Jamais encore les Vignerons engagés, label qui promeut la Responsabilité sociale des entreprises (RSE) n’étaient montés dans un vignoble aussi septentrional que celui de Champagne pour organiser ses Rencontres annuelles, lesquelles rameutent des grappes de vignerons et domaines provenant des quatre coins de l’Hexagone, Corse comprise.
Près de 300 participants convaincus de la nécessité de changer des choses individuellement et collectivement pour continuer d’exister durablement. L’un des stickers colorés qu’ils ventilent à tout va rappelle que « La Terre est la seule planète où trouver du vin, préservons là », un bon mot qui résume l’état d’esprit poussant les adhérents (73 structures dont 45 producteurs) et partenaires de ce collectif à agir, à partager des expériences et à formuler des idées, sur le socle de convictions bien établies, mais toujours débattues et enrichies.
Comprendre la nature des problèmes
Message reçu grâce à la Coopérative de Ville-sur-Arce, qui célèbre les 60 ans de sa marque Chassenay d’Arce. Ainsi pendant deux jours baignés du soleil de la Côte des Bar, La Champagne a été au cœur d’un mouvement plein de vitalité, avec la capacité à questionner le présent comme l’avenir, pour tenter d’apporter des réponses concrètes face aux défis qui s’amoncellent.
Au programme, des forums participatifs et des ateliers sur de multiples thématiques comme le changement climatique, le dépérissement du vignoble ou encore la biologie des sols. Avec également des pistes, moins attendues, ouvertes autour de l’intégration de l’IA dans la stratégie marketing et RSE ou bien dans l’avenir des vins sans alcools…
L’accueil enthousiaste de Franck Barroy et Manuel Hénon, respectivement président et directeur général de Chassenay d’Arce, puis le propos introductif de Rémi Marlin, président de Vignerons engagés, a laissé la place à la conférence inaugurale « Et maintenant on fait quoi ? Relever les défis du XXIe siècle » menée par Arthur Keller, expert en risques sociétaux.
Avec un gros réveil affiché derrière lui sur l’écran, il s’est attaché à démontrer que le compte à rebours était lancé, voire que le temps était déjà dépassé.
De partout, selon lui, « les activités explosent et les impacts explosent. On est en dépassement écologique planétaire. Alors, parlons davantage d’une nature confrontée à une crise humaine plutôt que d’une crise écologique », tonne-t-il. Pour lui, le temps d’avoir peur est venu, persuadé que c’est là le meilleur des leviers existant pour tenter d’inverser la tendance. « Non, la peur ne paralyse pas ; au contraire elle mobilise. Elle est indispensable pour atténuer la crise, s’adapter et s’employer à faire du régénératif ». Persuadé que les « communautés qui s’en sortent sont celles qui s’entraident », Arthur Keller consent, au final, à formuler une petite lueur « d’espoir lucide ». « Pour cela, il faut préserver le foncier nourricier, relocaliser et diversifier les activités. Cela passe par des collaborations interculturelles, de la solidarité, de l’inclusivité, de la cohésion territoriale. Mais aussi par des efforts, des sacrifices, des renoncements ». Sinon…