Nous avons vécu une fois de plus une vendange bien atypique avec des records de volumes, des records de poids de grappes et encore des records de chaleur. D’année en année, les effets du changement climatique pèsent sur notre activité et nous devons de plus en plus être réactifs, apprendre à nous adapter et innover.
Au final, on s’en sort plutôt bien avec de beaux Chardonnays, mais quelques soucis pour les noirs avec des alertes sanitaires assez fortes par secteurs et une vigilance à garder en cuverie. Heureusement, avec une moyenne agronomique de 21 000 kg/ha, nous avions les moyens de trier soigneusement pour ne rentrer que le meilleur. Bref, une vraie vendange de vigneron.
Une campagne également marquée par des événements tragiques qui ont été largement médiatisés. Je l’ai répété haut et fort : nous allons en tirer les leçons nécessaires et prendre des dispositions précises et réalistes afin de limiter au maximum les risques pour les vendangeurs et mieux encadrer les pratiques de prestation.
Cela se traduit concrètement par la création au sein de l’interprofession d’un groupe de travail qui, avec l’aide de l’État, va ouvrir quatre chantiers prioritaires sur l’hébergement des vendangeurs, les conditions de santé et de sécurité des saisonniers, la création d’une charte de prestation de services et, enfin, le recrutement de la main-d’œuvre dont nous avons besoin dans nos vignes.
Je reste très vigilant sur ces dossiers et votre Syndicat vous tiendra régulièrement informés de l’avancée de ces travaux.
Nous rentrons dans les deux derniers mois de l’année, décisifs pour nos expéditions. Sans grande surprise, le rebond extraordinaire que nous avons connu après le Covid se tasse, mais pour autant, les résultats restent à de très bons niveaux, surtout à l’export, et le chiffre d’affaires de la filière se porte très bien. Cependant, il est plus que probable que le contexte géopolitique particulièrement anxiogène finisse par plomber les économies mondiales.
Globalement pour les volumes, nous sommes en repli de 8,8 % sur douze mois glissants, à quelque 308 millions de bouteilles, mais ce sont les vignerons qui s’en tirent le mieux en limitant la baisse à 5 %. En revanche, le marché national s’étiole inexorablement en
volume, même si les prix moyens continuent de progresser. Pour autant, il faut s’attendre à ce que l’inflation pèse sur les arbitrages de consommation de nos concitoyens.
Vous savez l’importance que représente la part des ventes du vignoble pour maintenir notre influence dans les équilibres interprofessionnels. Le SGV, avec sa bannière Champagne de Vignerons, développe ses offres de services de soutien à la commercialisation. Cela passe par la campagne de communication, la nouvelle classification par les Caractères et des accompagnements vers des tastings et des salons. Je vous invite à profiter de ces offres et de ces conseils pour étoffer vos marchés.
Je vais terminer cet édito par une note assez pessimiste, et j’en suis désolé. Nous attendons les résultats des prospections flavescence dorée, mais nous savons déjà que la tendance n’est pas bonne. La maladie progresse et il faut que chacun d’entre nous en prenne exactement la mesure.
Les conséquences pour notre vignoble vont être importantes : il va falloir généraliser les prospections et arracher absolument tous les pieds contaminés. Il n’y a pour le moment pas d’autre solution viable que l’arrachage, les traitements n’apportant qu’une réponse partielle.
Là encore, nous avons mis en place des outils de régulation avec des déblocages pour vous accompagner dans ces actions.
Comme toujours en Champagne, c’est par des actions collectives fortes et déterminées que nous surmontons les épreuves.