« Nous n’héritons pas de la terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants », ce proverbe cité par Saint-Exupéry dans Terre des hommes devrait être gravé au fronton de toutes nos exploitations.
La Champagne va bien, et même très bien. L’année 2022 a battu des records d’expédition et de chiffres d’affaires, et janvier 2023 a commencé fort avec un score de ventes inégalées depuis au moins une décennie, ce qui est plutôt de bon augure pour la suite.
Les affaires vont bon train, surtout à l’export, comme en témoigne le succès rencontré par le stand collectif Champagne de Vignerons qui réunissait 52 producteurs à Wine Paris.
Notre vin a conquis une nouvelle place dans la vie des consommateurs du monde entier depuis la crise sanitaire. Ils souhaitent maintenant mettre un peu plus d’exceptionnels dans leur quotidien en s’offrant du luxe accessible et porteur de valeurs authentiques. Et pour notre plus grande joie, le champagne coche toutes ces cases.
Dans ce contexte, il serait facile de se reposer sur ses lauriers et de se laisser porter par la vague. Pourtant il ne faut pas s’y tromper : nous avons certes la chance d’être dans l’air du temps, mais cette prospérité est surtout le fruit de toutes les décisions collectives prises en Champagne depuis des décennies.
Nos outils de régulation sont la clé de la résilience de notre filière. Ils sécurisent la création de valeur et son partage équitable entre tous les opérateurs. Nous ne devons pas chercher à toujours faire plus, mais à toujours faire mieux : c’est comme cela que nous transmettrons un vignoble économiquement viable à nos enfants.
Mais pour continuer à porter la valeur, notre vignoble doit rester productif. Et là, nous avons un sacré défi à relever face aux maladies qui menacent nos vignes. Le danger le plus urgent, c’est la flavescence dorée. La dernière campagne de prospection est sans appel : la maladie progresse d’une manière exponentielle. Si on ne se mobilise pas, ce sera le phylloxéra du XXIe siècle.
Il faut commencer dès maintenant à s’organiser dans toutes nos sections locales pour préparer les prochaines prospections collectives dans un maximum de secteurs de l’Appellation. La consigne, vous la connaissez : repérer les pieds infectés, les marquer et les arracher. C’est le seul moyen connu à l’heure actuelle pour lutter contre cette terrible maladie.
Sécuriser l’avenir de nos exploitations, c’est aussi investir dans la recherche et l’innovation. C’est pourquoi nous allons augmenter de façon très significative le budget de l’interprofession dans ces domaines. L’enjeu est de préserver l’excellence et la typicité de nos vins face au changement climatique.
Nous ne le disons pas assez fort, mais la Champagne agit depuis longtemps pour un meilleur respect de l’environnement, nous sommes même l’une des rares filières à s’inscrire dans les recommandations de l’accord de Paris pour la réduction de l’empreinte carbone. Notre objectif reste plus que jamais d’encourager et de convaincre tous les acteurs à adopter des pratiques respectueuses de notre environnement.
Tous ces sujets seront au programme de notre assemblée générale qui aura lieu le 13 avril au palais de fêtes d’Épernay. Ce n’est pas qu’un moment statutaire dans la vie de notre Syndicat, c’est un espace de rencontres et d’échanges qui renforce notre collectif.
Je vous y attends nombreux.