Partager « des idées et des solutions pour simplifier la gestion des exploitations », tel est le credo du moment pour la Commission des Viticultrices de la Champagne. Ce thème, qui était au centre de leur assemblée générale qui se tenait le 15 mars à Vertus, continue à mettre l’accent sur l’humain, « ce qui fonde notre collectif champenois, ce qui lui donne du sens », selon les termes employés par Séverine Couvreur, présidente de la Commission.
« L’humain est au cœur de cette équation dans le monde viticole et plus largement agricole : c’est bien sûr le chef d’exploitation, mais c’est aussi ses salariés, sa famille, son entourage. Prendre soin de l’humain, c’est participer à la nécessaire transformation ou adaptation de notre modèle. Il n’est pas rare d’entendre des vigneronnes et des vignerons dire qu’ils passent maintenant plus de temps derrière leur ordinateur que dans leur vigne ou dans leur cave. »
C’est pourquoi la Commission des Viticultrices a choisi de mettre en avant une double thématique en 2024, « Simplification et mutualisation des outils et des hommes : oser et réussir ». « Parce qu’elle touche directement au bien-être de l’humain sur l’exploitation. Les changements, les adaptations auxquels nous devons faire face s’accompagnent d’une perte de sens du métier par surcharge administrative, pression réglementaire. »
Un constat partagé par Maxime Toubart, président du SGV, en clôture de l’assemblée générale : « Je sens parfois une détresse chez certains d’entre nous. Quand le plaisir passe après la contrainte et l’obligation, ça peut être mal vécu. Parfois je doute de ces cadences infernales sur l’environnement, sur le social, sur l’humain, sur l’obligation de plaisir dans ce que l’on fait. Quand on voit la masse administrative et l’obligation de se justifier en permanence, c’est compliqué. »
Proximité et collectif
Comme le montre le thème choisi cette année, il s’agit pour les Viticultrices de mettre en œuvre trois priorités : « Attirer des femmes vers nos métiers, adapter l’outil de production aux femmes, et développer le bien-être sur l’exploitation aussi bien d’un point de vue physique que psychologique. »
Pour ces trois exemples, la présidente a souhaité préciser que ces améliorations ne concernaient pas seulement un public féminin. Ce vœu d’inclusivité concerne évidemment toute la Champagne : Nathalie de Coninck, vice-présidente Aisne, a appuyé le vœu de la Commission : « nous tenons à aller dans chaque département et rester en proximité. »
Lucie Virey, vice-présidente Aube, a présenté les formations organisées en partenariat avec Kiné Form et Santé afin de « répéter régulièrement les bons gestes (…) pour ménager notre corps ».
Les viticultrices jouent collectif et le font savoir, comme lors de la Foire de Châlons : « Nous avons constaté que nous avions beaucoup de sujets et dossiers en commun avec nos collègues agricultrices », tels que l’installation, l’adaptation des pratiques et des outils, a souligné Caroline Sanchez, secrétaire générale.
En ce qui concerne les aspects du quotidien propres aux viticultrices, comme le statut de la femme dans les exploitations, la retraite ou encore le bien-être au travail, un groupe de travail se penche actuellement sur des questions sociales, à commencer par le divorce. Par ailleurs, une refonte des documents édités il y a 10 ans est prévue pour faire face aux enjeux administratifs, a annoncé Édith Valentin, trésorière.
Corinne Selosse, vice-présidente Marne, est quant à elle revenue sur la lutte contre le mal-être au travail, qui a fait l’objet d’une présentation audiovisuelle : « La Commission des Viticultrices est vraiment inspirée par les travaux (de la MSA, NDLR) pour lutter contre ce fléau. »
Fort heureusement, des solutions existent pour améliorer le quotidien au sein de l’exploitation : la réponse peut aussi bien être matérielle que personnelle, comme l’a démontré la table ronde qui a suivi l’assemblée générale.