Élections législatives : ce que la Cnaoc retient du scrutin

« Après une campagne législative éclair et tumultueuse, quelles sont les perspectives pour la filière viticole et que peut-on attendre de cette nouvelle Assemblée nationale alors que l’agriculture a été la grande absente des débats lors de ces élections ? », s’interroge la Confédération nationale des producteurs de vins et eaux-de-vie de vin à Appellations d’origine contrôlées (Cnaoc).

Temps de lecture : 4 minutes

Auteur : La Rédaction

Pas de majorité absolue, trois groupes en tête et la possibilité d’un blocage institutionnel

Infographie créée par le journal Le Monde : https://www.lemonde.fr/resultats-elections/

À la surprise générale, la toute nouvelle formation politique – le Nouveau Front Populaire – s’est hissée au premier rang.

155 circonscriptions changent de couleur politique : 80 ont glissé à droite et 75 à gauche par rapport à 2022. 30 % des députés sont nouveaux avec un bloc triparti en tête :

  • Le Nouveau Front Populaire compte 182 députés élus, avec une forte progression des socialistes qui doublent leur nombre de sièges.
  • La coalition de la majorité présidentielle – Ensemble – comptabilise 168 députés élus (-77 députés), dont 98 pour Renaissance.
  • Le RN-LR n’arrive qu’en troisième position avec 143 députés, mais réalise la plus grande progression en sièges avec +54 députés.
  • Quant aux LR (sans Éric Ciotti), ils envoient 60 élus dans le nouvel hémicycle, un score quasi identique aux dernières législatives.
  • Autres forces politiques : 13 divers gauche, 11 « autres » sans étiquette.

Du côté des députés à sensibilité agricole, la plupart « sauvent » leurs sièges, avec une apparente stabilité pour la filière viticole qui compte 14 agriculteurs dans l’hémicycle :

  • Ensemble : l’actuel ministre de l’Agriculture Marc Fesneau (MoDem, Loir-et-Cher), Hubert Ott (MoDem, Haut-Rhin), Louise Morel (MoDem, Bas-Rhin), Sophie Mette (MoDem, Gironde), Pascal Lecamp (MoDem, Vienne), Thomas Cazenave (Ren, Gironde), Stéphane Travert (Ren, Manche), Charles Sitzenstuhl (Ren, Bas-Rhin), Benjamin Dirx (Ren, Saône-et-Loire), Jean-René Cazeneuve (Ren, Gers), François Cormier-Bouligeon (Ren, Cher), Sandra Marsaud (Ren, Charente), Lise Magnier (Horizons, Marne), Xavier Albertini (Horizons, Marne).
  • NFP: André Chassaigne (PCF, Puy-de-Dôme), Marie Pochon (Écologistes, Drôme), Aurélie Trouvé (LFI, Seine-Saint-Denis), Dominique Potier (divers gauche, Meurthe-et-Moselle), David Taupiac (Parti socialiste, ex-Liot, Gers), Sylvain Carrière (LFI, Hérault).
  • RN: Jean-Philippe Tanguy (RN, Somme), Hélène Laporte (RN, Lot-et-Garonne), Christophe Barthes (RN, Aude), Philippe Lottiaux (RN, Var), Stéphanie Galzy (RN, Hérault).
  • LR: Julien Dive (Aisne), Anne-Laure Blin (Maine-et-Loire), Raphaël Schellenberger (Haut-Rhin), Justine Gruet (Jura), Fabrice Brun (Ardèche), Valérie Bazin-Malgras (Aube), Emilie Bonnivard (Savoie)
  • Autres: Charles de Courson (LIOT, Marne).

D’autres font leur entrée, comme la ministre déléguée à l’agriculture, Agnès Pannier-Runacher (Ren, Pas-de-Calais) ou Benoît Biteau (Écologistes, Charente-Maritime).

Enfin, quelques soutiens de la viticulture ne sont pas réélus : Grégoire de Fournas (RN, Gironde), Didier Paris (Ren, Côte-d’Or), Eric Girardin (Ren, Marne), Pascal Lavergne (Ren, Gironde), Anne-Laure Petel (Ren, Bouches-du-Rhône), Anne-Laure Babault (MoDem, Charente-Maritime).

« Dans le domaine agricole, nos soutiens sont très morcelés au sein des différents blocs et nous allons devoir parler à tout le monde pour défendre les sujets de la viticulture. Les députés Ensemble devraient jouer un rôle central, car au centre de l’échiquier et donc les seuls à même de former des majorités lors de l’examen des différents textes. À gauche, il faudra également sensibiliser les différentes composantes du NFP, première force à date à l’Assemblée, comme le RN, dont plusieurs parlementaires sont issus de circonscriptions viticoles. Nous devrons ainsi pousser nos députés à travailler sur le modèle allemand : pour la filière viticole, il y a des opportunités à construisant des coalitions de vote », résume Jérôme Bauer, le président de la Cnaoc.

Six priorités que les AOC comptent bien faire connaître à la nouvelle Assemblée

La prochaine étape est la nomination d’un Gouvernement. Si les institutions n’imposent aucun calendrier pour le former, celui-ci devrait être nommé après la mise en place de la nouvelle Assemblée qui élira son président ou sa présidente le 18 juillet. Viendront ensuite la composition des groupes politiques et des commissions permanentes du nouvel hémicycle d’ici le 20 juillet.

De grandes inconnues demeurent sur la formation du prochain Gouvernement, sa composition et par conséquent le calendrier politique qui en découle. Le processus d’élaboration de la loi de Finances a déjà pris du retard. Les propositions agricoles du NFP – qui pourrait accéder à Matignon – ne mentionnent ni la reprise des travaux sur la LOA, ni le chantier sur les simplifications administratives.

Dès l’été, la Cnaoc, avec l’appui de ses fédérations régionales fera connaître les 6 priorités nationales pour bâtir la viticulture de demain :

  • Reprise du chantier sur la simplification administrative ;
  • Faciliter la transmission dans le prochain PLF ;
  • Garantir des prix rémunérateurs aux producteurs dans la prochaine loi Egalim4 ;
  • Harmonisation des règles européennes en particulier sur l’environnement ;
  • Maintien d’une fiscalité équilibrée en s’opposant à la hausse des taxes sur le vin (prix minimum) dans le PLFSS ;
  • Pérennisation du dispositif TO-DE pour les travailleurs saisonniers dans le prochain PLFSS pour dynamiser l’emploi saisonnier.

Avec un message pour accompagner ces six priorités : la viticulture et nos Appellations ont besoin d’un cap clair pour avancer !

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