Construction du passé ou outil dynamique au service d’une communauté humaine et d’un territoire ?

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En ce début de XXIe siècle, l’incertitude est devenue la norme et les entreprises doivent s’adapter en permanence à des évolutions rapides et qui semblent de plus en plus imprévisibles. Il faut être agile, inventif, créatif. Dans un tel contexte, le cadre des AOC, collectif, traditionnel, contraignant, peut-être vécu comme une gêne inutile et une…

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L’image du mot « Champagne » est le fruit du travail d’une communauté humaine

L’image et la notoriété du mot « Champagne » sont le résultat de l’action persévérante de générations de vignerons, de négociants et de leurs institutions, pour rendre cohérente et crédible l’Appellation d’Origine dont ils avaient obtenu la reconnaissance bien avant la création des AOC par l’Etat français.
  • C’est d’abord le négoce qui s’est emparé du sujet, à la fin du XIXe siècle, en intentant une action devant les tribunaux pour contrer des négociants d’autres vignobles qui apposaient sur leurs étiquettes des noms de crus champenois. Grâce à eux, en 1889, la Cour de cassation reconnaissait formellement que le nom « Champagne » ne pouvait s’appliquer qu’aux vins récoltés et manipulés « en Champagne ».
  • Puis ce sont les vignerons qui ont permis de franchir l’étape suivante en se battant pour obtenir, au début du XXe siècle, une démarcation formelle de « La Champagne Viticole délimitée ».
  • Ensuite, au fil des décennies, les Champenois se sont imposés des règles de production en codifiant les meilleures pratiques de viticulture et de vinification pour que le mot Champagne corresponde durablement à une qualité et une typicité reconnues à l’échelle mondiale.

Nouveaux défis : les enjeux pour l’avenir des AOP

Le dispositif des AOP est très souvent remis en cause au regard des évolutions des modes de consommation ou encore du changement climatique ou des attentes sociétales. Or, trop de personnes en charge de l’environnement législatif ou réglementaire au niveau national ou européen en ont une vision, sans doute idéalisée, où tout serait éternel et donc rien ne devrait changer, ni les étiquettes, ni les conditions de production. C’est parfois aussi très vrai dans l’esprit des vignerons eux-mêmes. Beaucoup d’entre eux ressentent l’AOC comme une permanence. Or, elles ne datent pour l’essentiel que de 1935. A l’échelle de l’histoire du vin, c’est hier. Ce sont des visions totalement erronées de l’appellation d’origine qui pourraient conduire à sa fossilisation et donc sa disparition. Et c’est un des plus grands défis d’ordre juridique que la CNAOC s’est mise en tête de résoudre au niveau européen. Il s’ensuit toute une série d’initiatives pour faire évoluer la réglementation européenne afin de faire reconnaître la capacité à modifier les cahiers de charges sans attendre la ratification par la Commission européenne. Par exemple, pour autoriser une troisième liste de cépages dite à fin d’adaptation, autoriser des modifications temporaires de cahiers des charges, permettre l’utilisation des nouvelles variétés résistantes, permettre des expérimentations grandeur nature, etc. Le changement climatique en cours rajoute une couche de défis en obligeant à réfléchir à une adaptation des conditions de production beaucoup plus rapide qu’imaginée ne serait-ce que 20 ans en arrière. Tout doit être questionné, les méthodes culturales et peut-être la définition du vin elle-même. Eric Tesson, directeur de la CNAOC
<h2 style="text-align: center"><strong>Chronologie de la construction de l’AOC Champagne</strong></h2> <strong>1889</strong> Arrêt de la Cour de cassation du 26 juillet : confirmation de l’arrêt de la Cour d’appel d’Angers défendant l’origine géographique limitée des vins de Champagne. <strong>1908</strong> Décret du 17 décembre : création de la délimitation régionale Champagne. L’Aube en est exclue. <strong>1911</strong> Décret du 7 juin : institue la délimitation régionale « Champagne deuxième zone » pour l’Aube. <strong>1919</strong> Loi du 6 mai : création de « la délimitation judiciaire » pour la Champagne et la première échelle des crus. <strong>1927</strong> Loi du 22 juillet : définit la délimitation géographique de la Champagne Viticole : <ul> <li>Seuls les terrains plantés en 1927 ou consacrés à la vigne avant l’invasion phylloxérique sont retenus. Introduction des notions de cépages et d’aire de production.</li> </ul> <strong>1934</strong> Loi du 22 mars : tendant à interdire la fabrication de vins mousseux ordinaires à l’intérieur des territoires compris dans la Champagne Viticole délimitée. <strong>1935</strong> Décret-loi du 30 juillet : création du Comité National des Appellations d’Origine. Les bases du « statut champenois » sont alors posées : rendement à l’ha, rendement au pressurage, degré, vieillissement...). La « Commission de Châlons » est créée et son rôle est notamment de fixer le prix du raisin, le degré, les primes et abattements. <strong>1936</strong> Décret du 29 juin : reconnaissance officielle de l’AOC Champagne. <strong>1938</strong> Décret du 13 janvier : prévoit les règles de taille et de conduite de la vigne. <strong>1951</strong> Loi du 11 février : l’INAO peut réviser après avis du SGV les décisions de classement des parcelles AOC Champagne. <strong>1979</strong> Service dégustation SGV : création de ce service sous autorité de l’INAO. <strong>1987</strong> Commission consultative CIVC du 10 juillet : « Charte de Qualité » pour l’agrément des centres de pressurage. <strong>1991</strong> Comité national de l’INAO de mai : validation du nouveau décret d’appellation qui impose l’agrément des centres de pressurage. <strong>1994</strong> Décret du 22 décembre 1994 : inscription d’un rendement butoir de 13 000 kg/ha et d’un rendement au pressurage de 160 kg/102 litres. <strong>1997</strong> Décret du 18 avril : allongement de la durée de vieillissement des vins AOC (15 mois pour les bruts sans année ; 36 mois pour les millésimes). <strong>1998</strong> Décret du 18 mars : obligation de réaliser la seconde fermentation en bouteille (hors petit et gros flacons). <strong>1999</strong> Décret du 26 février : interdiction des épandages de gadoues et de composts urbains sur les parcelles AOC. <strong>2003</strong> 9 avril : l’AG du SGV décide de l’ouverture du chantier de délimitation pour sécuriser juridiquement l’aire géographique. <strong>2007</strong> Arrêté du 4 octobre : création de la réserve individuelle AOC Champagne et modification du rendement « butoir » (désormais 15 500 kg/ha). <strong>2008</strong> Réforme de l’AOC : au 1<sup>er</sup> juillet le SGV devient ODG des AOC Champagne et Coteaux Champenois et l’AIDAC, organisme d’inspection est créé. <strong>2010</strong> Décret du 22 novembre : publication du nouveau cahier des charges AOC Champagne (anciennement décret d’appellation). <strong>2011</strong> Décret du 18 octobre : modification du plafond de réserve individuelle (passage de 10 000 kg/ha à 8 000 kg/ha). <strong>2014</strong> Décret du 13 octobre : modification de la densité de plantation pour les parcelles en pente et dévers pour favoriser la mécanisation, augmentation du rendement AOC à 12 400 kg/ha <strong>2020</strong> Arrêté du 19 août : introduction d’une mesure agroenvironnementale (MAE) sur l’interdiction d’utilisation des herbicides de prélevé dans l’inter-rang, déplafonnement de la mise en réserve.

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