La commune bouge sous l’impulsion de la coopérative et de récoltants-manipulants dynamiques et entreprenants. A la frontière de l’Aisne, Vincelles joue collectif, comme en témoignent les nombreuses initiatives prises en faveur de l’environnement.
Vincelles est le village de Champagne situé le plus à l’ouest sur la rive droite de la Marne, entre Trélou-sur-Marne (Aisne) et Verneuil, à deux kilomètres de Dormans. « Les coteaux offrent un panorama de toute beauté sur la rivière », commente Jérôme Blin, président depuis une dizaine d’années de la section locale du Syndicat général des vignerons et, par ailleurs, administrateur de la coopérative qui représente un poids important dans l’activité viticole du secteur. Créée au milieu du XXe siècle, elle compte aujourd’hui 120 adhérents qui exploitent 120 hectares de vignes majoritairement plantées en meunier.
« Vincelles est un vignoble historique exposé sud-sud-est sur un sol argilo-limoneux qui permet d’élaborer des vins fins et gourmands, dominés par des arômes de litchis et de fruits exotiques », souligne Jérôme Blin. Le nom de Vincelles vient du latin vini cella, qui signifie « cellier à vin ». La commune compte parmi les plus anciens villages du canton de Dormans, cité dont elle est séparée par deux ponts qui ont mis fin à la traversée directe de la Marne par un bac. D’ailleurs, l’histoire de Vincelles se confond avec celle de la ville de Dormans. La bataille de Dormans de 1575, durant laquelle Henri de Guise « hérita » de sa balafre, eut lieu en partie sur son territoire.
Situé à la lisière du département de l’Aisne, ce village viticole jouit depuis de nombreuses années d’une réputation flatteuse en matière de protection de l’environnement. Il a été précurseur dans le domaine de l’aménagement hydraulique avec la création d’une ASA en 1980, de la Cuma du « Champ Roger » (station d’épuration collective des effluents vinicoles) en 1999 et dans la mise en place de la confusion sexuelle sous l’impulsion de Luc Blin. L’accompagnement des vignerons coopérateurs en faveur de la certification bio et VDC porte ses fruits. 4 hectares sont certifiés bio, 10 sont en conversion bio. La certification VDC porte sur 47 hectares. L’objectif est d’atteindre les 70 hectares certifiés d’ici fin 2020.
« La coopérative est un lieu d’échange. Elle est fédératrice et porteuse de nombreux projets », explique Jérôme Blin. L’une des dernières initiatives en date est la réalisation de l’opération Villages et coteaux propres, qui s’intègre parfaitement dans cette démarche environnementale globale portée aussi par les récoltants-manipulants du village.
Bientôt deux stations météo
Les efforts collectifs viennent parfois d’initiatives personnelles. Ainsi Jérôme Blin, qui possède 4 hectares en bio, s’attache à favoriser la biodiversité. Il a planté des arbustes près de ses parcelles et installé des ruches. La section locale du SGV, de son côté, s’investit aussi dans cette recherche de l’excellence comme en témoigne la pose prochaine de deux stations météo qui permettront de recueillir des informations fines et de déclencher les traitements avec le maximum de clairvoyance.
Vincelles est une commune légèrement excentrée des grands axes mais joue de ses atouts dans l’accueil des touristes (lire par ailleurs). « Nous bénéficions de la proximité de Dormans et de son magnifique château, qui accueille de nombreuses animations et des visiteurs. Le véloroute, qui passe par les vignes, conduit les promeneurs au-delà d’Epernay. « L’objectif est qu’il relie un jour Paris », souhaite Jérôme Blin. Ce dernier met aussi en avant le dynamisme de la confrérie Saint-Vincent du Hordon de la Vallée qui réunit les communes de Dormans, Verneuil, Vincelles, Trélou-sur-Marne et Courthiezy. « Nous organisons chaque année la Saint-Vincent ensemble. » Le terroir est riche en évènements sur lesquels on peut raccrocher des histoires lors de visites dans les coteaux. On peut citer la Croix de Chassins, en hommage à Edmont Piot, qui a découvert en août 1890 à Trélou, à l’âge de 25 ans, la présence du premier pied attaqué par le phylloxéra en Champagne, et qu’il s’est empressé de présenter à des techniciens de la vigne.
On peut citer aussi la présence d’une statue de la Vierge Marie, érigée le 19 juillet 1965 par les vignerons de Vincelles. Les prières à Marie leur auraient miraculeusement épargné un terrible orage de grêle. « Nous avons beaucoup de choses à dire sur Vincelles » reconnaît Daniel Falala, le directeur de la coopérative qui commercialise 500 000 bouteilles par an sous la marque H.Blin, dont une moitié en France et l’autre à export dans 28 pays. « Nous ne manquons pas de le rappeler lorsque nos importateurs viennent faire des dégustations dans nos locaux. »