Grand projet d’envergure, la communication Champagne était dévoilée le 12 avril lors de l’assemblée générale du SGV. Sur trois ans, 12 millions d’euros seront consacrés à cette action phare, destinée à relancer les ventes du vignoble sur le marché français, en touchant prioritairement les 25-45 ans. Voici la stratégie déployée. “Ces décennies sans communication sur notre appellation…
Cet article est réservé aux abonnés.
Points de vue solidaires
Maxime Toubart, président du SGV : "Il ne faut plus attendre, nous avons décidé d’agir avec énergie et méthode. Une telle ambition a bien sûr un coût, 4 millions d’euros par an dépliés sur trois années ; soit un effort de 1,4 centime par kilo. Merci de ce vote important. Nous ferons de cette campagne une réussite."
Eric Potié, président de la Fédération des coopératives vinicoles de la Champagne : "Les chiffres sont alarmants. Les récoltants ont perdu quelque 20 millions de bouteilles en dix ans. En moyenne sur cette période, 2,7 millions de cols ont été perdus chaque année sur le marché français. Si nous extrapolons les chiffres de ces dix dernières années, sur les cinq ans à venir nous perdrons encore 13,5 millions de bouteilles en France par rapport aux ventes 2017. Face à ce constat le vignoble doit réagir. Communiquer nous permettra de conquérir ou de reconquérir des parts de marché. En 2017, seuls 9 % des moins de 35 ans en France ont acheté une bouteille de champagne. Nous pensons qu'il est indispensable de mettre en place une politique de recrutement de nouveaux consommateurs et de cibler les jeunes. La croissance en valeur de nos produits est la voie d’avenir à privilégier. Cette communication doit être collective, si elle est portée aujourd’hui par le SGV, nous espérons qu’elle deviendra interprofessionnelle par la suite."
Yves Couvreur, président des Vignerons indépendants de Champagne : "C’est avec une vraie volonté que les Vignerons Indépendants souhaitent s’engager dans ce projet fort et ambitieux, tout en respectant nos différentes valeurs. Cette communication est une nécessité. Les grands vins accompagnent aussi les plaisirs fugaces. Petit à petit, nous devons retrouver de la notoriété, de la magie. Relevons ensemble ce choix de modernité, pour la valorisation de bons, de beaux et merveilleux champagnes, qui méritent une rémunération à leur juste valeur. Sans communication nous restons au placard."
Charles-Henri Dupont, président du Groupe des jeunes vignerons de la Champagne : "Le GDJ apportera sa pierre à cet édifice. Le champagne se doit d'être visible pour ne pas être oublié du consommateur. Le champagne est porteur de modernité et de tradition. Restons unis pour écrire l’avenir. Le monde a changé, les réalités des entreprises également. Notre force c’est notre travail de vigneron, alors n’ayons pas peur de communiquer."
Sophie Signolle, présidente de la commission des viticultrices de la Champagne : "Nous sommes enthousiastes. Le champagne doit faire rêver, ne pas être le 'vin des vieux'. Mais la communication ne fera pas tout le travail à notre place. A nous d’agir dans nos exploitations, auprès de nos clients, notamment par le biais de l’oenotourisme. Il faut remettre le champagne à la mode, communiquer sur le champagne mais aussi sur notre métier de vigneron, encourager les jeunes viticulteurs."
Grand témoin
Philippe Chalmin : "Le champagne un peu prisonnier de son image"
Assemblée générale SGV 2018
Philippe Chalmin, historien, économiste, spécialiste des marchés des matières premières, était le grand témoin de cette assemblée générale 2018. Son propos n’a pas manqué d’interpeller. "Le champagne est l'une des plus belles images et marques de la planète. Vous avez une capacité remarquable à vous organiser. Avec ces mots forts concrétisés : partage de la valeur ajoutée et capacité à gérer le marché. Il y a une montée en gamme des autres effervescents, un phénomène de mode, et le champagne est un peu prisonnier de son image. Il existe un lien entre la 'malédiction de la rente' et le champagne : morcellement du vignoble, faible intérêt économique pour le vigneron d’aller plus loin que la simple vente du raisin. Mais la rente n’a qu’un temps, même s’il n’y a pas menace en Champagne, nous sommes dans un temps long. Le modèle du champagne est passionnant, vous avez votre accord interprofessionnel, un prix du raisin élevé. Votre système tient par l’équilibre des parties, par la dynamique de l’innovation (niches nouvelles, bio et biodynamie, marques, cuvées haut de gamme…).
Dans le système champagne, négoce et vignoble ne peuvent exister l’un sans l’autre. Affaiblir l’un, c’est fragiliser l’autre. Le bonheur ce n’est pas qu’une rente, ce n’est pas une valeur économique. C’est l’épanouissement du créateur, de l’entrepreneur. Mais ce système est presque une cage dorée, que l’on n’a pas envie de bousculer. Je vous ai adressé les réflexions neutres d’un voyageur de passage. Le monde appartient à ceux qui réalisent leurs rêves. Faites de beaux rêves."