Mercredi 19 juillet, le bureau exécutif du Comité Champagne a annoncé un rendement commercialisable de 11 400 kg/ha pour la vendange 2023.
Cette année, l’Organisme de défense et de gestion de la Champagne (ODG), porté par le SGV a décidé de renforcer encore les outils de régulation champenois en demandant à l’Inao une modification du cahier des charges afin de relever le plafond de la réserve individuelle de 8 000 à 10 000 kg/ha. L’Institut, qui a accepté d’examiner le dossier en urgence, a rendu un premier avis favorable et prendra une décision définitive début septembre.
Maxime Toubart (SGV) et David Chatillon (UMC), coprésidents du Comité Champagne.
« Cette décision de rendement est prudente compte tenu de la conjoncture économique quelque peu incertaine, mais optimiste au regard de l’envie mondiale de consommer du champagne. La nouveauté cette année consiste en un relèvement de la réserve individuelle, qui est l’outil principal de résilience de la Champagne, explique Maxime Toubart, président du SGV. L’idée est de profiter des belles vendanges pour nous prémunir au maximum d’éventuels aléas climatiques. »
Pour la vendange 2023, le rendement tirable sera donc de 11 400 kg/ha, avec la possibilité de reconstituer la réserve jusqu’au rendement butoir de 15 500 kg/ha, dans la limite des 10 000 kg/ha alloués cette année à la réserve individuelle.
« Pour déterminer le rendement commercialisable de l’année, les vignerons et maisons se sont accordés sur des prévisions d’expéditions pour les quatre prochaines années qui tiennent compte, à la fois, de notre confiance dans l’appellation, et d’une certaine prudence en ce qui concerne la conjoncture économique mondiale et les effets de l’inflation. Ces prévisions peuvent paraître modestes, mais maintenir les volumes dans ce contexte est un bon objectif », a souligné pour sa part David Chatillon, président de l’UMC.
Les expéditions de la Champagne au premier semestre 2023 représentent 125,8 millions de bouteilles, soit -4,7 % comparé à la même période de 2022. L’export, avec 77,7 millions de bouteilles, est en recul de -3,7 %, tandis que la France enregistre une baisse de -6,3 % avec 48,1 millions de bouteilles. Des résultats à mettre en perspective avec une extraordinaire année 2022 (à la même période l’an passé, les ventes étaient en hausse de près de 14 %). La filière prévoit des expéditions autour de 314 millions de bouteilles en 2023 et vise un ratio de stock de 3,8 années.
À ce jour, l’état sanitaire du vignoble est satisfaisant et plutôt homogène d’un secteur à l’autre. La campagne viticole a été jusqu’à présent assez calme avec des gelées de printemps historiquement faibles (1,5 % du vignoble touché) et de rares épisodes de grêle affectant 0,3 % des surfaces. La vigilance reste de mise pour les maladies cryptogamiques, mildiou et oïdium. Les vignes sont chargées de grappes bien conformées et la récolte, prometteuse, devrait débuter dans la première décade de septembre.
La filière Champagne augmente sa capacité de résilience
Les aléas climatiques, les maladies de dépérissement de la vigne, le vieillissement du vignoble affectent les rendements champenois, qui ont baissé d’environ 25 % depuis 2010. Devant ce constat, la filière champagne est résolue à profiter pleinement des belles récoltes pour améliorer encore la capacité de résilience de la filière et assurer l’équilibre des marchés.
En 2022, l’interprofession avait déjà adopté le dispositif de sortie de réserve différée permettant de compenser en trois années d’éventuelles récoltes déficitaires.
Les autres mesures techniques (taux d’extraction minimum des rebêches, réserve, etc.) concernant la vendange 2023 seront prises par le Comité Régional de l’INAO le 4 septembre.
