Yvan Capowiez ©Philippe Schilde
YVAN CAPOWIEZ, INRAE AVIGNON :
« Le compactage du sol, principal problème identifié en Champagne »
Ardennais d’origine, vous appartenez à l’unité mixte « Environnement méditerranéen et modélisation des agro-hydrosystèmes » dont les recherches portent notamment sur la faune du sol… Pourquoi ce retour en Champagne aujourd’hui ?
Avec ma collègue Céline Pelosi, chercheure en agroécologie, nous avons répondu à l’invitation qui nous a été faite de venir découvrir en Champagne des parcelles où se déroulent des pratiques innovantes en matière de couverts végétaux, d’apports de matières organiques… Nous sommes venus avec une technique d’observation des vers qui diffère de celles communément utilisées (irritants de type moutarde ou stress électrique) puisque nous pratiquons à la bêche selon une méthode standardisée ayant donné lieu à publication. Nous prélevons rapidement un bloc de terre de 40 cm de côtés en creusant sur environ 25 cm de profondeur. Nous effectuons un tri manuel. En procédant ainsi, nous ne manquons qu’un seul vers, le lombric commun adulte, car il file se réfugier à 3 ou 4 mètres de profondeur. Mais les jeunes lombrics qui vivent dans les premiers horizons du sol nous donnent de bonnes indications sur les populations présentes. Nous mesurons l’abondance, et donc la densité de vers au mètre carré, et nous déterminons également les espèces présentes. Trois grandes catégories écologiques de vers sont identifiées. Chacune d’entre elle joue un rôle fonctionnel dans le sol. L’effet nombre est révélateur de la structuration du sol par la faune. Les vers mangent la matière organique et la rejettent en l’enfouissant, favorisant ainsi la fertilité du sol.
Qu’avez-vous pu observer en Champagne ?
Dans les vignes, nous essayons de comprendre quels sont les facteurs limitants de présence des vers de terre dans le sol. Et, parallèlement, nous nous demandons comment augmenter leur population afin de rendre ce sol plus vivant, plus riche. Dans le Sud-Est, région où nous sommes basés, la problématique rencontrée est assez différente de celle pouvant être observée en Champagne. Nous avons des sols rouges, contenant peu de matière organique et donc peu fertiles. Dans les vignes champenoises, le problème que nous identifions est moins un manque de matière organique qu’un problème de compactage du sol. Le ver est important pour décompacter le sol. En multipliant les perforations, il permet à l’eau de s’infiltrer et, en outre, il occasionne une fissuration du sol. Cette opération est lente mais utile car elle permet une régénération du sol.
Ph.S.