«Après les événements de la vendange 2023, il y a eu une prise de conscience générale de tous les acteurs, État, élus, professionnels de la filière et syndicats, pour dire : “plus jamais ça”.
Il fallait donc une mobilisation de tous pour construire les conditions des prochaines récoltes et je salue ici l’engagement de tous les partenaires et leur mobilisation sans faille.
Nous avons ciblé quatre chantiers prioritaires : les conditions de santé et de sécurité au travail, l’hébergement, le recrutement et la prestation de services. Certains sujets se sont résolus assez vite comme le volet santé avec la formation des viticulteurs aux gestes de premiers secours par les pompiers. D’autres dossiers comme celui de l’hébergement sont plus complexes et prennent du temps.
Très concrètement, nous avons redéfini précisément les bonnes pratiques à l’échelle de la filière et pendant la récolte, nous nous sommes donné les moyens d’être extrêmement réactifs grâce à la cellule quotidienne.
Quel est le rôle de l’État dans ce dispositif ?
C’est d’assurer la sécurité, de protéger les activités et de permettre leur développement. En l’occurrence, dans ce dossier, il s’agit de faire en sorte que la vendange se passe dans de bonnes conditions en rappelant quelles sont les règles applicables. On sait que l’immense majorité du monde viticole les respecte et traite correctement son personnel dans un intérêt commun, mais il est nécessaire de lutter contre les quelques comportements délictueux.
Ainsi, nous avons renforcé les contrôles pour dissuader dans un premier temps et éventuellement sanctionner.
Nous avons engagé des moyens supplémentaires avec 22 inspecteurs du travail accompagnés des contrôleurs de la MSA. Par ailleurs, 105 gendarmes étaient mobilisés pour effectuer une dizaine de patrouilles par jour. La police nationale a été sollicitée, elle aussi, notamment à Épernay. France Travail était à la gare d’Épernay pour accueillir les vendangeurs, les diriger vers des offres de travail légales et les mettre en garde contre d’éventuels exploiteurs. En complément, il y a eu également un travail social mené avec le club de prévention d’Épernay pour assurer un suivi.
Nous avons eu une vigilance particulière pour détecter les personnes étrangères quelques fois sans papier qui sont des proies faciles pour des recruteurs malveillants. Ce dispositif de dissuasion a été particulièrement efficace.
Concrètement, grâce à la cellule de vigilance quotidienne, nous avons pu détecter les situations qui posaient des difficultés et apporter des solutions dans la journée.
Nous avons ainsi démantelé quelques rares campements insatisfaisants en relogeant les personnes concernées. La plupart du temps, la situation a été corrigée très vite.
Pour autant, quatre procédures administratives ont été engagées avec signalements au Parquet pour obtenir d’éventuelles suites pénales.
Y aura-t-il un avant et un après la vendange 2024 ?
Ce plan d’action est une étape très importante qui doit s’inscrire dans la continuité. Nous devons poursuivre nos efforts d’amélioration notamment sur les chantiers de longue haleine comme l’hébergement.
La création du syndicat de prestataires est une étape importante. Un des problèmes identifiés est la création de structures de prestation juste avant la récolte qui disparaissent aussi vite qu’elles sont apparues, sans aucun lien avec le territoire. Ce syndicat va professionnaliser la prestation de services et lui donner un référentiel clair.
Sur le volet de l’emploi également, il y a un grand défi à relever pour accueillir les jeunes de Champagne et je pense en particulier aux étudiants. Nous avons engagé quelques moyens avec l’Université de Reims et son président pour faciliter l’emploi des étudiants en ne les pénalisant pas pour leurs absences pendant la récolte.
Nous avons la chance d’avoir un grand pôle universitaire et nous allons poursuivre et renforcer nos actions auprès des étudiants pour les inciter à vivre ce moment fort de la culture champenoise. »