En 1975, les expéditions ont rebondi et la reprise commerciale se confirme en 1976 : la Champagne n’a jamais vendu autant de bouteilles. Mais le score des expéditions masque une économie fragilisée par le poids d’un endettement massif et la course à la trésorerie. En 1974, les expéditions ont reculé de plus de 15 %. Le…
1976 : une reprise en trompe-l’œil
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« L’évolution de nos prix de vente ne suit plus l’évolution de nos prix de revient »
Extraits du discours de Jean-Michel Ducellier, président de l’Union des Syndicats du Commerce à l’assemblée générale de l’AVC « Les vendanges 1976 sont à marquer d’une pierre blanche. Nous avons rentré des raisins magnifiques qui nous laissent espérer un millésime. Le prix, en hausse de 18 %, n’a pu que donner satisfaction aux vendeurs. Le vignoble a vendu la totalité de sa récolte engagée, bien que le rendement ait été porté de 7500 kg/ha à 9000 kg/ha […] Sur le front des ventes, la reprise est spectaculaire […] Nous dépasserons très certainement les 150 millions de bouteilles. Ainsi, nous aurons battu le record absolu. Nous avons bénéficié d’un début de reprise économique en France et de la disparition des stocks à l’étranger qui, depuis deux ans, pesaient lourdement sur nos exportations. Mais le principal facteur qui explique notre bond en avant est la baisse des prix du champagne […] Nous sortons des volumes de bouteilles, mais la rentabilité de nos entreprises tend vers zéro, sans parler des maisons pour lesquelles elle est négative ou le sera à la fin de l’exercice. Pourquoi cette situation paradoxale ? Parce que l’évolution de nos prix de vente ne suit plus l’évolution de nos prix de revient. Ceux-ci sont en augmentation constante, qu’il s’agisse des charges salariales, des frais financiers, des fournitures et même des vins que nous détenons en cave, car la baisse du prix du raisin aux vendanges 1975 n’a pas suffi à amortir dans nos stocks les hausses massives que nous avons subies en 1973 et 74. » « Nous ne pouvons pas revaloriser nos prix de vente car nous nous heurtons aux réticences de la clientèle, que nous avons habitué à la baisse. Il est toujours très difficile de remonter les prix après les avoir diminués. Nous nous heurtons à une concurrence impitoyable au sein de notre profession, une folie collective qui s’est emparée de nous, qui débouche sur des ventes à perte et qui nous conduit à notre propre destruction. A l’étranger, nous nous heurtons aux obstacles fiscaux et monétaires (dévaluation de la livre et de la lire notamment). Tous ces freins se conjuguent pour empêcher la revalorisation de nos prix. » « Une autre ombre au tableau est l’endettement exagéré de nos maisons. Il faut en chercher la cause dans la constitution du stock qu’a nécessité l’expansion. D’où le recours massif à des financements externes, notamment aux concours bancaires. Dans toute autre profession, dans toute autre région viticole, on aurait réduit depuis longtemps l’endettement en allégeant systématiquement les stocks. Mais nous ne pouvons pas agir comme ça, parce que la qualité des vins implique le vieillissement et parce que nous avons souscrit des obligations d’achat à l’égard du vignoble. Les conséquences de l’endettement sont : des frais financiers très lourds, la course à la trésorerie qui alimente si dangereusement la concurrence et la pression sur les prix et l’amoindrissement de nos capacités de financement, qui nous seront pourtant si utiles le jour où nous devrons franchir un nouveau cap dans l’expansion des ventes. […] Nous devons comprendre que vendre n’est pas une fin en soi. Il importe de retrouver une rentabilité qui est vitale pour la survie de nos maisons. Poussés par les nécessités financières, nous avons cherché un remède dans la fuite en avant. C’est une réponse dangereuse. »Recherche
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