Pensons-y !

120 ans de syndicalisme viticole : une construction difficile, lente et progressive. 21 août 1904, c’est la date que le Syndicat Général des Vignerons retient pour fêter l’anniversaire de sa création. Ce jour-là nait la Fédération des syndicats viticoles de la Champagne, regroupant une trentaine de syndicats locaux. Des tentatives de création d’un syndicat des vignerons avaient déjà été menées dès la fin du XIXe siècle, mais aucune n’avait véritablement réussi à prendre, et l’on entendait déjà parler à l’époque de l’individualisme des vignerons.
C’est une crise, celle du phylloxéra, qui viendra finalement réussir à fédérer ces vignerons autour de leurs intérêts communs. Il s’agit de protéger, défendre et accompagner le foncier, le travail de la vigne, la vente de raisins face aux négociants. Ainsi sont nés et se sont bâtis les fondamentaux de notre filière Champagne. L’attachement du vignoble à son Syndicat s’est démontré au fil du temps, son action ayant réussi à positionner le vignoble comme une force face au négoce.
Le SGV a su suivre les mouvements, répondre aux nouveaux besoins en développant des services appropriés pour accompagner « la figure du vigneron » qui a fortement évolué et qui s’est pluralisée. Et le SGV poursuit sa vocation à défendre l’intérêt collectif des vignerons. Cet intérêt collectif qui ne peut absolument pas être simplifié en somme d’intérêts individuels. Il doit s’exprimer et trouver le compromis dans la diversité de ses ressortissants.
Depuis 2008, le SGV est aussi ODG, Organisme de Défense et de Gestion. Cette mission est aussi une mission de « défense », mais cette fois-ci pour protéger et accompagner l’Appellation Champagne. Protéger et faire évoluer l’Appellation Champagne se fait dans l’intérêt collectif, mais peut, parfois, provoquer des incompréhensions et insatisfactions de quelques vignerons.
La question qui fuse et qu’on entend : « mais pourquoi le SGV ne nous défend-il pas ? » Le SGV remplit sa mission d’ODG et doit parfois prendre des positions en regardant devant à moyen et long terme. Décisions qui satisfont la majorité, mais pas toujours quelques-uns d’entre nous.
Ayons quand même en tête que ce modèle d’Appellation est parfois décrié par notre administration ou certains États membres à l’échelle européenne. Il est fragile et il est remis en cause, tant pour des raisons de gouvernance que pour des raisons budgétaires.
Alors aujourd’hui, j’ai envie de vous dire : pensons-y !
Quand certains vignerons critiquent en dehors de la Champagne notre propre modèle, quand certains d’entre nous l’attaquent à coup d’actions juridiques, nous fragilisons la branche sur laquelle nous sommes assis.
Nous nous sommes retrouvés avec plaisir lors des Assemblées régionales du SGV. Nous avons pu écouter vos différents points de vue, débattre et argumenter pour faire avancer le débat. Faisons en sorte de continuer à échanger dans ces instances. J’ai apprécié l’expression des vignerons présents lors de ces réunions et d’autres lieux de rencontres jalonneront l’année syndicale, permettant d’échanger.
Sachons néanmoins, en dehors de la Champagne, prendre soin et préserver ce que nous avons mis tant de temps à construire. Sachons apprécier cet engagement collectif qui nous a portés pour faire du champagne un produit d’exception et de la Champagne un territoire reconnu.
Le champagne, la Champagne et son Appellation ont besoin de toute notre énergie aujourd’hui pour se mobiliser contre le fléau plus qu’inquiétant de la flavescence dorée et pour porter haut, fort et commercialement parlant notre produit, le champagne !
La bouteille de champagne continue d’avoir la préférence du consommateur pour célébrer les bons moments. C’est un produit de fête, de convivialité et d’optimisme.
Peu de vignerons contestent publiquement les décisions, mais ce faisant, ils fragilisent l’ensemble.
Alors je vous le redis : à notre histoire syndicale, aux architectes de notre Appellation, à ce que le collectif a réussi à construire… Pensons-y !