Spécialistes polyvalents

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A Rilly-la-Montagne, la famille Dumont élabore son champagne du plant de vigne à la bouteille. Cette maîtrise totale de la chaîne de production suppose évidemment une certaine répartition des tâches. Même si tout le monde est en mesure de mettre la main à la pâte en toute circonstance. Spécialité et polyvalence, donc. A l’image de Jean-Michel…

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Président du Syndicat des pépiniéristes viticoles champenois

Viticulteurs ET pépiniéristes. Dans la famille Dumont, il y a déjà pas mal d’années que l’on arbore cette double casquette. Jean-Michel Dumont : « Avant les années 1970, chaque viticulteur était son propre pépiniériste. Et dans chaque village, il y avait une ‘chambre communale’ (chambre chaude destinée à la stratification, opération qui permet de souder le porte-greffe - la racine - et le greffon - le cépage) avec un responsable. A Rilly-la Montagne, c’était mon père. Dans les années 70, le champagne a connu un essor important. Les viticulteurs se sont consacrés à la vigne et les responsables des chambres communales sont devenus pépiniéristes dans les villages. La famille a toujours conservé cette spécificité. » A l’époque, il y avait environ 200 pépiniéristes viticoles en Champagne. Dans les années 80, le rythme des plantations s’est nettement ralenti. En 1985, il ne restait plus que 70 pépiniéristes en Champagne. Qui ne sont plus, actuellement, qu’une quinzaine… On observe le même phénomène à l’échelle nationale : la profession est passée de 15 000 pépiniéristes viticoles en 1970 à 600 aujourd’hui. En 2010, Jean-Michel Dumont a succédé à Jean-François Gobillard à la présidence du Syndicat des pépiniéristes viticoles champenois, fondé dans les années 70 sous l’impulsion d’Henri Goutorbe. A ses yeux, trois raisons majeures sont la cause d’une désaffection certaine de la profession. « D’abord, parce que la vigne est plus rémunératrice ; ensuite, parce que la contrainte de la production de plants exige une importante main-d’œuvre (environ 60 %) de manière très ponctuelle ; enfin, parce que la maîtrise de la ‘reprise’ - le taux de réussite de la greffe - est difficile avec le porte-greffe 41 B, essentiellement utilisé en Champagne. »

Sur le million et demi de plants greffés chaque année en Champagne, 800 000 le sont par les pépinières Dumont.

Une vigne mère en Champagne

Historiquement, les porte-greffes proviennent du Sud de la France, car ils ont besoin de soleil pour pousser. Sauf que le Sud (et notamment les régions de production des porte-greffes, le Vaucluse, le Gard, l’Ardèche…) est atteint par la flavescence dorée, cette maladie qui, si elle se développait à grande échelle, pourrait être le phylloxéra du XXIe siècle. Or, les vignes mères porte-greffe n'expriment pas les symptômes de la maladie. La crainte subsiste donc que des plants infectés puissent arriver en Champagne, malgré les contrôles sanitaires… D’où l’idée d’avoir localement, et pour le porte-greffe 41 B qui est la référence du vignoble, un auto-approvisionnement, dans la mesure où l’appellation n’est pas atteinte par la maladie (même si deux cas isolés ont déjà été signalés). Jean-Michel Dumont : « Après agrément de FranceAgriMer, nous avons planté une vigne mère de porte-greffes 41 B à Trois-Puits, en 2016. L’établissement national en suit l’évolution comme le lait sur le feu ! Les premiers bois vont être récupérés pour la saison 2019 et, en 2020, les vignerons pourront planter des vignes 100 % made in Champagne. » Parallèlement, le Comité Champagne va développer la production de porte-greffes à destination des pépiniéristes champenois. Projet auquel sont associées les pépinières Dumont. « Il y a vraiment une grosse surveillance de FranceAgriMer (et du Comité Champagne) autour de tout ce qui se rapporte à la flavescence dorée, tant sur le plan administratif que sur le terrain, et donc pour le greffage. Voilà un exemple de contrainte administrative qui, en l’occurrence, est un gage de garantie pour les opérations en cours. »

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