Bilan carbone : « Chacun doit prendre sa part » en Champagne

Le Comité Champagne a réaffirmé le rôle des industries connexes au champagne dans la diminution du bilan carbone de la filière, un objectif qui emmène tous les acteurs champenois à l’horizon 2050.

Temps de lecture : 3 minutes

Auteur : Guillaume Perrin

La filière Champagne veut atteindre le « Net Zéro carbone » à l’horizon 2050. Cet objectif est la conséquence d’un accord international visant à maintenir le réchauffement climatique dans une fourchette entre 1,5 et 2 °C d’ici 2100.

Pour ce faire, l’interprofession a réalisé pour la première fois en 2003 le bilan carbone de la filière, diagnostic mis à jour tous les cinq ans.

À la grande surprise du Comité Champagne, le premier enseignement de cette analyse est la part « assez minime » des activités dans les vignes et les caves dans l’empreinte carbone champenoise (moins de 15 %). Outre ces émissions de gaz à effet de serre, les transports, les déplacements de personnes et le fret en amont comme en aval occupent 30 % de l’empreinte globale. Et le reste, « c’est les achats de biens et de services, tout ce qui vient de la filière connexe. Dans une logique de réduction de nos émissions, on ne peut pas faire l’impasse sur ces achats », affirme Pierre Naviaux, responsable du service Développement durable du Comité Champagne.

Il est déjà nécessaire de commencer par réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Pour un vigneron, cela peut impliquer de choisir des piquets de palissage en bois français issus de forêts gérées durablement avec une valorisation énergétique en fin de vie, ou de lutter contre le gel à l’aide de brasseurs d’air, voire de fils électriques. Attention, il n’existe pas de solution idéale sur tous les plans : les piquets en acier recyclé, sur un cycle de vie, offrent un bilan plus intéressant que des outils en acacia venus de l’étranger.

Réduire avant tout

En plus de ces choix de matériels plus économes en énergies, les process adoptés par les partenaires du vignoble comptent beaucoup : la bouteille allégée en est l’exemple le plus parlant, tout comme la coiffe papier, qui a contribué à la baisse du bilan carbone de la filière en réduisant jusqu’à 93 % l’empreinte environnementale du surbouchage des bouteilles par rapport à un complexe aluminium-polyéthylène.

Pierre Naviaux résume : pour parvenir à -25 % d’émissions résiduelles qui est le point de passage à valider en 2025 — avant un objectif à -75 % d’ici 2050 —, « il faut avant tout réduire (les émissions dans le cadre quotidien, NDLR), puis stocker dans son activité, et en dernier recours, compenser avec des projets de séquestration. »

L’expert de l’interprofession prévient : « Chacun doit prendre sa part du travail sur ce sujet. Donc si le marché veut de l’écoconception, cela signifie que l’on va devoir mettre en valeur des bouteilles qui seront un peu moins flamboyantes, et il faut qu’elles soient mises en valeur. Il faut aussi que les acteurs champenois soient prêts à payer peut-être un peu plus cher pour de l’écoconception, et que la filière connexe soit prête à fournir des solutions qui soient écoconçues, avec une baisse de la consommation d’énergie et de matières premières. »

Rappelons que d’autres actions sont prises en compte dans le cadre du Net Zéro Carbone, comme la compensation par le financement d’actions pour éviter des émissions carbone supplémentaires, ou les puits de carbone (stockage de matière organique dans les sols, plantation de haies…), y compris chez les partenaires de la filière Champagne comme avec les forêts de chênes-lièges.

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