Trois questions à… Antoine Gerbelle
"On peut faire l'effort d'aller chercher de bons champagnes accessibles"
Pourquoi vous êtes-vous impliqué dans l'écriture du livre Le Champagne, dix façons de l'accompagner ?
J'ai souvent vu dans ma carrière que le Syndicat général des vignerons de la Champagne avait du rebond, du répondant. C'est dans leurs murs que j'ai pu réaliser de grandes dégustations à l'aveugle, ce qui se pratiquait peu. Le champagne, c'est compliqué, parce que c'est à la fois le vin que l'on boit le plus facilement, et qui est le plus complexe à déguster. Quand le SGV a dit "Allez, on remet le champagne au quotidien", je me suis senti concerné.
Maxime Toubart, président du SGV, avec Antoine Gerbelle.
Pourquoi concerné ?
Parce que j'en bois presque tous les jours, et pas des champagnes à 100€ ! Ce n'est pas facile, mais on peut trouver des bouteilles accessibles. Quand j'entends des clients dans des restaurants dire qu'ils ne prennent pas de champagne, parce que c'est trop cher, mais qu'ils se lâchent sur des bordeaux ou bourgognes, j'ai envie de leur dire qu'ils se trompent. Cette démarche du SGV est géniale : il ne s'agit pas d'en faire un produit commun, mais un produit dans l'air du temps : on fait l'effort d'aller chercher de bons légumes chez un maraîcher ou sur le marché, on fait l'effort d'aller acheter de belles pièces de viande chez le boucher, faisons l'effort pour aller chercher de bons champagnes.
N'y a-t-il pas un risque de décalage avec l'image habituelle du champagne, réservé aux moments d'exception ?
Avec le champagne, beaucoup rêvent d'inaccessible, et certaines maisons de champagne entretiennent cette image de luxe et c'est un marché, depuis très longtemps. Mais le champagne, c'est aussi un produit très terrien, vrai, les pieds sur terre.