« En Champagne, les porte-greffes 41B et SO4 sont majoritaires, souligne Gwladys Fachinetti, conseillère viticole à la Chambre d’agriculture du vignoble champenois (CAVC). Cependant, les viticulteurs s’interrogent sur d’autres variétés pour répondre à des enjeux qualitatifs, de biodiversité ou de terroir ».
Quelques prérequis avant de planter
Pépiniériste et viticulteur à Rilly la Montagne, la famille Dumont (Pépinières Daniel Dumont), greffe chaque année un million de plants, une activité qui se perpétue depuis quatre générations. « Avant de planter, il est essentiel de réaliser une analyse de sol. À titre d’exemple, un porte-greffe 41B sera plus adapté dans les sols calcaires et un S04 dans les sables », indique Tony Dumont.
Et Gwladys Fachinetti de poursuivre : « Dans notre accompagnement Cap plantation, nous réalisons des fosses pédologiques. L’observation de la constitution du sol est aussi un indicateur dans le choix d’un porte-greffe ».
La topographie de la parcelle est également à considérer. Enfin, le potentiel parcellaire et la pratique culturale vont déterminer le choix du clone d’un cépage : petit, moyen ou gros producteur de raisin.
« Dans une vigne enherbée, il est préférable de planter un porte-greffe vigoureux pour éviter les problématiques de concurrence, prévient Gwladys Fachinetti. Choisir un autre cépage peut aussi être une opportunité pour diversifier les assemblages ».
Un travail de longue haleine
La production d’un plant de vigne est longue, de 16 à 18 mois. Elle nécessite de nombreuses étapes : récolte des bois, préparation des bois des greffons et porte-greffes, greffage, stratification permettant la formation du tissu cicatriciel, etc. Ces plants sont ensuite plantés en champs pour solidifier les soudures. Une fois aoûtés et après la chute des premières feuilles, ils sont arrachés à l’aide d’une souleveuse puis tirés à la main pour être palettisés et stockés en chambre froide. « Avant de les commercialiser, nous vérifions qu’ils aient chacun au minimum trois belles racines opposées, un bois aoûté et une soudure résistante, précise Tony Dumont. Ce triage occasionne 20 à 30 % de pertes, mais est nécessaire pour obtenir un plant de qualité ».
Ces critères font partie des critères décisifs (y compris l’absence de viroses et de phytoplasmes) pour obtenir le passeport sanitaire délivré par France AgriMer.
Julie Guichon