En 1904, la création de la Fédération des syndicats viticoles de la Champagne a marqué la naissance de l’action syndicale champenoise. Pour le SGV, il s’agissait de « mettre à l’honneur les origines de notre mouvement syndical ». « Que de chemin parcouru depuis plus d’un siècle ! », a souligné le président du SGV Maxime Toubart.
Il était accompagné à la tribune par le secrétaire général Damien Champy et le directeur général Laurent Panigai — pour sa dernière assemblée générale à la direction du Syndicat —, qui étaient à la manœuvre pour orchestrer avec une pointe d’humour le rapport d’activités de l’année passée : bilan de la campagne culturale, emploi, commercialisation ou encore flavescence dorée.
Les élections européennes du 9 juin et leurs conséquences sur le vignoble ont été au cœur du débat avec une table ronde animée par Pascal Bobillier-Monnot, le directeur adjoint aux Affaires Politiques avec Riccardo Ricci Curbastro, à la tête de la Fédération européenne des vins d’origine (Efow), Maxime Toubart dans son rôle de vice-président d’Efow et Klaus Schneider qui préside le syndicat des vignerons allemands (lire notre dossier central)
Le comédien-vigneron François-Xavier Demaison a apporté la note d’humour dans son ode au champagne et à la Champagne avant de laisser la place au président du SGV pour le point d’orgue de l’assemblée générale, son rapport d’orientation.
Dialogue et implication collective
À l’aube d’un nouveau mandat, Maxime Toubart a dessiné les contours du projet syndical pour les années à venir. « Des ambitions nous guident : continuer de faire grandir la qualité intrinsèque et perçue de nos produits ; conserver la maîtrise de production ; préserver la pérennité de nos exploitations ; préserver et défendre nos grands équilibres interprofessionnels ; préserver et défendre la place du vin, dans notre société et dans notre culture ; et prendre soin de l’unité du vignoble. »
« La situation économique et géopolitique internationale inquiète. Les expéditions de Champagne sont en baisse. Pour autant, nous n’en sommes pas à douter de l’avenir », nuance le président du SGV, se félicitant de la solidité collective de la Champagne sur le plan commercial, « dans un marché des effervescents en pleine croissance, qui va continuer à l’être puisque de nombreux vignobles confrontés à une crise structurelle font le choix de réorienter en partie leur production vers celle de vins mousseux. »
Dans le domaine environnemental, « nous allons poursuivre nos efforts. 70 % de nos surfaces sont actuellement certifiées. Notre objectif reste celui d’un taux de 100 % d’exploitations certifiées en 2030. » L’ambition de la Champagne passe aussi par la recherche, qui devra « conjuguer amélioration de notre impact environnemental et possibilité de continuer à produire ». Un enjeu primordial face à une forte pression environnementale et « des décisions parfois décalées de la réalité du terrain », telles que le projet de règlement européen « SUR ».
« Les manifestations des agriculteurs cet hiver ont permis à notre profession d’expliquer sa réalité face à cette multiplication des contraintes et des interdictions débouchant sur une diminution de la production. Donc, un grand oui pour poursuivre le chantier de transition écologique. Mais construisons ensemble ! », martèle Maxime Toubart.
Les questions sociales sont aussi visées par ce travail en dialogue. Pour les vendanges, en dépit d’un assouplissement des normes obtenu l’an dernier, « nous avons besoin d’une mobilisation de tout notre territoire, et notamment de nos collectivités locales, pour nous permettre d’élargir l’offre d’hébergements. » De futures Assises de l’hébergement devront « veiller à assurer des conditions d’hébergement décentes pour les vendangeurs et de donner de nouveau envie aux vignerons d’héberger leur main-d’œuvre saisonnière. »
Quant aux moyens de réguler la production, Maxime Toubart invite à ne pas baisser la garde sur « la durée et la pérennité du système actuel de régulation des plantations », prolongé jusqu’en 2045, mais qui fera l’objet d’un rapport d’étape remis à la Commission européenne en 2028. Le président a également rappelé son opposition à la production de vins sans IG sur l’aire d’appellation Champagne.
Les équilibres interprofessionnels « demeurent un objectif principal de notre Syndicat », qui ne pourra être « pleinement atteint que s’il devient l’objectif de chaque adhérent. » Pour ce faire, le SGV se mobilise à travers une palette « d’outils collectifs et individualisés d’accompagnement commercial pour maintenir les parts du marché du vignoble dans la commercialisation globale Champagne ; la défense des intérêts du vignoble lors des renégociations des accords interprofessionnels ; et une politique volontariste et engagée en termes de maintien du foncier au vignoble. »
Enfin, pour que « le vignoble reste le principal propriétaire du foncier en Champagne », Maxime Toubart a demandé aux adhérents du SGV de faire « coïncider les dates d’échéance de vos contrats raisins avec celle de l’accord interprofessionnel », « imposez à vos acheteurs la date d’échéance qui nous permettra d’avoir du poids dans la négociation collective » et ne pas « céder à la facilité de proposer la vente d’une de vos vignes au négoce. »