La recherche, moteur de la production viticole au Comité Champagne

Géraldine Uriel dirige le service Matériel végétal et Production du Comité Champagne, dont la mission est fondamentale : faire en sorte que les vignes champenoises produisent du raisin de qualité en quantité suffisante, en les mettant à l’abri des viroses.

Temps de lecture : 3 minutes

Auteur : Guillaume Perrin

Géraldine Uriel dirige le service Matériel végétal et Production du Comité Champagne, dont la mission est fondamentale : faire en sorte que les vignes champenoises produisent du raisin de qualité en quantité suffisante, en les mettant à l’abri des viroses.

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La problématique du renouvellement

Géraldine Uriel estime que moins de 4 plants sur 10 arrivent à terme lors d’une entreplantation. Au sein d’une vieille vigne, « un plant en entreplantation subit la concurrence d’au moins deux ceps à proximité, que ce soit pour l’eau, pour les minéraux, pour la lumière, pour la protection phyto, et n’oublions pas les passages d’interceps… S’il arrive à s’en sortir, c’est un miracle. En présence de caches plastiques, les plants peuvent mourir lors des périodes de canicules, et si au contraire on ne les protège pas, ils peuvent subir les attaques de nuisibles comme des lapins. » Les porte-greffes les plus performants, en matière de gestion de l’eau, d’enracinement et de vigueur, disposent naturellement de chances de survie supplémentaires. 

Cela ne favorise pas forcément un renouvellement massif du vignoble champenois — qui a atteint un chiffre historiquement bas de 0,6 % en 2019-2020 —, malgré « un petit bruissement favorable l’année dernière ». « Si on choisit de ne pas rajeunir le vignoble, il faut au moins l’entretenir, prévient-elle : on ne peut pas faire l’impasse sur les deux. Il ne doit pas y avoir plus de 3 ou 4 % de pieds manquants. Lorsqu’on franchit la barre des 5 %, on perd du potentiel de récolte. » Dans ce cas, il devient urgent de réagir. « Parce que cela vous fait renouveler un nombre de pieds beaucoup plus important en même temps, avec beaucoup plus de risques de ne pas pouvoir s’en occuper. Sur une exploitation, il faudrait quasiment envisager une rotation sur quatre ou cinq ans, et en organisant l’entreplantation par secteurs successifs, plutôt que d’éparpiller les plantations. Cela permet aussi d’anticiper les commandes de plants », suggère Géraldine Uriel. 

Conserver l’histoire du vignoble pour alimenter le futur

Le travail du Comité Champagne sur le matériel végétal porte aussi sur la valorisation de la diversité au sein des variétés. L’interprofession contribue à trois conservatoires : deux d’entre eux se situent à Gionges : le premier est issu du transfert du conservatoire historique implanté initialement à Plumecoq et le deuxième est le fruit du partenariat avec l’association Massales de Champagne. Le troisième est celui implanté par MHCS. 

« L’idée sur ces trois conservatoires, c’est de mettre à l’abri la diversité, puis de la caractériser. Par exemple, nous recensons actuellement près de 400 accessions différentes de Pinot noir. Celles-ci pourront être exploitées à terme soit comme des clones différents, soit être exploitées en pool pour des sélections massales ou pour répondre à d’autres besoins. » 

Ce travail est régi par une charte nationale, et les conservatoires français sont loin de travailler seuls dans leur coin. Celui du Comité Champagne a notamment été enrichi d’accessions venues de Saône-et-Loire, comme du Chardonnay. « Si un partenaire nous demande du matériel, on le fournira. Le matériel végétal dans les conservatoires français est considéré comme un bien commun », témoigne Géraldine Uriel.  

Avant de communiquer auprès des viticulteurs, encore faut-il recueillir des jeux de données assez conséquents sur les différentes accessions, ce qui nécessite d’observer plusieurs critères primordiaux : débourrement, composantes du rendement et sensibilités aux maladies comme le botrytis, énumère Géraldine Uriel. Vu l’ampleur de la tâche, les équipes du Comité Champagne ont été renforcées pour l’occasion, selon l’ambition formulée en début d’année par les coprésidents de l’interprofession. 

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