La filière Champagne se construit un avenir ambitieux

Lors de l'assemblée de l'Association Viticole Champenoise, les services techniques de l'interprofession ont rappelé les opérateurs à leurs responsabilités, adoptant une tonalité solennelle en vue de préparer l’avenir dès à présent. Pour ce faire, le Comité Champagne renforce ses moyens et investit pour épauler encore davantage vignerons et maisons.

Temps de lecture : 3 minutes

Auteur : Guillaume Perrin

Au terme d’une année plus que rassurante, aussi bien dans les vignes qu’à la lecture des marqueurs économiques, les discours délivrés lors de l’assemblée de l’Association Viticole Champenoise s’annonçaient très attendus. Et pour ouvrir le bal le 8 décembre au Millesium d’Épernay, les deux coprésidents du Comité Champagne ont partagé la tribune pour afficher l’unité…

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La Champagne vise le « net zéro carbone »

Maxime Toubart et David Chatillon ont dévoilé le nouvel objectif de l’interprofession champenoise, qui ambitionne de devenir la première filière à atteindre le « net zéro carbone ». La Champagne va ainsi renforcer sa participation à l’atténuation des effets du changement climatique, et va engager une baisse rigoureuse des émissions de gaz à effets de serre qui concernera l’ensemble de la profession.

Le bilan carbone de 2003 réalisé par le Comité Champagne relevait des émissions totalisant près de 750 000 tonnes équivalent CO2 : d’ici 2050, ce total devra avoir diminué de 75 %. Entre-temps, un objectif intermédiaire vise une réduction de 25 % en 2025, un chiffre « en passe d’être atteint » grâce aux efforts réalisés au cours des deux dernières décennies. Citons notamment l’écoconception des emballages (bouteilles, cartons…), l’amélioration de l’efficacité énergétique dans les caves ou encore le stockage du carbone dans les sols.

Pour contribuer à l’objectif mondial de neutralité carbone, la Champagne doit en priorité éviter les émissions indésirables autant que possible, ou le cas échéant les séquestrer. Par exemple, planter des haies et des arbres en périphérie des parcelles permettrait de stocker environ 7 % des émissions de CO2 de la Champagne, mais cela reste « une hypothèse très optimiste ». La compensation des émissions reste possible en dernier recours, ce qui se traduirait par le financement de projets vertueux du point de vue environnemental, en donnant la priorité à des thématiques agricoles, énergétiques, ou encore forestières.

Les diagnostics peuvent également poser les bases d’actions durables futures. C’est pourquoi le Comité Champagne a lancé en septembre 2021 le programme COPERNIC (Compétitivité et performance énergétique des installations vitivinicoles de la filière Champagne). Pendant deux ans, les ressortissants de la filière champagne peuvent bénéficier d’un soutien  dans leurs projets en lien avec l’efficacité énergétique de leurs entreprises.

Pour compléter les informations sur ces démarches vertueuses, un guide pratique de la « Production durable en Champagne » sera publié début 2023 afin d’accompagner les établissements vinicoles sur la réglementation des enjeux environnementaux.

Paroles de présidents

David Chatillon, président de l’UMC : « Le champagne occupe une place incontournable dans la gastronomie. Celle qu’il occupe dans l’univers de la célébration est intacte. Mieux, de nouvelles occasions, moins statutaires, souvent à domicile, sont apparues avec la pandémie et les ruptures qu’elle a provoquées durablement dans les modes de vie et de consommation.
Nos fondamentaux n’ont pas été aussi bons depuis longtemps. C’est le fruit des efforts auxquels nous nous sommes engagés collectivement et que vous avez réalisés individuellement. La qualité perçue, c’est l’image que véhicule le produit. Notre impact sur l’environnement participe de cette image et y participera de plus en plus. Là encore, nous récoltons les fruits des efforts colossaux que nous avons consentis depuis deux décennies.
Il est donc de notre responsabilité de prendre aujourd’hui les décisions qui nous assurerons de conserver demain notre avantage compétitif. C’est précisément l’objet, vous l’avez compris, de la nouvelle feuille de route du Comité Champagne. Cette feuille de route a pour ambition de donner au Comité les moyens de mieux vous accompagner parce que les défis qui sont devant nous sont immenses. Le consommateur attend aujourd’hui et exigera demain que nos pratiques soient irréprochables dans les trois domaines du développement durable : l’économie, le social et l’environnement. »

 

François Pierson, président de l’AVC : « Produire un raisin sain en quantité suffisante de qualité remarquable et d’une maturité au top tout cela avec la moindre intervention chimique et en respectant au maximum la planète c’est ça le but de ces prochaines années. Nous avons la chance d’avoir à notre disposition nos propres services techniques pour la recherche, de l’imagination, de multiples projets, de la passion et enfin des moyens financiers.
Des moyens financiers conséquents pour pouvoir mettre en œuvre rapidement tous nos beaux projets. Ceux qui sont déjà en route et les futurs encore plus importants qui demandent obligatoirement énormément de travail, de recherche et bien sûr de l’argent.
Au sujet de la flavescence dorée, nous n’avons plus le choix. Toutes les communes doivent prospecter chaque année leur terroir. Ce n’est pas une demande c’est une obligation face à ce fléau qui progresse à une vitesse telle qu’il est capable, si on ne se remue pas plus que ça, de décimer notre vignoble très rapidement comme le phylloxera l’a fait dans le temps. »

 

 

Maxime Toubart, président du SGV : « Je souhaite profiter de cette tribune pour rappeler que ce sont les vignerons au travers de leur syndicat reconnu comme Organisme de Défense et de Gestion (ODG) qui ont la responsabilité de proposer les conditions de production à travers l’élaboration du cahier des charges et d’assurer la protection et la valorisation du Champagne. Nous tenons à ce que cela perdure.
L’avenir, c’est avant tout le raisin et le raisin, c’est avant tout les vignerons. L’avenir repose en grande partie sur les décisions qui seront prises par le vignoble et nous entendons bien assumer cette responsabilité. Messieurs les négociants, pour pouvoir vendre des bouteilles, il faut des raisins ! Au négoce, le pouvoir historique du marché et au vignoble le pouvoir de la production. »

 

 

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