2024 : une vendange tout en contrastes

Temps de lecture : 6 minutes

Auteur : Guillaume Perrin

Pour ces vendanges 2024 peu volumineuses, les équipes de cueilleurs sont souvent réduites – parfois de moitié – par rapport aux effectifs moyens enregistrés ces dernières années.

 

 

Les alternances entre soleil radieux et pluies orageuses ont parfois surpris les équipes à l’œuvre dans les vignes, comme cette famille de Thil jeudi 12 septembre, qui n’a pas pour autant fait grise mine !

 

 

En plus des faibles volumes à récolter, en particulier dans certaines parties de l’Aisne et de la Côte des Bar, le tri qualitatif à la vigne restait de mise pour que seules des grappes saines soient pressurées.

 

 

Vendanges en musique du côté de Bisseuil ce matin du jeudi 12 septembre : dans un cadre frais et humide et sous un soleil radieux, l’état sanitaire était jugé « correct » par la vigneronne qui exploite cette parcelle de Meunier.

 

Tour d’horizon des vendanges 2024 en France et à l’étranger

En France comme à l’étranger, la campagne 2024 a été particulièrement éprouvante avec des conditions climatiques défavorables et une production en baisse, sur fond de crise structurelle dans certains bassins viticoles qui s’apprêtent à arracher une partie de leur vigne.

 

ALSACE
Une récolte homogène en léger recul
Malgré quelques épisodes de chaleur intense, la vendange s’annonce classique avec une maturation relativement homogène grâce aux températures modérées constatées tout au long du cycle. La floraison s’est révélée compliquée, avec une forte pression des maladies en raison de pluies fréquentes, d’orages et de gel printanier sur certains secteurs. On constate toutefois des baies juteuses présentant des arômes prometteurs, avec des niveaux d’acidité encore soutenus, ce qui laisse présager un millésime équilibré, frais et gourmand. La récolte s’annonce légèrement inférieure à 2023, avec une production prévue de 900 000 hectolitres contre 960 000 l’an passé.

 

BORDELAIS
Une récolte faible en volume, mais de belle qualité
Le millésime 2024 se distingue par une douceur hivernale exceptionnelle et des précipitations presque deux fois supérieures à la normale. Ce climat pluvieux, associé à un manque d’ensoleillement, a ralenti le développement de la vigne, entraînant un jaunissement du feuillage. Les maturités sont marquées par une grande hétérogénéité, avec des épisodes de floraison et de véraison tardifs et variables selon les secteurs. Bien que localisées, les gelées de fin avril, suivies de grêles en juin et juillet, ont encore fragilisé la production. Avec une forte pression du mildiou, la récolte s’annonce inférieure à celle du dernier millésime, mais les premières parcelles récoltées confirment une belle qualité.

 

BOURGOGNE-CENTRE-EST
Une vendange sous pression, mais qualitative
Au cours d’une année marquée par l’incertitude climatique avec des épisodes de grêle (début juin à fin juillet), une pression mildiou, et le black-rot, les vignerons ont su faire preuve d’une grande vigilance pour minimiser les impacts et garantir un état sanitaire de qualité à la vendange. Pour autant, les parcelles présentent une hétérogénéité importante dans les charges et les maturités, entraînant des vendanges très étalées pour maximiser le potentiel de chaque secteur. Il en ressort un millésime classique et assez proche des standards du quinquennat avec un rendement légèrement inférieur.

 

COGNAC
Vendanges en catastrophe
Le début des vendanges a été lancé de façon anticipée à la suite d’un orage ayant ravagé les vignes de Charente le 21 septembre. Un tapis de grêle a recouvert les sols, quelques jours seulement avant le lancement de la récolte, touchant environ 800 ha. Ce grondement météorologique a été précédé d’un autre type d’orage, plus symbolique : le 17 septembre, les producteurs se sont mobilisés contre les taxes chinoises qui s’apprêtent à toucher le cognac et d’autres spiritueux français, en guise de rétorsion aux surtaxes qui seront imposées sur ses voitures électriques par l’Union européenne. De plus, la vendange est en recul par rapport à la moyenne quinquennale, du fait d’un faible nombre de petites grappes à l’hectare.

 

LANGUEDOC-ROUSSILLON
Un bilan prometteur et contrasté
Composant avec une diversité de terroirs, la région affiche un bilan varié selon les secteurs. La saison estivale a été d’abord marquée par des conditions clémentes et des pluies régulières, favorisant une maturation progressive des raisins. Mais cette alimentation hydrique constante, combinée à des épisodes de grêle en août, a entraîné une pression élevée du mildiou à l’est du Languedoc, parfois difficile à maîtriser pour les vignerons. Malgré des pertes importantes dans certaines zones, l’état sanitaire global est prometteur avec peu d’oïdium et de botrytis. Bien que le millerandage généralisé puisse réduire la production, le potentiel qualitatif reste intact.

 

PROVENCE
Précocité et maturité sous l’Azur
Dans la lignée du précédent millésime, les vendanges en Provence démarrent précocement autour du 15 août. Les pluies de printemps ont permis aux vignes de mieux supporter les chaleurs estivales, réduisant le stress hydrique par rapport aux années précédentes. L’alternance de journées chaudes et de nuits fraîches, offrant une amplitude thermique favorable, a favorisé une maturation optimale des raisins. Toutefois, la récolte est moyenne et présente une variabilité importante selon les zones, en raison de quelques épisodes de gel et de grêle ayant affecté certaines parcelles.

 

VALLÉE DU RHÔNE
Qualité et quantité au rendez-vous
À l’image de la décennie, la vendange prévue pendant la première quinzaine de septembre témoigne d’un millésime tardif. Après un démarrage précoce, le développement du vignoble a été ralenti par une météo printanière maussade avec de nombreuses pluies et des températures fraîches. La région a été globalement épargnée par les gelées printanières et la grêle, laissant présager un rendement normal. Avec une présence amoindrie du mildiou et des coulures, l’état sanitaire se veut très rassurant.

 

VAL DE LOIRE
Un millésime complexe et hétérogène
La région ligérienne n’aura pas été épargnée par les aléas climatiques sur ce nouveau millésime. Enregistrant une pluviométrie et une humidité printanière constante (75 mm d’eau par mois d’avril à juillet), la pression mildiou s’est fait ressentir tout au long du cycle pour les vignerons. Ces conditions difficiles ont conduit à une maturation tardive et hétérogène des raisins avec des rendements attendus en baisse, tout particulièrement sur le Melon de Bourgogne (volume déficitaire de 50 à 60 %). Pour autant, l’état sanitaire de la vendange semble avoir été préservé grâce à la bonne maîtrise phytosanitaire et aux conditions favorables de la fin d’été.

 

À L’ÉTRANGER
Coup de chaud en Espagne et Italie
L’Europe enregistre en 2024 des vendanges parmi les plus précoces de son histoire.
En Espagne, les vendanges ont commencé début juillet dans les terres volcaniques de Lanzarote. Les pouvoirs publics tablent sur une récolte en hausse par rapport à 2023, qui était l’une des plus petites vendanges du XXIe siècle. À noter que le pays, et notamment la région de Castille-La Manche, est lui aussi concerné par une hausse notable des demandes d’arrachage de vignes, selon nos confrères de Vitisphère.
L’Italie a connu des problèmes de sécheresse depuis la fin du printemps, ce qui a précipité l’arrivée des premiers coups de sécateurs, en particulier en Sicile, dans un territoire déjà connu pour son aridité. Les conditions climatiques ont d’ailleurs incité les autorités à interdire les travaux au vignoble entre 12 h 30 et 16 h…

SUBVENTIONNER L’ARRACHAGE POUR RÉPONDRE À LA CRISE

Après l’enveloppe de 80 millions d’euros d’aides conjoncturelles pour les bassins viticoles méridionaux en crise, le Gouvernement demande à la Commission européenne de subventionner l’arrachage de 30 000 hectares de vignes en difficulté.
« Afin de pérenniser l’activité des exploitations viticoles », le dispositif propose un montant pouvant atteindre 4 000 € par hectare. « L’aide serait octroyée pour les agriculteurs qui abandonnent, sur les surfaces ainsi arrachées, la production d’autorisation de replantation, et qui renoncent également à mobiliser ou à demander, pendant les six campagnes viticoles 2024 à 2029 incluses, des autorisations de plantation nouvelles. »

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