Maintien de la régulation des plantations, exonérations de charges sociales, accompagnement dans la transition écologique… Les sujets cruciaux pour la viticulture champenoise ont pu être abordés avec Jean Castex lors de son déplacement dans la Marne.
La première réunion qu’a tenue le Premier ministre à son arrivée à Châlons-en-Champagne, le vendredi 4 septembre, a été consacrée aux dossiers agricoles et viticoles. Les représentants de ces professions attendaient Jean Castex de pied ferme à l’hôtel de ville pour lui faire part de leurs problématiques spécifiques. Comme leurs collègues du monde agricole, les co-présidents du Comité Champagne, Maxime Toubart et Jean-Marie Barillère, n’auront pas eu beaucoup de temps pour formuler leurs remarques et demandes auprès du nouveau locataire de Matignon passant par la Marne afin de détailler son plan de relance pour la France (dévoilé la veille). Mais le président du SGV et le président de l’UMC ont toutefois pu mettre l’accent sur les dossiers prioritaires du moment pour la viticulture champenoise impactée, elle aussi, par la crise de la Covid-19.
Intervenir avant qu’il ne soit trop tard
« Nous avons pu transmettre au Premier ministre les sujets importants pour le vignoble », déclarait Maxime Toubart à l’issue d’une entrevue rapide mais utile pour l’avenir à ses yeux. D’abord, parce qu’une fois Jean Castex parti visiter l’usine Privé SA (fabrication de silos agricoles métalliques) et encourager les exportateurs, la conversation s’est poursuivie avec le conseiller agri-viti de Jean Castex ; et ensuite, parce que le principe d’une réunion avec les membres du cabinet du Premier ministre a été acté. « Nous allons donc nous revoir », se réjouit le président du SGV.
Ce dernier n’a pas manqué d’aborder la problématique des exonérations de charges sociales des exploitants viticoles, lesquelles sont passées aux oubliettes lors des discussions au Parlement autour du dernier projet de Loi de finance (PLRF3). « Le passé nous a montré qu’il valait mieux aider les exploitations avant qu’elles ne se trouvent trop fragilisées », a plaidé Maxime Toubart en considérant que le seuil retenu, de 80 %, était « un seuil trop élevé ».
Accompagner la transition agro-écologique
Sur le volet de la transition agro-écologique, le président du SGV a insisté auprès du Premier ministre et de ses services sur la nécessité d’un accompagnement permettant d’investir dans la transition écologique : « On ne peut pas demander des changements de pratiques qui baissent la rentabilité des entreprises sans apporter un accompagnement », estime-t-il.
Enfin, après avoir perçu des signaux positifs en provenance du ministère de l’Agriculture, il a réitéré auprès du chef du gouvernement la demande des Champenois et des régions viticoles françaises d’obtenir des instances européennes la prolongation du système des autorisations de plantation au-delà de l’échéance de 2030.
Dans le volet agricole du plan de relance
L’accélération de la transition agro-écologique fait partie des priorités affichées par le gouvernement. Cette transition doit se faire « au service d’une alimentation saine, durable et locale pour tous les Français », a expliqué Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture. Ce plan est doté de 346 millions d’euros pour le volet des moyens de production et 200 millions d’euros pour le volet alimentation.
« La transition écologique de notre agriculture a été amorcée depuis plusieurs années et les agriculteurs sont les acteurs de cette transformation. Pour les accompagner, le plan de relance prévoit de :
- Amplifier la vague de conversion vers le bio et la certification Haute Valeur Environnementale (HVE) via le maintien du crédit d’impôt bio et la création d’un crédit d’impôt HVE, un renforcement du fonds Avenir bio, une aide à la structuration de ces filières et un bon « bilan carbone » pour les jeunes agriculteurs pour faciliter leur installation ;
- Miser sur l’innovation pour réduire l’usage des produits phytosanitaires via une prime à la conversion des agroéquipements afin de permettre aux agriculteurs d’investir dans des outils plus sobres en ressources, tout en rendant l’agriculture française plus moderne et compétitive et plus rémunératrice pour l’agriculteur. Les entreprises d’agroéquipements qui les conçoivent et les fabriquent bénéficieront aussi d’un accélérateur pour développer de tels agroéquipements ;
- Pour favoriser la biodiversité autour des cultures, un programme « Plantons des haies ! » soutiendra les agriculteurs qui souhaitent favoriser la biodiversité autour de leurs cultures et reconstituer les haies bocagères. Objectif : la plantation de 7 000 km de haies et la gestion durable de 90 000 km de haies existantes. »
Soutenir (aussi) la gastronomie et la restauration
Dans un communiqué publié à l’occasion de la venue de Jean Castex dans la région, les co-présidents du Comité Champagne, Jean-Marie Barillère et Maxime Toubart, ont tenu à saluer le plan de relance gouvernemental mais ont aussi incité le Premier ministre à aller plus loin. « La Champagne (lui) propose de compléter le plan de relance par une action résolue de soutien de la gastronomie française et de la restauration, qui sont déterminants pour son économie : la Champagne demande une mesure forte de relance de ce secteur sinistré par le confinement et une réouverture en demi-teinte. La vente de vin est un poste clé de l’équilibre financier des établissements : il est proposé d’appliquer à la vente de boissons alcooliques, comme c’est déjà le cas en Corse, le même taux que celui des prestations de restauration à consommer sur place, soit 10%. »
Au passage, ils ont rappelé que le champagne, « parce qu’il incarne par excellence la joie de vivre, est le vin le plus impacté par les conséquences économiques et commerciales de la pandémie de la Covid ». « Les pertes anticipées dès 2020 devraient s’élever à plus d’un milliard d’euros », souligne le Comité Champagne dans son communiqué.