Le premier bilan carbone (lire encadré) de la Champagne, réalisé en 2003, est sans nul doute le point de départ de la longue démarche carbone de la filière dont le bilan sera établi en 2050.
Il y a vingt ans, il s’agissait alors de « prendre conscience de la double contrainte énergie-climat : les impacts du changement climatique et la mise en relief de la forte dépendance des activités champenoises aux énergies fossiles, émettrices de gaz à effet de serre (GES) et en voie de raréfaction », rappelle Pierre Naviaux, chargé du développement durable au Comité Champagne.
« Face au changement climatique, on a deux stratégies à mener de front, explique-t-il : l’adaptation de nos pratiques agronomiques et œnologiques, et l’atténuation de nos émissions. On ne peut pas faire l’un sans l’autre. »
Deux plans carbone depuis 2005
Un premier plan a été dessiné à la suite de ces diagnostics, pour la période 2005-2015 : la Champagne va s’aligner sur la France et réduire de 75 % les émissions d’ici 2050.
Une série d’actions a été lancée, dont l’allègement de la bouteille emblématique : le standard champenois est passé de 900 g à 835 g à partir de 2011. Citons aussi la démocratisation du calculateur carbone, ou la naissance de produits biosourcés par le programme Anaxagore. La réserve champenoise a aussi contribué au changement des pratiques, permettant de délaisser les systèmes de lutte antigel basés sur la combustion d’énergies fossiles.
Les émissions ont commencé à se tasser alors que la filière augmentait ses expéditions. Puis en 2015, « la Champagne a fait sa COP », se souvient Pierre Naviaux. Avec l’appui de l’ensemble de la filière et d’experts extérieurs, 90 actions à mener à bien avant 2025 ont émergé, réparties en six thématiques (lire page suivante) : vigne, vin, bâtiments, déplacements, économie circulaire et gouvernance. Le deuxième plan carbone était né. Parmi les priorités du moment, la nécessaire sobriété énergétique a été renforcée par le contexte tendu qui dure depuis l’an dernier.
La stratégie Net Zéro Carbone, annoncée fin 2022 par le Comité Champagne, poursuit dans cette direction, mais cela ne signe pas pour autant la fin des émissions. La séquestration de carbone et le financement de projets de compensation seront aussi de la partie, même si « les puits de carbone sont loin d’être la solution de facilité ». Les sols champenois sont en effet déjà riches en matière organique grâce aux apports historiques d’amendements, mais ces réserves de carbone sont fragilisées par le travail du sol. Quant à la plantation de haies et d’arbres, cela permettrait de stocker au maximum l’équivalent de 7 % des émissions champenoises.
Enfin, pour ce qui est de la compensation, la filière souhaite « financer des projets de stockage de carbone avec des retombées locales intéressantes » plutôt que d’acheter des crédits. Question de responsabilité sociétale Champagne.
Guillaume Perrin avec la collaboration du Comité Champagne.