Les machines autonomes gagnent du terrain à la vigne

L’innovation était au cœur d’une journée technique organisée sur le domaine d’Avize Viti Campus. Les machines autonomes occupent le terrain, en réponse à la pénurie de main-d’œuvre et pour une gestion optimisée des pratiques culturales.

Temps de lecture : 2 minutes

Auteur : Thierry Perardelle

Chez Avize Viti Campus, la journée technique du 24 mai mettait à l’honneur différents outils et solutions pour une gestion optimale du travail des sols et une limitation des intrants. Un défi dans une Champagne en proie aux pluies incessantes avec des vignes difficiles à travailler… Une délicate situation qui complexifie le travail des viticulteurs et l’organisation des tâches saisonnières.

Quatre constructeurs de machines autonomes assuraient des démonstrations sur trois parcelles, valorisant leurs créations dédiées à la pulvérisation ou au travail du sol, parfois aux deux actions en adaptant les outils nécessaires.

Face à des problématiques ancrées comme la pénurie de main-d’œuvre, notamment de tractoristes, face à l’importance d’une gestion optimisée des travaux viticoles qui répond à la volonté de suppression des herbicides et de limitation des intrants, les machines autonomes YV 01 (Yanmar), Traxx (Exxact Robotics), Bakus (VitiBot) et Zilus (Sabi Agri) ont montré qu’elles pouvaient garantir un travail de qualité et sécurisé.

Des maisons, coopératives et groupements de vignerons confirment d’ailleurs leur intérêt pour ces outils.

Une autre innovation concernait le tracteur enjambeur Pellenc 240 et son nouveau système d’autoguidage.

 

Formateur pour les étudiants

Dans le cadre du partenariat avec l’Institut Georges Chappaz rattaché à l’Urca (qui forme au Diplôme national d’Œnologue), l’objectif de cette journée technique était de présenter aux étudiants DNO et aux BTS viti-œno d’Avize les nouveautés dans le domaine de la viticulture. « Il s’agit de préparer les étudiants au changement.Les équipements sont en mutation et les robots prennent de l’importance dans les vignes », confirmaient les deux organisateurs de cette journée instructive, spécialistes et enseignants à Avize Viti Campus. À savoir Cyrille Delozanne, professeur d’agroéquipement et Patrice Kalbusch, professeur de viticulture-œnologie et qui intervient également à l’Université de Reims.

L’événement constitue une opportunité pour échanger directement avec les professionnels, pour nouer des partenariats et prendre connaissance des solutions et innovations proposées sur le terrain. C’est indispensable pour les apprenants d’aujourd’hui, acteurs de demain dans le vignoble.

Les robots restent scrutés de près en Europe

Le réseau Oper8, qui rassemble des centres de recherche et des universités de sept pays, proposait un webinaire dédié aux pratiques alternatives aux herbicides. Christophe Gaviglio, ingénieur d’expérimentation à l’Institut français de la vigne et du vin (IFV), y partageait un témoignage sur le désherbage des vignes par les robots.

Le recours à ces solutions novatrices s’explique d’abord par les désavantages propres au désherbage mécanique (efficacité, durée d’effet, précision…), pour lesquels la robotisation semble offrir une réponse globale. Les cinq modèles mis au banc d’essais par l’IFV offrent des caractéristiques leur permettant de se singulariser entre eux : enjambeur thermique ou électrique, chenillard hybride ou à batterie…

Les défis que doivent relever ces machines d’un nouveau genre sont variés : longueur des rangs, pente, types de sols, outils utilisés… Tous ces critères ont une incidence sur la performance de la machine, qui est mesurée par la surface travaillée annuellement, en relation avec la quantité d’énergie consommée et la fiabilité de l’appareil.

Ainsi, l’IFV s’est montrée plutôt satisfaite de la vitesse de travail des robots, mais celle-ci ne devrait pas dépasser 5 km/h « pour des raisons de sécurité » Avec 10 % de temps de panne, la fiabilité a semblé convenir à l’IFV, tandis que la consommation d’énergie a été divisée par 10 entre les modèles à carburant et ceux alimentés électriquement, pour une puissance et un usage similaires.

Cependant, le transport, la sécurité et le prix des machines restent des freins non négligeables à ce jour, d’autant que les engins embarquent toujours plus de capteurs et d’équipements de sécurité au fil des années…

Dans ce contexte, la Champagne fait figure de pionnière, puisque le Comité Champagne a mené ses propres essais robotiques dès 2011, avant de lancer un concours spécialisé en 2018. L’interprofession siège par ailleurs au bureau de l’association Robagri, aux côtés de l’IFV.

Et la filière a prouvé qu’il était possible de s’organiser pour gérer collectivement l’entretien des sols. C’est ce que démontre la Cuma Terres de Meunier, soutenue par le Comité Champagne, qui s’est constituée en août 2023. 17 vignerons ont acquis deux robots Bakus, livrés fin avril, pour travailler 30 ha de vignes. La Champagne Viticole reviendra sur cette expérience dans un prochain numéro.

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