Après quatre années d’expérimentation par la société BMS Micro-Nutritions les conclusions s’affinent. A l’occasion d’une campagne difficile comme 2016 la nutrition foliaire propose, en Champagne, un programme permettant à la vigne d’être plus résistante à la maladie. La méthode se présente de plus en plus comme une alternative écologique et un complément à l’engrais au sol.
Son efficacité se confirme. Depuis 2012 la société BMS Micro-Nutrients, spécialiste de la nutrition foliaire depuis 30 ans, conduit des essais avec témoins dans quatre parcelles à Mareuil-sur-Aÿ et Aÿ, aux Vignobles du Château, dirigé par Olivier Coharde. “Nous avions besoin de cette période pour commencer à tirer des conclusions fiables. Nous sommes presque au bout de l’expérimentation qui s’avère positive”, explique Frédéric Remion, technico-commercial de BMS Micro-Nutrients en Champagne.
Le jeudi 28 juillet dernier une cinquantaine de professionnels, dont des clients Belges, des Italiens et des Espagnols ont pu découvrir sur le terrain les bienfaits de cette méthode qui conduit à nourrir la plante par les feuilles. “L’objectif de cette journée était de comparer la méthode de fertilisation traditionnelle par le sol et la nutrition foliaire qui reste encore marginale en Champagne, mais très utilisée dans d’autres appellations, en France et dans des vignobles du monde entier. “On peut affirmer que nous obtenons des résultats au minimum équivalent avec l’application d’engrais aux sols mais avec de nombreux avantages, en particulier en terme de pollution”, poursuit Frédéric Remion.
L’intensité de la maladie sur les vignes est moindre
L’année 2016, particulièrement difficile, est intéressante pour établir les comparaisons. “Le pourcentage de ceps touchés par au moins une tache de mildiou sur feuille est aussi important sur les vignes en nutrition foliaire que les autres. Mais le comptage des feuilles et des grappes nous montre que l’intensité de la maladie sur la vigne est moindre”, note Virginie Melnyk, étudiante en licence agro-ressources et environnement viticulture à l’UFR de Reims. “Ceci peut s’expliquer par le fait qu’une vigne mieux nourrie régulièrement en oligo-éléments, notamment en période d’asphyxie racinaire où les éléments sont lessivés ou très mal absorbés par les racines, se défend mieux face aux agents pathogènes. Les produits agissent comme stimulant”, ajoute-t-elle.
L’étudiante a fait un travail de recherches qu’elle a présenté en préambule de cette visite à la coopérative vinicole d’Avenay-Val-d’Or. Un petit cours magistral pour rappeler la dimension novatrice de cette méthode en Champagne et les caractéristiques d’un programme de nutrition foliaire. Il utilise notamment un fertilisant très riche en azote pour stimuler la pousse végétative (KAPPA V), un produit qui contient du borechélaté (CHELAL Bore), utilisé au moment de la floraison pour éviter les risques de coulures ou du zinc également chélaté (CHELAZINC) chargé de favoriser la croissance de la plante.
Dans les vignes, Virginie Melnyk et Frédéric Remion ont, en outre, évoqué les résultats positifs de la nutrition foliaire sur la longueur des rameaux et une résistante plus grande de la plante au mildiou grâce à l’apport foliaire en azote. “Cette année on observe des contrastes positifs nettement plus importants entre la nutrition foliaire et les autres. Ce qui prouve qu’une plante bien nourrie résiste mieux et que la méthode peut-être une alternative et un complément à l’engrais au sol”, explique un vigneron de Reuil, adepte depuis longtemps de ces produits. “La nutrition foliaire est recommandée en complément de chlorose ferrique, vignes pentues, enherbées et en année sèche ou humide”, souligne pour sa part Virginie Melnyk.
Le coût est d’environ 300 euros à l’hectare pour un programme complet avec un impact moindre sur l’environnement. “On peut diviser par dix les quantités d’azote apportées, et la nutrition foliaire entre dans le cadre de la directive Nitrate puisque les apports sont très faibles”, précise Pierre Dacheux, responsable des ventes de BMS Micro-Nutrients.