Comment l’Unesco a boosté l’œnotourisme en Champagne

Au diable, les rivalités passées, bel et bien enterrées, place au travailler ensemble sur l’espace champenois pour continuer de le faire prospérer sur la base de ses précieux atouts viticoles, mais pas seulement. Car l’œnotourisme, derrière une mosaïque d’acteurs, est un tout. Un facteur de dynamisme économique et culturel profitable à tous, des professionnels du secteur aux collectivités, en passant par les habitants de la Champagne eux-mêmes. Sans oublier les visiteurs !

Temps de lecture : 3 minutes

Auteur : Philippe Schilde

Savoir d’où l’on vient pour savoir où l’on va : les 2e Assises de l’œnotourisme en Champagne organisées le 11 mars à Troyes par la Mission Unesco avec l’ensemble des acteurs du tourisme en région et l’Interprofession ont été l’occasion d’un point d’étape et d’une action de prospective, car, en la matière, il s’agit de ne pas laisser le soufflé retomber.

Les initiatives qui ont fleuri un peu partout sur le territoire au cours des 10 dernières années, en lien avéré avec l’Inscription sur la liste du Patrimoine mondial, ont ouvert des perspectives intéressantes qu’il faut conforter pour devenir une destination incontournable auprès de touristes cherchant à découvrir, échanger, partager avec des professionnels capables de mettre en valeur autant leurs savoir-faire et leurs produits que leur authenticité et leur environnement.

Dans son propos introductif diffusé en vidéo, Nathalie Delattre, ministre déléguée chargée du Tourisme, n’a pas caché les difficultés actuelles touchant la filière vin et elle a considéré que l’œnotourisme était « un levier d’attractivité » sur lequel il faut s’appuyer. Pour « gagner de nouvelles clientèles », elle exhorte, « la mosaïque des acteurs de terrain, très variés, n’ayant pas forcément l’habitude de travailler ensemble, à s’y mettre », le succès dépendant de la somme des efforts fournis par chacun et par tous.

La plénière, très mobilisatrice, organisée le matin au Centre de congrès de l’Aube, avec une forte implication des équipes de Christelle Taillardat, directrice de l’Agence de développement touristique auboise, aura été riche en débats, en témoignages d’expériences et en démonstrations d’innovations, à l’image de la plateforme numérique Explore Grand Est qui permet de préparer sa virée champenoise. Reste, pour progresser encore, à mieux structurer l’offre œnotouristique, notamment en consolidant des données encore très éparpillées et difficiles à recueillir et à agréger.

En photo ci-dessus : Ces Assises ont permis aux participants de rejoindre divers sites emblématiques de l’œnotourisme dans la Côte des Bar, à l’image de la maison d’hôtes du domaine Qualisterra à Bar-sur-Aube, fruit du travail d’un couple de jeunes vignerons dont nous parlerons prochainement dans nos colonnes. 

 

Directrice de la Mission Unesco, Amandine Crépin a dévoilé la « la nouvelle plateforme inspirationnelle de la Route Touristique du Champagne » tandis que les représentants de l’ART profitaient de l’occasion pour « lancer officiellement la plateforme d’accélération à la commercialisation : explore-grandest.com ».

 

La nécessité d’un observatoire de l’œnotourisme

En conclusion des travaux et après que le sujet a fait plusieurs fois surface au fil des interventions, Séverine Couvreur, présidente de la Mission Coteaux, Maisons et Caves de Champagne, a insisté sur « la mise en place d’un observatoire de l’œnotourisme. C’est aujourd’hui une priorité. Un tel outil est essentiel pour assurer un développement harmonieux de l’activité, améliorer la qualité de l’offre et renforcer la coopération entre l’ensemble des acteurs ».

Appréciant « l’appel au voyage » qu’a été la présentation de l’impact de l’Unesco sur la vallée du Douro au Portugal, Séverine Couvreur s’est réjouie des chiffres de l’enquête récente réalisée par l’Agence d’urbanisme, de développement et de prospective de la région de Reims (lire encadré ci-dessous), avant de donner rendez-vous à tous dans trois ans, dans l’Aisne, cette fois.

« Visibilité, collectif et innovation sont les maîtres-mots sur lesquels nous appuyer pour construire des offres intéressantes dans le respect de notre environnement. Capitalisons sur les bénéfices engrangés sur les 10 premières années pour nous projeter sur 10 ans », a-t-elle conclu.

Notoriété, fierté et… retombées économiques

Amel Benchemine (Audrr) a pu révéler les premiers bénéfices tirés concrets de la reconnaissance Unesco.

Menée auprès de 600 participants (habitants, élus et professionnels) début 2025, l’enquête de l’Agence d’urbanisme, de développement et de prospective de la région de Reims (AUDRR) a mis en avant trois axes majeurs :

 

  • « L’inscription a eu un impact majeur sur la notoriété et l’image. Ainsi, 82 % des habitants estiment que l’image du territoire s’est améliorée en dix ans et 86 % se disent fiers de l’inscription. »

 

  • « Au plan économique, l’augmentation de la fréquentation touristique a eu un impact direct sur l’économie locale, notamment dans les secteurs du tourisme et de l’hébergement-restauration. À Reims, le nombre de nuitées a progressé de plus de 60 % entre 2016 et 2023, atteignant 1,8 million. À Reims et Troyes, le top 3 des pays d’origine des touristes sont l’Allemagne, les Pays-Bas et le Royaume-Uni. Globalement, la clientèle s’est internationalisée et les demandes se concentrent particulièrement sur la visite de vignobles et les expériences œnotouristiques. L’amélioration de l’attractivité touristique a soutenu la hausse de l’emploi qui s’est accru de 33 % ces dernières années, à 8 240 emplois dans le secteur tourisme fin 2023. »

 

  • « Concernant le patrimoine, 84 % des habitants constatent une amélioration de la préservation du patrimoine. D’importants efforts de rénovation ont été entrepris par les professionnels. L’inscription a également entraîné l’intégration de mesures spécifiques dans les documents d’urbanisme et la mise en place de protections renforcées, que ce soit pour préserver les bâtis ou le bien les chartes éoliennes. »

 

 

 

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