calcaires portlandiens (Sur Villiers) qui ont alimenté quelques carrières à ciel ouvert (Les Caves). La fraîcheur calcaire contraste ici avec l’abri des vents dominants, ce qui favorise beaucoup l’équilibre des vins.
En rive droite, le vignoble est plus épars, établi exclusivement sur des formations marneuses du Kimméridgien supérieur surmontées par les calcaires du Portlandien qui leur ont offert ses éboulis. Au nord, les vignes sont situées entre 180 m et 200 m d’altitude, sur les flancs d’un cône drainé par le Larget, ruisseau affluent du Landion. À l’est du village, la pente s’infléchit pour atteindre 30 % et les vignes occupent le versant entre 175 m et 215 m. Cette partie du vignoble (Vignes de l’Étang) est surmontée par la Réserve naturelle régionale de la Côte de l’Étang, une des dernières pelouses sèches du secteur et refuge d’une grande biodiversité. Enfin, au sud-est du village, les vignes occupent les versants situés au sud du Val Jubert et du Val Gune. Les formations marneuses, une exposition vers l’ouest et aux vents, déterminent un secteur plus frais avec des vins plus enrobés.
L’éloquence du pinot noir
L’encépagement de Spoy est dominé à 86,5 % par le pinot noir, suivi par le chardonnay (8,5 %) et le meunier (5 %). Notons que plus de la moitié des vignes sont âgées de plus de 30 ans. L’interprétation du vigneron s’ajoute aux éléments évoqués pour favoriser une diversité de vins complémentaires. Les vignerons spoyens proposent ainsi des champagnes d’assemblage en grande majorité à base de pinot noir, également des monocépages de pinot noir et de chardonnay, avec parfois l’usage du bois et de la réserve perpétuelle.
Le pinot noir se montre éloquent, avec entre autres des notes de cassis, de framboise, de grenade, de pamplemousse rose, de poivre, d’abricot, de chèvrefeuille, évoluant vers la mirabelle, la quetsche, la figue, le miel. Le chardonnay peut exprimer des notes de calcaire iodée, de citron, de poire, d’acacia, de pêche de vigne, de rhubarbe, de citronnelle, de menthe, évoluant vers les épices douces, les fruits à coque, le miel d’acacia. Le meunier apporte ses notes de fleurs d’oranger, de prune, de mangue, de pêche, de fraise, d’amande, de rose, de litchi.
Côté cuisine, prenons des plats inspirés des vendanges : potée champenoise, bœuf à la mode champenoise, ribs de porc et confit d’abricot, poularde au champagne, petit salé aux lentilles revisité au boudin blanc, gratin de pommes de terre au Maroilles, pintade rôtie et courges marinée aux framboises, cailles aux raisins et au lard, chaource avec un miel d’acacia au safran, langres.
Pour digérer, empruntez le pont romain en arc construit il y a deux mille ans, et laissez-vous conter la nature dans le vignoble. Vous entendrez chanter l’alouette lulu, à moins que ce ne soient les criquets qui résonnent au son des sécateurs des hordons. Bonnes vendanges à tous.