Redonner de l'attractivité au portage foncier
Nicolas Didier, administrateur du SGV et rapporteur de la Commission foncière et représentant du SGV auprès de la Safer de la Marne, détaille pour La Champagne Viticole les points clés du rapport Girardin.
Cette mission parlementaire confiée à Éric Girardin se concentrait sur la transmission viticole dans les AOC à forte valeur ajoutée. Quels sont les enjeux particuliers qui touchent l’AOC Champagne ?
La transmission pour notre AOC est un enjeu crucial, car elle conditionne la pérennité de nos exploitations. L’objectif de la mission était d’établir un état des lieux des difficultés et de proposer des solutions relatives à la transmission des exploitations familiales dans nos AOC où la valeur du foncier est très élevée. J’aimerais rappeler que l’enjeu principal est bien d’anticiper la succession. Peu importe la région, le secteur, les mesures qui existent ou qui sont envisagées : préparer sa succession, c’est donner une chance supplémentaire à l’exploitation de perdurer.
Concernant l’AOC Champagne, la situation est particulière du fait de deux facteurs. D’abord, le prix du foncier est élevé pour l’ensemble de l’AOC, même s’il existe quelques disparités selon les secteurs. Ensuite, notre région ne manque pas de repreneurs.
Bien sûr, les exploitants champenois transmettent leurs exploitations, mais cela se fait au prix de la viabilité des exploitations puisqu’un morcellement s’opère. À cela s’ajoute la vente de parcelles de vignes qui est parfois le seul moyen de s’acquitter des frais de la succession.
Faute de mettre en œuvre les mesures proposées par le député Éric Girardin, le modèle de nos exploitations familiales dynamiques sera remis en question, car nous ne serons plus en mesure d’assurer la transmission d’exploitations viables pour nos repreneurs.
Pensez-vous que ces propositions pourront être mises en œuvre ?
Force est de constater que plusieurs de nos attentes ont trouvé écho auprès du député. Toutefois, cette mission parlementaire a été menée en un temps record à la veille des élections présidentielle et législatives. Espérons que cela ne se perde pas dans les méandres d’un nouveau mandat politique. De toutes façons, nous devons continuer à nous mobiliser pour nous faire entendre de nos représentants politiques locaux et nationaux. Le SGV ainsi que les organisations professionnelles partenaires continueront, quoi qu’il arrive, le travail entrepris sur ce sujet pour permettre la transmission d’exploitations viables et maintenir le foncier au vignoble.
Parmi les propositions relayées par la profession, nous mettions en avant la nécessité de redonner de l’attractivité au portage foncier. De notre point de vue, il ne s’agit pas seulement de réclamer des mesures pour assurer la survie de nos exploitations et de notre modèle ; nous travaillons depuis de nombreuses années sur ce sujet et essayons de développer des outils visant à maintenir les exploitants et consolider durablement leurs exploitations. Et le portage du foncier fait partie de cette boîte à outils que nous voudrions proposer aux exploitants. C’est un enjeu à la fois individuel afin que les vignerons puissent continuer à vivre de leurs exploitations, mais également un enjeu collectif pour conserver le foncier au vignoble et compter dans les relations interprofessionnelles.
Propos recueillis par Élise Le Henaff, SGV