Une AG en vidéo-streaming placée sous le signe des microbes

Temps de lecture : 7 minutes

Auteur :

Une assemblée générale de l’AVC suivie en vidéo depuis un écran d’ordi n’a pas tout à fait la même saveur qu’une assemblée en live avec des centaines de participants dans la salle, qui murmurent et réagissent au gré des éléments chiffrés énoncés, des témoignages picorés ça et là dans le vignoble et diffusés en fonction…

Cet article est réservé aux abonnés.

Conférence de presse à distance : l'actualité de la filière décryptée en visio

D’ordinaire, entre la poire et le fromage, les coprésidents du Comité Champagne prennent la parole lors du déjeuner qui suit l’AG de l’AVC. Chacun leur discours, leur façon de décrypter l’actualité champenoise et d’émettre leur vision de l’avenir. Faute de repas et privé d’auditoire cette année, Maxime Toubart et Jean-Marie Barillère ont fait le choix d’échanger sereinement devant une caméra - en respectant les distances de sécurité - avant de soumettre ce dialogue aux questions des journalistes à l’occasion d’une visioconférence particulièrement interactive. Les outils et les usages changent, mais le « modèle champenois » tient bon… « Avec les nouveaux outils, on est en capacité de faire passer des messages et des émotions », estiment le président du Syndicat Général des Vignerons et le président de l’Union des Maisons de Champagne. Même constat : « En 2020, le digital est partout ! » Il aide à maintenir le lien, à communiquer, à partager des réflexions, des craintes comme des espoirs… Ensemble, dans un duo bien huilé, Maxime Toubart et Jean-Marie Barillère ont effectué des constats et proposé des analyses chacun avec son filtre, son degré d’optimisme. Sur la situation économique, ils conviennent que l’économie champenoise « va mal » en 2020. Le président de l’UMC parle d’une « année noire » et, considérant que tous les marchés sont attaqués de la même manière, il situe la baisse d’activité globale autour de – 25 % en valeur au final, soit un manque à gagner de 1,250 milliard d’euros pour la Champagne. Selon les opérateurs, il évoque des disparités de pertes de chiffre d’affaires qui s’étirent entre 0 et - 40 % pour les plus impactés (c’est surtout fonction des canaux de distribution choisis), et il convient qu’en période de crise « mieux vaut avoir un peu de gras ». Vers un paiement de 8000 kg/ha en 4 échéances En émettant des prévisions d’expéditions à fin décembre situées entre 225 et 235 millions de bouteilles, Jean-Marie Barillère avance la forte probabilité désormais d’un « paiement de 8000 kg en 4 échéances » pour les raisins de la vendange 2020. Même s’il faut encore attendre janvier et la clause de « revoyure » annoncée l’été dernier par les partenaires de la négociation, Maxime Toubart estime que « l’accord trouvé – une décision alors difficile à prendre – répondait à l’intérêt supérieur du collectif champenois. On ne s’est pas planté. Nous avons résisté au stress-test en cette année exceptionnelle qui sème le trouble ». Les fondamentaux de l’organisation tiennent, ils jouent leur rôle « d’amortisseur » pour le modèle champenois, lequel a déjà traversé quelques crises. Des solutions innovantes ont été mises en œuvre, aussi, selon lui, convient-il de « rester optimiste ». « La crise renforce notre engagement », rebondit le président de l’UMC. « Il nous faut aller plus vite, plus loin, plus fort », insiste le président du SGV, persuadé que la Champagne se situe « à un carrefour » et qu’elle doit trouver son chemin « en prenant son destin en mains ». Sur la RSE, ne pas se défausser Pour Maxime Toubart, ce carrefour est avant tout « technique », la responsabilité environnementale et sociétale de la Champagne étant forte. « Il faut mettre les sujets sur la table - vignes semi-larges, nouveaux cépages, réduction de l’empreinte carbone, etc. – et les partager. Notre avenir passe par la RSE (ndlr : Responsabilité sociale des entreprises) et il ne faut surtout pas que l’on se défausse là-dessus. » On l’aura compris, l’heure est déjà venue de « se projeter dans l’après-crise » pour les coprésidents, qui font de l’innovation le mot-clé de l’avenir de la filière pour « rester le meilleur effervescent du monde ».

Philippe Schilde

Pas toutes les bulles dans le même panier

Sur le plan commercial, le Brexit est entré dans sa dernière ligne droite (lire par ailleurs, en fin de ce dossier). Il fait peser de sérieuses craintes pour les ventes de champagne en Grande-Bretagne une fois les stocks de précaution tous acheminés de l’autre côté de la Manche. On peut connaître les niveaux d’expédition, mais pour les chiffres de la consommation, c’est moins évident. Autre marché hyper important pour les bulles champenoises, les Etats-Unis ont certes changé de Président, mais le risque de taxes Trump (ou autre) plane toujours. Devant la presse, Maxime Toubart considère qu’on est peut-être « trop concentré sur quelques pays, 4 ou 5 » et qu’il est urgent de se développer sur des marchés à potentiels importants, comme la Chine, l’Afrique ou, en Europe, les pays nordiques et de l’Est. « Nous devons nous pencher davantage sur ces nouvelles destinations », préconise-t-il.

Recherche

  • Par tranche de date

Recherches populaires :

Coopératives

Vendanges 2022

Oenotourisme

UNESCO

Viticulture durable

Plus d’articles

Remettre le couvert pour l’hiver

Depuis 2022, le cahier des charges de l’AOC Champagne précise que l’interrang doit désormais disposer d’un couvert végétal, spontané ou semé, du 30 novembre au 31 janvier de l’année suivante.

Vous souhaitez voir plus d'articles ?

Abonnez-vous

100% numérique

6€ / mois
72€ / 1 an

Numérique & magazine

80€ / 1 an
150€ / 2 ans

Magazine la Champagne Viticole