La problématique du renouvellement
Géraldine Uriel estime que moins de 4 plants sur 10 arrivent à terme lors d’une entreplantation. Au sein d’une vieille vigne, « un plant en entreplantation subit la concurrence d’au moins deux ceps à proximité, que ce soit pour l’eau, pour les minéraux, pour la lumière, pour la protection phyto, et n’oublions pas les passages d’interceps… S’il arrive à s’en sortir, c’est un miracle. En présence de caches plastiques, les plants peuvent mourir lors des périodes de canicules, et si au contraire on ne les protège pas, ils peuvent subir les attaques de nuisibles comme des lapins. » Les porte-greffes les plus performants, en matière de gestion de l’eau, d’enracinement et de vigueur, disposent naturellement de chances de survie supplémentaires.
Cela ne favorise pas forcément un renouvellement massif du vignoble champenois — qui a atteint un chiffre historiquement bas de 0,6 % en 2019-2020 —, malgré « un petit bruissement favorable l’année dernière ». « Si on choisit de ne pas rajeunir le vignoble, il faut au moins l’entretenir, prévient-elle : on ne peut pas faire l’impasse sur les deux. Il ne doit pas y avoir plus de 3 ou 4 % de pieds manquants. Lorsqu’on franchit la barre des 5 %, on perd du potentiel de récolte. » Dans ce cas, il devient urgent de réagir. « Parce que cela vous fait renouveler un nombre de pieds beaucoup plus important en même temps, avec beaucoup plus de risques de ne pas pouvoir s’en occuper. Sur une exploitation, il faudrait quasiment envisager une rotation sur quatre ou cinq ans, et en organisant l’entreplantation par secteurs successifs, plutôt que d’éparpiller les plantations. Cela permet aussi d’anticiper les commandes de plants », suggère Géraldine Uriel.