Une sortie de réserve portée à 9 000 kilos pour lutter contre le dépérissement et la flavescence dorée

Dans une décision du 30 octobre 2024, le Comité Champagne a élargi le dispositif de sortie de réserve pour l’arrachage des vignes qui passe désormais de 8 000 à 9 000 kilos par hectare avec des mesures spécifiques pour lutter contre la flavescence dorée.

Temps de lecture : 3 minutes

Auteur : La Rédaction

Ce dispositif, initié en juillet 2017 par l’interprofession, permet de compenser partiellement la perte de production lors de l’arrachage-replantation, et ainsi limiter la perte de revenu de l’exploitant.

Il s’inscrit dans le projet de renouvellement du vignoble champenois, dont 33 % a été planté il y a plus de 40 ans.

 

 

Les parcelles arrachées à des fins sanitaires, notamment celles touchées par la flavescence dorée, bénéficient d’un soutien complémentaire en cas de repos prolongé.

 

Pour les vignes arrachées dans les périmètres de lutte contre la flavescence dorée, pour les arrachages obligatoires, mais aussi les arrachages élargis proposés par le Comité Champagne, deux cas de sortie de réserve sont prévus :

  • Repos de deux campagnes : une sortie de réserve de 9 000 kg par hectare est permise sur quatre années consécutives à partir du 1er février qui suit la première campagne de repos ;
  • Repos de trois campagnes ou plus : ce cas donne droit à une sortie de réserve sur cinq années à partir du 1er février qui suit la première campagne de repos, offrant ainsi une aide étendue pour les exploitants qui laissent leurs parcelles en jachère plus longtemps faute de possibilité de replantation liée au contexte sanitaire.

Le dispositif est rétroactif uniquement pour les exploitants ayant réalisé un arrachage élargi après de la découverte de foyers de jaunisses de grande ampleur en 2021.

Ce renforcement du dispositif marque la volonté de l’interprofession du champagne d’encourager la résilience et la durabilité du vignoble champenois face aux défis actuels, qu’ils soient liés à l’âge avancé des parcelles ou aux pressions sanitaires.

En s’adaptant aux besoins des viticulteurs, cette décision pourrait devenir un levier essentiel pour maintenir la qualité et la longévité de l’AOC Champagne, mais aussi soutenir les exploitants touchés par la flavescence dorée dans leurs prises de décision d’élargir les arrachages réglementaires pour préserver collectivement la santé du vignoble.

 

 

Vigilance quant aux démarches à la suite d’un arrachage

La demande d’autorisation de plantation doit être faite sur le portail Vitiplantation au plus tard à la fin de la seconde campagne qui suit celle d’arrachage.

Exemple : arrachage en 2021-2022 > demande à faire avant le 31 juillet 2024.

Une fois l’autorisation obtenue, elle est valable pour une durée de trois ans, et son non-usage dans ce délai entraîne sa perte définitive et une amende, sauf en cas de prorogation exceptionnelle comme celle en cours.

 

Gaëtan Batteux, Anaëlle Comestaz SGV

Rajeunir et protéger les parcelles

Joël Falmet est vice-président du SGV pour l’Aube et la Haute-Marne et copréside la commission Amont du Comité Champagne. Il détaille pour La Champagne Viticole les raisons du nouveau dispositif de sortie de réserve.

« Notre réflexion a été au départ de trouver des dispositions pour aider les viticulteurs touchés par la flavescence dorée à compenser les arrachages obligatoires, mais aussi les arrachages élargis préventifs qui permettent de lutter plus efficacement contre cette maladie.
La flavescence s’étend d’une manière exponentielle dans notre vignoble et pour stopper collectivement sa progression et être incitatif auprès des vignerons, il est nécessaire de couvrir la perte d’exploitation due aux arrachages. Nous avons donc trouvé au sein du Comité Champagne un consensus pour aboutir aux 9 000 kilos de déblocage sur cinq ans en cas de repos prolongé.
On estime qu’un an de repos après arrachage ne suffit pas, nous préconisons plutôt trois ans pour assainir l’environnement et limiter la prise de risque d’une nouvelle contamination lors de la replantation. Le nouveau dispositif permet de compenser presque intégralement les pertes de revenus.
Pour harmoniser les dispositions et accompagner le renouvellement de notre vignoble vieillissant, nous avons étendu ces 9 000 kilos à tout le dispositif d’arrachage pour replantation.
Nous sommes aux alentours de 1 % par an de renouvellement de nos vignes et ce n’est pas suffisant. Les vieilles vignes sont moins productives et plus fragiles, il nous faut rajeunir nos parcelles si nous voulons faire face au défi de la production. Notre objectif est de renouveler le vignoble champenois tous les 50 ans.
Nous travaillons également à un système de réserve solidaire pour les vignerons dont les parcelles seraient atteintes par la flavescence à plus de 20 %. Dans ce cas de figure, le déblocage de 9 000 kilos n’est pas suffisant pour compenser les pertes.
C’est pourquoi il faut une prise de conscience générale du danger qui nous menace. Non seulement il fait une mobilisation massive pour les prospections collectives, mais aussi étendre les arrachages préventifs. Ce sont pour le moment les seuls moyens de lutte efficace contre la propagation de la maladie. »

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