« Repartir avec une vigne saine et productive »
« Les exploitants avec de petites surfaces ne pratiquent que l’entreplantation », regrette Jean-Michel Dumont. Or, le Comité Champagne note que près de 60 % des plants entreplantés n’entrent jamais en production. En effet, « sur une vieille vigne, les sols sont tassés, les jeunes vignes ne voient pas bien le soleil, et avec le passage des interceps, beaucoup de plants meurent sans avoir jamais produit de raisins. » Ce qui participe directement à la baisse de rendement constatée.
L’idéal serait d’arracher « le plus rapidement possible après les vendanges » et de replanter, afin de mettre en place « un matériel sain dans une parcelle bien préparée, pour repartir avec une vigne en bonne santé, vigoureuse et productive. C’est pour cela que l’interprofession a mis en place une mesure technique (lire notre article dédié à ce sujet) qui permet de compenser par un déblocage les trois années de manque de récolte. »
La mesure, qui commence à entrer dans les mœurs, a pour but de faciliter les arrachages de vignes, mais elle reste plutôt incomprise, estime Jean-Michel Dumont : « En trois ans, le remplacement de la vigne est pratiquement payé : les plants, le travail de plantation et une partie de la récolte ! C’est une opération hyper intéressante. »
Les plantations, « il faudrait les gérer comme un jardin. Le devenir d’une vigne se joue sur les entretiens au cours des deux premières années. Les gens oublient parfois de traiter leurs plants contre le mildiou ou de désherber aux alentours… S’il y a de l’herbe, il y a de la concurrence hydrique. » « Travailler le sol et ne pas plomber les terrains », c’est indispensable pour ne pas entamer le potentiel de production de la vigne, juge le pépiniériste rillois. Passer avec des engins légers et travailler autant que possible par temps sec constituent d’autres bonnes pratiques.
Attention cependant, « les labours réguliers entretiennent l’humidité des plants », ce qui occasionne des conditions favorables au développement du mildiou sur des végétaux fragiles. « Au stade 5 à 6 feuilles, on arrête de traiter la plante alors qu’elle continue à pousser. C’est important qu’elle le fasse, car c’est le signe que le système racinaire se développe, mais c’est aussi le moment où elle est la plus sensible », avertit le spécialiste.
« Les entreplantations nous mettent face à de petites impasses techniques, telles que l’absence d’outil idéal de protection lors des passages d’interceps… », concède également Jean-Michel Dumont. Vu l’environnement de la parcelle existante, les possibilités de traitement sont moindres, mais si les sols concernés sont moins souvent travaillés, le mildiou ne se développe pas aussi fortement que dans le cas d’une plantation intégrale.