Quelle joie d’avoir pu enfin nous retrouver en personne pour notre assemblée générale après deux ans d’éloignement !
« Ensemble, plus forts après la crise » : c’est le titre que nous avons choisi pour ce moment majeur de notre vie syndicale. Il est porteur d’espoir mais de réalisme aussi, car les défis qui nous attendent ne sont pas simples et nous devrons être particulièrement mobilisés et solidaires pour les surmonter.
L’histoire de notre belle Champagne nous enseigne que face à l’adversité, le faire ensemble constitue notre marque de fabrique et forge nos réussites.
Le cœur de notre action, c’est la préservation de notre modèle économique qui est fondé sur le partage de la valeur, et en ce sens nous ferons toujours valoir nos intérêts. Je le répète encore et encore : le vignoble n’est pas une variable d’ajustement du négoce.
L’expérience de ces deux dernières années nous rappelle qu’il est essentiel de ne pas avoir de vision à court terme. Nous devons apprendre à nous projeter et à anticiper.
Nous le savons, le changement climatique va de plus en plus peser sur la production de raisins et on ne peut que constater la baisse de nos rendements agronomiques et de notre potentiel de récolte.
C’est pourquoi nous avons engagé au sein de l’interprofession un chantier sur l’adaptation de nos outils de régulation avec notamment une évolution de la réserve. Il s’agira d’optimiser au maximum les belles années pour sécuriser notre production.
Une première série de décisions sera prise lors du bureau exécutif du Comité Champagne au mois de juillet prochain et nous travaillons à une mise en œuvre dès la prochaine vendange.
Mais ces réformes nécessiteront une évolution du cadre réglementaire national et donc l’accord des pouvoirs publics. Nous nous préparons à un rapport de force pour faire valoir nos spécificités et éviter que ces outils ne soient remis en cause au prétexte qu’ils ne seraient pas adaptés à l’ensemble des filières nationales ou européennes.
Si la Champagne est souvent citée comme exemple d’organisation et de développement équilibré, c’est parce que nous avons mis en place des outils de régulation autofinancés par la profession qui ont démontré leur efficacité.
Aidez-nous à les faire évoluer et à les adapter.
Le changement climatique nous oblige également vis-à-vis des consommateurs qui sont de plus en plus sensibilisés aux productions respectueuses de l’environnement. Nous sommes peut-être trop discrets sur nos résultats environnementaux, pourtant la Champagne a été pionnière dans ce domaine et affiche de très bons résultats dans la réduction de son empreinte carbone, sa gestion des déchets et des effluents, ou encore la limitation des différents intrants. Plus de la moitié des surfaces de production sont aujourd’hui sous certification environnementale : cela témoigne de nos bonnes pratiques.
Pour autant, prendre en compte les attentes environnementales ne doit pas être synonyme de culpabilisation du vignoble, d’accélération forcenée des contraintes réglementaires et de déresponsabilisation, ce qui aurait pour conséquences des chutes vertigineuses de production.
J’assume le choix que nous avons fait au sein de l’interprofession de supprimer à terme les herbicides. Mais l’horizon 2025 est un cap que nous avons fixé ensemble et non une obligation. Nous devons rester volontaristes et pragmatiques, favoriser l’innovation et surtout faire appel à l’intelligence des vignerons.
C’est ensemble, au travers de nos démarches de progrès volontaires et collectives, que nous avancerons.