C’est l’ultime ligne droite avant les premiers coups de sécateurs.
Mais que cette campagne a été difficile ! Rien ne nous aura été épargné. Après les fortes gelées de printemps, des pluies diluviennes ont favorisé des attaques de mildiou sans précédent qui ont ravagé une partie de notre vignoble. Sur l’ensemble de l’AOP, les pertes dépassent les 25 % et dans certains secteurs de la Vallée de la Marne et de l’Aube, c’est carrément catastrophique. Quelques vignerons n’ont même plus rien à vendanger.
J’adresse un salut fraternel à tous les viticulteurs qui se sont battus pied à pied pour tenter de sauver leur récolte. La Champagne est une terre solidaire et nous nous soutenons les uns les autres.
Même si le pire n’est jamais certain, il convient d’être réaliste : ces épisodes climatiques compliqués sont appelés à se répéter, le dernier rapport du Giec n’est guère optimiste à ce sujet.
C’est pourquoi nous devons continuellement nous adapter, faire évoluer nos modes de conduite, nos modes de taille, notre façon de traiter… Nous devons faire confiance au progrès pour nous protéger sans dévier de nos exigences environnementales. L’introduction du voltis par exemple, cette nouvelle variété résistante au mildiou et à l’oïdium développée par les scientifiques de l’Inrae, donne de vrais espoirs pour demain.
D’autres variétés du même type sont encore en cours d’expérimentation et nous aurons alors la possibilité de réduire considérablement les fongicides, comme le souhaitent les consommateurs.
Il n’y a pas que des mauvaises nouvelles. Sur le plan économique c’est tout le contraire, la reprise est bien là et le premier semestre a été exceptionnel. Les expéditions ont progressé de près de 50 % par rapport à 2020 et de 4,2 % par rapport à 2019. Pour le vignoble, c’est 42,5 % de plus qu’en 2020, et 28,1 % pour les coopératives.
C’est dans cet élan prometteur des marchés que nous avons décidé lors du bureau exécutif du Comité Champagne, de fixer le rendement tirable à 10 000 kg par hectare.
Bien sûr ça tombe mal, on aurait préféré des rendements agronomiques à la hauteur de cette reprise, mais sur ce plan, c’est la nature qui a toujours le dernier mot.
Vous le savez, le mildiou affecte la quantité de raisin mais pas sa qualité. Vous avez travaillé dur pour la préserver et nous ferons de bons vins avec ce que la vigne nous donnera.
Pour le reste, nous avons la chance d’avoir une organisation extraordinaire que tous les autres vignobles nous envient. Notre système de réserve, construit collectivement, va nous permettre de lisser cette année compliquée et de répondre à la demande des amateurs. Et puis, il y a nos stocks avec de très bonnes cuvées issues des belles récoltes des années précédentes.
Dans les moments difficiles, il faut toujours se rappeler que nous faisons le plus beau métier du monde. Partout, le champagne est considéré comme le vin de la joie, de l’amour et de la fraternité et c’est nous, par notre travail, qui offrons ce plaisir à des millions de personnes sur l’ensemble de la planète. On peut en être fiers !
Je vous souhaite à toutes et à tous une belle énergie pour cette vendange 2021.
2024 : un tournant dans l’histoire sociale de la Champagne
Ces vendanges signent la fin d’une année particulièrement stressante. Depuis le printemps, la météo ne nous a pas fait de cadeaux et nous avons travaillé sans relâche pour préserver au mieux nos raisins.