« Même si les projections climatiques indiquent une augmentation des températures et donc potentiellement une réduction du nombre de jours de gel dans les décennies à venir, la probabilité qu’il gèle début avril reste importante », explique Sébastien Carré, conseiller viticole à la Chambre d’agriculture de l’Aube.
À titre d’exemple, dans le secteur des Riceys dans l’Aube et d’ici 2030, les modèles estiment un débourrement autour du 3 avril soit un risque d’exposition de la vigne au gel de 45 %. « L’installation de chaufferettes ne suffit plus à contrecarrer le gel, prévient le conseiller. C’est pourquoi nous testons de nouvelles pratiques pour obtenir des références propres à notre territoire et nos cépages. L’investissement dans un système de lutte durable contre le gel reste une évidence d’autant plus qu’il sera vite rentabilisé ».
Face au gel, plusieurs moyens de lutte mécanique sont possibles comme l’utilisation d’éolienne antigel, fixe ou mobile. L’air qu’elle brasse protège sur une distance plus ou moins grande.
Adapter une solution et ajuster les pratiques
Autres possibilités, l’installation de câbles chauffants attachés à proximité des sarments ou encore l’aspersion. « Cette dernière apporte une efficacité indéniable. Elle n’est cependant possible que si l’eau stockée est à un niveau suffisant et donc disponible en sortie d’hiver, souligne Sébastien Carré. À noter que les nouvelles installations ne sont plus autorisées pour des raisons écologiques. »
La pulvérisation d’un éliciteur, ou stimulateur de défenses naturelles, en renforçant la résistance de la vigne au froid, représente un autre moyen de lutte. « Selon l’intensité du gel, l’efficacité de cette solution reste aléatoire. Son coût représente un frein à son utilisation. »
Autre piste pour stimuler la vigne, le rayonnement UV-C qui booste la production d’acide salicylique de la plante et l’aide à mieux se défendre face à un stress comme le gel.
D’un point de vue plus fonctionnel et selon les cas et les possibilités, Sébastien Carré propose de réaliser une taille tardive de la vigne. « Cette technique décale l’organisation des chantiers, mais limite le risque de débourrement anticipé ». Il conseille également d’éviter tout travail du sol ou fauche d’herbe avant un épisode de gel. L’objectif : limiter une libération supplémentaire d’humidité dans l’air qui diminue la température environnante et donc favorise le risque d’exposition du bourgeon au gel.
Enfin, la sélection de clones plus vigoureux permet d’agir plus en amont. « Il convient toutefois de rester vigilant sur certains porte-greffes qui accélèrent ou atténuent le débourrement de la vigne », précise-t-il.
Julie Guichon