Moins d’emballages pour moins de carbone dans la filière champagne

L’objectif du Net Zéro Carbone porté par la filière champagne à l’horizon 2050 ne pourra pas se dédouaner d’une adaptation des emballages, qui représentent actuellement un tiers de son empreinte carbone. Lors de l’assemblée annuelle de l’Association Viticole Champenoise, les experts du Comité Champagne ont prôné une approche systémique de l’écoconception.

Temps de lecture : 3 minutes

Auteur : Alain Julien

La réflexion des Champenois sur leur empreinte environnementale ne date pas d’hier. La Champagne a été la première région viticole à faire son bilan carbone au début des années 2000. Plusieurs Plans carbone se sont succédé pour aboutir à une réduction de plus de 15 % des émissions de gaz à effet de serre.

Parmi les évolutions majeures, notons la réduction de 7 % du poids de la bouteille en 2011, qui passe de 900 g à 835 g, permettant une baisse des émissions équivalentes à un parc de 6 300 véhicules thermiques ou aux émissions annuelles de 1 700 Français.

Depuis la loi antigaspillage pour une économie circulaire (AGEC) de 2020, qui renforce les obligations liées à la circularité des emballages et à l’information environnementale du consommateur, les règlements sont de plus en plus contraignants. Ainsi, chaque producteur mettant sur le marché français des emballages doit soit établir son propre plan de prévention et d’écoconception soit adhérer à un plan sectoriel.

« Pour accompagner ce renforcement réglementaire, nous avons corédigé avec Adelphe un plan de prévention et d’écoconception des emballages d’expédition spécifique à la filière Champagne, a expliqué Marie-Noëlle Viaud, responsable du projet Environnement au Comité Champagne. Tous les ressortissants cotisant au contrat simplifié Adelphe-Comité Champagne adhérent automatiquement au Plan Champagne. »

La notion d’écoconception doit maintenant systématiquement être intégrée par tous les opérateurs champenois, alors que Bruxelles prépare de nouvelles directives sur les emballages et les déchets d’emballage.

« Ainsi, tout emballage mis sur le marché européen devra justifier de son poids, de son volume, de sa composition et de sa recyclabilité. Parmi tous les emballages d’expédition, la bouteille présente un statut particulier. À la fois emballage, mais aussi outil de production, elle va devoir évoluer pour satisfaire à ces nouvelles exigences sociétales et environnementales », a poursuivi Marie-Noëlle Viaud.

Depuis 2018, les efforts d’écoconception engagés par la filière champagne ont produit des avancées remarquables malgré la hausse des volumes d’expéditions. Pour autant, il  faudra progresser encore pour atteindre l’objectif du Net Zéro Carbone en 2050.

Les objectifs réglementaires
2025 : tendre vers 100 % de plastique recyclé ;
2027 : 10 % d’emballages réemployés (ménagers, industriels, commerciaux) et recyclables ;
2030 : obligation pour les emballages d’intégrer une filière de recyclage ;
2040 : tendre vers la fin des emballages en plastique à usage unique.

 

Pour en savoir plus : Comité Champagne : https://extranet.comitechampagne.fr/environnement/emballage
Tél. : 03 26 51 19 30 ; e-mail : info@champagne.fr
Adelphe : https://www.adelphe.fr

Les pistes pour réduire l’empreinte environnementale

La bouteille et ses éléments

  • Optimisation et réduction du poids de la bouteille ;
  • Optimisation et réduction du poids et des dimensions de la coiffe ;
  • Optimiser, réduire les grammages et dimensions des étiquettes et collerettes ;
  • Suppression des éléments ajoutés à des fins marketing : collerettes, étiquettes volantes, décorations ;
  • Choisir des teintes qui permettent une meilleure intégration de verre recyclé ;
  • Choisir des étiquettes à base de matière recyclée.

Sacs, étuis, coffrets, canisters, blisters et caisses

  • Supprimer, à défaut, optimiser les étuis et coffrets ;
  • Optimisation et réduction des caisses pour le transport ;
  • Réduire les sacs individuels ;
  • Favoriser l’éco-encrage ;
  • Intégrer et augmenter le taux d’intégration de papier-carton recyclé ;
  • Privilégier un sourcing responsable.

Focus sur la bouteille

Avec près de 85 000 tonnes par an, le verre représente le premier facteur impactant de la filière. En privilégiant des bouteilles en verre allégées, les incidences sur l’environnement peuvent être considérablement diminuées.

Les fournisseurs proposent une large gamme d’emballages avec des poids différents : pour un même format de bouteille et un même usage, le poids peut ainsi varier de 10 à 15 % par rapport à la bouteille standard. On constate que les bouteilles les plus lourdes sont souvent utilisées pour les cuvées plus qualitatives, comme si le poids suggérait la qualité : ce code de marché peut être questionné au regard des évolutions des attentes et perceptions des consommateurs, y compris sur les secteurs du luxe. L’offre des verriers évolue, et il est désormais possible de trouver des bouteilles de formes spéciales dont le poids est similaire à la bouteille standard.

À la suite de son premier bilan carbone, la Champagne lance le chantier d’allégement de la bouteille qui se généralisera à partir de 2011. En passant de 900 g à 835 g, soit 7 % de masse de verre en moins, cette réduction permet de diminuer l’empreinte carbone de 11 200 tCO2e sur la fabrication du verre et 5 800 tCO2e sur les transports, soit 17 000 tCO2e au total.

Des initiatives d’allégement jusqu’à 800 g commencent à être testées, mais on manque encore de recul sur la résistance de ces nouveaux flacons. La sécurité des personnes manipulant les bouteilles et des consommateurs ne devant pas être remise en cause, il convient de finaliser les études en cours.

Pour les formats autres que la 75 cl, l’offre des verriers est moins diversifiée. Pour le format 37,5 cl, des versions allégées avec des réductions de poids de 20 à 30 % sont proposées à la vente.
Pour le format magnum, le poids optimisé et préconisé est de l’ordre de 1 600 à 1 730 g.

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