Un courrier à entête du Journal officiel de l’Union européenne, daté du 26 juin 2024 et signé de la présidente de la Commission, Ursula Von Der Leyen, a mis cet été du baume au cœur des équipes de Multifolia et plus largement aux acteurs de la filière sainfoin en France, regroupés au sein de la coopérative Sainfolia. Ils ont relancé cette culture sur des terres les plus propices à travers l’Hexagone au printemps 2008, avec les premiers semis réalisés à Viâpres-le-Petit (Aube).
À la clé, des résultats significatifs pour lutter contre les nématodes Xiphinema, vecteurs du virus responsable du court-noué qui s’étend inlassablement à travers les vignobles, y compris en AOC Champagne participant au dépérissement des vignes.
Dans son « Règlement d’exécution », la Commission européenne indique que « les informations fournies par le demandeur montrent que les granulés séchés d’Onobrychis viciifolia (sainfoin) sont actuellement commercialisés en tant qu’aliments pour animaux et en tant qu’engrais. De plus, ils ne sont pas principalement utilisés à des fins phytosanitaires, mais les granulés séchés d’Onobrychis viciifolia sont utiles dans la protection des végétaux ».
Et de préciser ensuite que « sur la base des informations fournies dans la demande et du rapport technique de l’Autorité, il peut également être conclu que les granulés séchés d’Onobrychis viciifolia ne sont pas une substance préoccupante. Ils n’ont pas la capacité inhérente de provoquer des effets perturbateurs endocriniens, neurotoxiques ou immunotoxiques et ne sont pas mis sur le marché en tant que produit phytopharmaceutique. Par conséquent, les granulés séchés d’Onobrychis viciifolia remplissent les conditions énoncées à l’article 23, paragraphe 1, du règlement (CE) n° 1107/2009 ».
Avant même cet imprimatur, les premiers utilisateurs de Vitifolia avaient pu mesurer les effets desdits granulés, véritables répulsifs contre les nématodes vecteurs du virus, lors des traitements appliqués dans leurs parcelles.
La preuve par la science
Récoltant-manipulant à Bonneil (Aisne), Dominique Papelard est venu sur le salon sparnacien échanger avec l’équipe de Vitifolia et témoigner des effets significatifs des essais réalisés dans ses vignes aux printemps 2023 et 2024. Un intérêt d’ailleurs partagé par d’autres viticulteurs de sa commune, utilisateurs de cette solution biosourcée qui s’inscrit dans le biocontrôle.
« Environ 10 % de mes parcelles sont déjà touchées et, pour limiter l’expansion du court-noué, j’ai pris l’option de la solution 100 % naturelle que représente Vitifolia, doublement intéressantes puisque, outre l’action nématicide, elle s’avère être un excellent fertilisant. Dans le passé j’avais eu recours à d’autres produits, bien moins convaincants que ces granulés déshydratés. Enfin, il me semble cohérent de faire travailler des collègues agriculteurs engagés sur le territoire », appuie-t-il, presque aussi évangélisateur qu’Antoine Gauthier, ingénieur R & D chez Multifolia.
Ce dernier s’est dit heureux d’avoir pu nouer quelque 150 contacts sur le Viti Vini, avec « des retours enthousiastes sur la vigueur retrouvée des plants, pour les vignerons déjà utilisateurs, et une attention particulière portée par ceux qui ne connaissaient pas encore Vitifolia. »
Multifolia, sur ses fonds propres, a déjà financé quatre thèses et sorti une vingtaine de publications scientifiques liées au sainfoin. « Du champ au laboratoire », tel est le crédo de Pascale Gombault, la dirigeante de Sainfolia qui étoffe son équipe actuellement avec un ingénieur R & D (Cédric Roze) et une chercheuse (Noémie Laroche) avant la mise en route, courant 2025, d’un démonstrateur industriel au sein d’une unité de bioraffinerie de plantes agroécologiques implantée dans la plaine champenoise, nouvelle étape pour le sainfoin.