Innovation technologique au Mesnil-sur-Oger : les raisins de la coopérative UPR passent à la mireuse
Un étrange photomaton a investi le quai N°2 du centre de pressurage de la coopérative UPR Le Mesnil. Chaque caisse, identifiée par le code-barres de sa palette, passe désormais sous le flash d’une et même deux caméras.
« La première caméra réalise 4 prises de vue dans le visible, la deuxième 2 dans l’hyperspectral (ultraviolet et infrarouge) décrypte Gilles Marguet, directeur de l’UPR. Le développement des technologies de vision et l’intelligence artificielle nous ouvrent de nouvelles perspectives. Ces photos vont être comparées à une base de données et, via des algorithmes de reconnaissance, nous permettront de trier et qualifier le raisin ».
La technologie a été développée avec une jeune société, R&D vision, qui a déjà dans la région plusieurs applications comme par exemple à Matougues pour l’usine McCain (tri des frites) ou à Gyé-sur-Seine pour les rouges Moët & Chandon (sélection des maturités selon la couleur).
« Un passeport d’accompagnement pour chaque caisse »
Intrus (sécateurs ou gants oubliés), taux de feuilles trop importants peuvent ainsi être immédiatement détectés et la caisse écartée sur une table d’accumulation pour résoudre le problème. Plus encore, l’intelligence artificielle pourrait à terme aider à évaluer le raisin sur des paramètres qualitatifs comme le taux de botrytis, d’oïdium, de millerandage ou d’échaudage, et ajuster les actions œnologiques (dose de SO2, caractéristiques du pressurage, etc.). Voire même contacter le vigneron sur son portable en lui envoyant la photo de la caisse en temps réel, afin qu’il puisse ajuster les consignes à la vigne auprès de ses coupeurs. « C’est plus qu’un bon de livraison, c’est un vrai passeport d’accompagnement pour chaque caisse de raisins », sourit Gilles Marguet.
Sur les 12 jours de vendanges et les 3 millions de kilos de raisins traités par l’UPR, le prototype (50 000 €) doit réaliser un maximum de photos et constituer une base de données sur laquelle les algorithmes d’intelligence artificielle travailleront dès l’année prochaine. Ce n’est donc qu’à partir de 2020 qu’un tri supplémentaire sera en place à l’arrivée au pressoir, mais d’ores et déjà l’effet d’annonce a joué ! Alors que directeur estime entre 4 à 5 % le taux d’oïdium moyen dans les vignes du Mesnil, le tri (peut-être un peu stimulé par la peur du gendarme !) aurait réduit ce taux à 1 % à l’arrivée au pressoir.
J.W.