1921-2021 : un événement pour célébrer le centenaire des fêtes du champagne

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Les festivités entourant saint Vincent, si prisées au sein des communes de l’appellation sont tombées à l’eau cette année. Hélas. La faute à la pandémie et aux restrictions imposées qui ont contraint les vignerons à laisser rangés dans l’armoire costumes d’apparat et bâtons à l’effigie de leur saint patron. On n’a pas défilé, mais ce…

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Trois questions à… Fabrice Perron : « Les premières graines d’une Champagne réconciliée »

Le président de la section locale du SGV à Meurville est à la fois vigneron et historien. Coordinateur du « Centenaire des Fêtes du champagne en pays baralbin 1921-2021 », il revient pour nous sur l’événement marquant de 1921, jamais tombé dans l’oubli. Vous êtes docteur en histoire et président de la Société historique de Bar-sur-Aube et du pays baralbin. Vous êtes donc particulièrement bien placé pour nous expliquer comment s’étaient déroulées ces fêtes auboises en 1921 ? Elles sont mises en scène par le leader-rassembleur baralbin Gaston Cheq, en s’inspirant des fêtes de la bonneterie troyenne. Prenons l’exemple de celle de Bar-sur-Aube, qui ouvre le bal de cette année 1921. Des défilés partent des villages du pays baralbin pour rejoindre le bourg-centre de Bar-sur-Aube où se met en place un cortège traversant la ville, suivant un ordre précis et nominatif par commune. Chaque commune est identifiée avec une pancarte et se présente avec un ou plusieurs chars allégoriques sur lesquels se trouvent une reine du village et ses dauphines. Et comme pour la célèbre marche du 9 avril 1911 vers Troyes, ce cortège se fait dans la joie, sans qu’à aucun instant l’ordre soit troublé sur ce long itinéraire. Pour encourager à l’originalité et à la créativité dans la construction des chars, un concours a été mis en place entre les communes du pays baralbin avec un classement des cinq plus beaux chars, récompensant finalement 9 communes. Le concours est remporté par la commune de Jaucourt, devant celles de Bligny et de Colombé-la-Fosse, puis celles de Voigny et Baroville. Il faut cependant souligner que les chars de Bar-sur-Aube étaient hors concours, dont celui des producteurs de champagne de Bar-sur-Aube, qui présentait d’une part les marques sur des bouteilles de grande taille, et rappelait d’autre part l’antériorité des vins de champagne dans l’Aube… Ces fêtes étaient-elles réservées au monde viticole ou s’ouvraient-elles aussi à l’ensemble de la population ? Elles s’adressaient à tous. La simple observation du cortège le démontre. En effet, si Gaston Cheq y associe les parlementaires aubois (Renaudot, Lesaché, Israel, Berthelemont, Lacotte) et d’autres élus aubois et du barsuraubois, participent également à ce cortège les associations musicales (fanfares locales et harmonie de Bar-sur-Aube et de Troyes), sportives (la Jeune Garde de Bar-sur-Aube, l’union sportive barsurauboise, par exemple), les corps constitués (sapeurs-pompiers de Troyes), les associations de combattants, les patronages laïques mais aussi le syndicat chrétien de Troyes et les boy-scouts de Bar-sur-Aube. Quelle est l’audience de ces fêtes et l’impact de ces dernières ? Ces manifestations rencontrent un vif succès : plus de 15 000 spectateurs recensés, venus de toute l’Aube (selon l’un des journaux qui couvrent l’événement à l’époque, La Tribune de l’Aube). Elles permettent de réaffirmer avec force et vigueur la combativité des vignerons aubois. L’examen des pancartes exposées lors du défilé nous le confirme : « Deuxième Zone est morte. Prions pour elle. Ni fleurs, ni couronnes » ou encore « Le mouton champenois crie quand on le tond de trop près. » Mais ces manifestations sèment déjà les premières graines d’une Champagne réconciliée, d’une Champagne qui saurait transcender le conflit et les antagonismes, d’une Champagne fraternelle. Cela se voit, là encore, à la lecture des pancartes : « Aube et Marnais, tendons-nous la main », « Marnais et Aubois, bons Français, bons Champenois », et naturellement avec la composition originale de Gaston Cheq, « Champagne ! Chant de victoire et de réconciliation », chantée à plusieurs reprises lors de la manifestation dont le refrain est sans équivoque : « Aubois, Marnais : hommes et vins sont frères, Fruit de la vigne et sang de vigneron, Sont deux trésors leur venant de leurs pères Fiers champenois, toujours ils resteront ».  

Ph.S.

On se prépare déjà en coulisses

Début des préparations d'un char à Meurville.

En cette année du centenaire, un projet de célébration a pris corps dans le pays baralbin, répondant à un triple objectif :
  • Rendre hommage aux ancêtres vignerons,
  • Unir les vignerons du pays baralbin et des communes viticoles haut-marnaises,
  • Animer et promouvoir le pays baralbin et son vignoble.
D’abord initié à l’échelle des sections locales viticoles, ce projet s’adresse à l’ensemble des communes du pays baralbin, ainsi qu’aux communes viticoles de Haute-Marne, soit un total de 31 communes. Chaque commune est actuellement en cours de réflexion - ou de préparation et construction pour les plus avancées - d’un ou plusieurs « chars » pour défiler ensuite des villages viticoles du pays baralbin vers la ville de Bar-sur-Aube. Un appel à une sélection de « miss et mister » vient également d’être lancé. Et d’autres surprises se préparent déjà… en espérant que la première date retenue pour cette manifestation prévue exclusivement à l’extérieur, le 10 avril 2021, puisse convenir dans ce contexte de pandémie. Et permettre à nouveau d’associer, pour un moment heureux, acteurs du vignoble et habitants de l’Aube ou d’ailleurs, comme il y a 100 ans. A suivre… Et, notamment, sur Facebook.

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