Nouveau contrat de filière viticole : la région Grand Est s’engage pour un avenir durable des vignobles

Renouvellement des générations, innovation, environnement, développement des marchés ou encore œnotourisme : la région Grand Est réaffirme son soutien à la viticulture régionale dans son nouveau contrat de filière pour la période 2024-2027.

Temps de lecture : 6 minutes

Auteur : Alain Julien

Ce nouveau contrat a été signé officiellement le 22 novembre 2024 lors d’un événement dédié au domaine viticole d’Oury-Schreiber à Marieulles par le président de la région Grand Est Franck Leroy et les présidents du Comité Champagne, du Comité interprofessionnel des vins d’Alsace, de l’Association des viticulteurs d’Alsace, des AOC Côtes de Toul et Moselle et des IGP Côtes de Meuse et Lorraine.

Après un premier contrat pour la période 2019-2021, puis le plan de relance stratégique 2021-2023, ce nouvel accompagnement s’inscrit dans une stratégie globale visant à soutenir une viticulture durable et de qualité. En favorisant le développement économique, environnemental et social de la viticulture locale, ce contrat commun à l’ensemble des vignobles renforce la compétitivité, accélère la transition environnementale, encourage le tourisme et dynamise l’économie régionale, tout en favorisant l’accès des consommateurs à des vins de qualité.

« Quand on voit dans le regard de nos amis étrangers, Européens, Américains ou Asiatiques, ce que suscitent les vins français et ceux qui les élaborent, on constate notre chance d’avoir une image de marque exceptionnelle. C’est notre art de vivre, notre bannière à l’international, une contribution très forte à la balance commerciale, donc préservons-la. Faisons en sorte d’être aux côtés de nos viticulteurs, c’est l’objectif de ce contrat de filière », a expliqué le président de la région Grand Est Franck Leroy lors de la signature du nouveau contrat.

« Cet accord perpétue et consolide le soutien de la région à la filière viticole du Grand Est. Chaque bassin viticole régional a ses spécificités et ses attentes, mais nous partageons une même ambition sur beaucoup de sujets, ne serait-ce que sur l’environnement ou encore la pérennité des exploitations familiales et artisanales. En Champagne, nous sommes administrés à la fois par le Grand Est et par les Hauts de France pour la partie axonaise de notre vignoble, mais je sais que les présidents de ces régions discutent entre eux et savent trouver des synergies pour proposer des accompagnements similaires », a souligné pour sa part Maxime Toubart, président du SGV et coprésident du Comité Champagne.

 

À lire également, notre interview exclusive de Franck Leroy :
« Sans un accompagnement spécifique, nous risquons de perdre des exploitants »

 

QUATRE ORIENTATIONS MAJEURES POUR RÉPONDRE AUX DÉFIS DU SECTEUR VITIVINICOLE

 

1. Favoriser le renouvellement des générations, l’attractivité des métiers et la formation

La filière viticole est affectée par le vieillissement des chefs d’exploitation et des salariés. Elle doit faire face au défi du renouvellement des générations et travailler à une meilleure attractivité des métiers de la vigne et du vin afin d’enrayer la chute du nombre d’exploitants.

Faciliter l’installation de nouveaux viticulteurs

  • Aide à l’Installation en Agriculture (AIA) pour les candidats de 40 ans au plus ;
  • Aide à l’Installation du Nouvel Agriculteur (AINA) pour les candidats de 41 à 50 ans ;
  • Conseil à l’installation en agriculture ;
  • Suivi du nouvel exploitant dans les 4 premières années ;
  • Soutien à la réalisation de stage de parrainage ;
  • Aide au portage temporaire d’exploitation agricole.

Améliorer l’image des métiers de la vigne et du vin
Soutenir les actions de promotion portées par les acteurs de l’orientation ou les professionnels de la filière.

Accompagner les lycées viticoles

  • Le programme « Lycées agricoles 2030 » a comme objectif de positionner les lycées agricoles du Grand Est en véritables pôles d’excellence et d’exemplarité de l’innovation dans les domaines du vivant.
  • Contribuer à la reconquête des effectifs dans les filières agricoles pour donner aux élèves la vocation du métier.

Renforcer et diversifier l’offre de formation
Permettre aux actifs du secteur de s’adapter aux évolutions du secteur, d’appréhender les risques, de promouvoir la durabilité environnementale, d’améliorer la qualité de leurs produits et de développer leurs compétences en commercialisation.

 

2. Soutenir la recherche, le développement et l’innovation

Les professionnels des trois vignobles du Grand Est ont élaboré une feuille de route collective sur les grands enjeux et les besoins de la filière en matière d’adaptation au changement climatique et de transition agroécologique :

  • Maintenir un vignoble pérenne ;
  • Soutenir une vitiviniculture responsable en vue de produire des raisins et des vins de qualité ;
  • Créer deux centres de recherche, développement, innovation au cœur des vignobles et favoriser les transferts de connaissances et l’appropriation des innovations par les professionnels.

Après la concrétisation du projet de serre de prémultiplication du végétal Qanopée, destinée à préserver le matériel végétal et sécuriser l’approvisionnement des pépinières, le vignoble champenois porte l’ambition d’étendre son centre de recherche et développement avec des moyens supplémentaires et une nouvelle Maison de la Champagne au cœur d’Épernay afin de relever les défis d’adaptation au changement climatique de la vigne et du vin.

 

3. Accompagner la performance environnementale, sociale et économique des exploitations viticoles

Tout en préservant le potentiel quantitatif et qualitatif de la récolte, l’exploitant doit veiller à la sécurité des opérateurs de la filière, des consommateurs, et des populations riveraines du vignoble. Il lui faut adapter ses pratiques au changement climatique et minimiser leur impact sur l’environnement, réduire la pénibilité des travaux tout en maitrisant les coûts de production.

  • Prioriser les investissements productifs liés aux enjeux environnementaux ;
  • Encourager l’intégration de parcours de transformation ;
  • Accélérer le changement des pratiques viticoles.

La région soutiendra les investissements dans des équipements durables, la promotion de pratiques viticoles respectueuses des sols, de l’air et de l’eau, et l’intégration d’initiatives dans le cadre d’une démarche de Responsabilité Sociale des Entreprises.

 

 

4. Aider le développement de l’aval de la filière

Contribuer à la croissance économique notamment à l’export, à la création d’emplois et à la durabilité environnementale.

Développement de nouveaux marchés à l’international

  • Aider les vignerons à établir un diagnostic de maturité et de cibler les marchés avec la mise en œuvre d’actions ;
  • Soutien régional à l’export par des aides aux salons ou aux missions à l’international.

Promouvoir les vins des vignobles du Grand Est

  • Accompagner l’organisation de manifestations locales ou la réalisation de plan de communication ;
  • Poursuite du soutien régional au salon Wine Paris.

Accompagner l’aménagement des infrastructures œnotouristiques

  • Promouvoir le Grand Est comme une destination œnotouristique qualitative et durable en capitalisant sur les marques Champagne, Alsace, Lorraine.
  • Plusieurs projets en préparation :
    – Cité internationale des Vins d’Alsace à l’horizon 2028 ;
    – Salon des vins de Lorraine ;
    – Événement de prestige « Champagne » à destination des consommateurs dont la première édition est prévue en juin 2026.

 

Une filière clé de l’économie régionale

La viticulture du Grand Est compte près de 20 000 exploitations, dont 16 210 en Champagne, 31 562 en Alsace et 41 en Lorraine, représentant ainsi environ un tiers des exploitations agricoles de la région.

Les vignobles régionaux couvrent une superficie totale de 49 546 hectares

  • 68 % en Champagne (34 200 ha) ;
  • 31 % en Alsace (15 530 ha) ;
  • 1 % en Lorraine (212 ha).

Le vignoble du Grand Est représente 11,1 % des surfaces viticoles françaises en AOC

  • 7,6 % pour la Champagne ;
  • 3,5 % pour l’Alsace.
  • Taille moyenne des exploitations :  2,83 hectares.

4 IGP

  • Côtes de Meuse ;
  • Lorraine ;
  • Coteaux de Coiffy ;
  • Haute-Marne.

58 AOC/AOP

  • Alsace Grand cru (dont 51 AOP Alsace Grand cru suivies d’un nom de lieux-dits) ;
  • Alsace ou Vin d’Alsace ;
  • Crémant d’Alsace ;
  • Champagne ;
  • Coteaux Champenois ;
  • Rosé des Riceys ;
  • Côtes de Toul et Moselle.

Œnotourisme

La région Grand Est est la première région œnotouristique de France avec près de 2,7 millions de nuitées hôtelières dans les vignobles et une fréquentation fortement internationale (40 %).
Les vignobles régionaux offrent aux visiteurs au-delà des vins une découverte patrimoniale remarquable. Ainsi, le Vignoble de Champagne est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2015 et la Route des Vins d’Alsace attire chaque année de 5 à 6 millions de visiteurs assurant un taux de vente directe de 20 % (le double de la moyenne française).

Performance économique

En 2023, le chiffre d’affaires total de la commercialisation des vins s’est élevé à plus de 6,9 milliards d’euros. La Champagne a contribué de manière significative à ce chiffre avec 6,4 milliards de chiffre d’affaires, tandis que l’Alsace a généré environ 500 millions d’euros de ventes.

Emploi

Les exploitations génèrent plus de 27 000 Unités de Travail Annuel (1 UTA équivaut au travail d’une personne travaillant à temps plein pendant une année).
La filière représente 45 000 emplois directs et 171 000 emplois saisonniers.

Lobbying

La région Grand Est a décidé de rejoindre l’Assemblée des régions viticoles européennes (Arev), une adhésion qui permettra à la viticulture du Grand Est de peser dans les débats européens et de bénéficier des échanges et de la coopération entre les régions viticoles.

(Cliquez sur le graphique pour l’agrandir)

Bilan de l’aide régionale à la filière vitivinicole 2019-2021

Le contrat de filière viticulture du Grand Est 2019-2021 avait retenu trois priorités stratégiques :

  • Renforcer la compétitivité et la durabilité des exploitations viticoles ;
  • Stimuler les exportations en promouvant les vins du Grand Est à l’étranger ;
  • Développer l’œnotourisme.

Au cours de la période 2019-2021, la région a alloué un total de 9,9 millions d’euros d’aides aux vignobles représentant 1 115 dossiers.

L’axe portant sur la compétitivité et la durabilité des exploitations a mobilisé 7,5 millions d’euros, soit 75 % du budget total.

 

 

Bilan du plan stratégique de relance 2021-2023

(Cliquez sur le graphique pour l’agrandir)

Pour aider la filière viticole à affronter les répercussions économiques et sociales de la crise sanitaire, le Grand Est a proposé un Plan stratégique de relance articulé autour de cinq priorités :

  • Le rebond économique et commercial ;
  • La reconquête des marchés export ;
  • L’accélération de la transition environnementale des vignobles ;
  • La relance de l’œnotourisme ;
  • La transformation digitale.

Au cours de cette période, la région a alloué un total de 7,41 millions d’euros d’aides aux vignobles représentant 2 350 dossiers.

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