Lancé en 2016, le Plan National Dépérissement du vignoble concrétise la prise de conscience de la filière et sa volonté d’agir sur tous les fronts, de la production de plants de vigne jusqu’à la commercialisation. C’est un projet ambitieux avec des investissements importants et de nombreuses équipes au travail. En Champagne, région certes moins touchée…
Plan dépérissement du vignoble : une action à 360°

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Les pépiniéristes s'engagent

1,5 M€ pour les nouveaux programmes
Cinq nouveaux lauréats ont été sélectionnés à l'issue de l'appel à projets lancé en décembre 2017. Les équipes de recherche, parfois nouvelles au service de la viticulture, se répartiront 1,5 million d'euros entre 2018 et 2022 et travailleront sur trois axes. A savoir, les interactions entre la plante et le sol pour mieux comprendre le lien entre santé de la vigne et qualité des sols ; les leviers socio-économiques nécessaires à l'accompagnement du changement de pratiques viticoles à l'échelle de l'exploitation (contraintes économiques et organisationnelles) ; le transfert de connaissances, notamment en matière de lutte contre la maladie. Au total, 14 projets et 4,6 millions d'euros sont déjà consacrés à des programmes de recherche contre le dépérissement du vignoble français. En trois ans, de 2017 à 2019, 10,5 millions d'euros seront engagés dans le Plan, dont une partie significative sera allouée à la recherche.Une webformation le 23 février
Une formation en ligne débute le samedi 23 février avec le module 1 : « Le dépérissement, une menace pour le vignoble ». Elle sera suivie de trois autres modules et d’une conclusion. Pour participer à l’événement, il faut se connecter (www.plan-deperissement-vigne.fr/evenements/webformation-deperissement/2019-02-23), créer un compte et s’inscrire. « En deux heures, découvrez les réponses aux questions que vous vous posez sur les dépérissements. Retrouvez ici des vidéos inédites, des tests d'autoévaluation et des informations utiles pour observer et reconnaître les symptômes des dépérissements et agir pour lutter de manière efficace », indiquent les organisateurs de cette webformation.Replantation : une offre de financement sur mesure

Une décision de l’interprofession permet de compenser la perte de volume liée à l’arrachage par une utilisation partielle de la réserve. © JC Gutner
Denis Velut : « Soyons tous très vigilants »

Denis Velut : "Le dépérissement est multifactoriel et le sujet ne peut pas être pris à la légère." © Philippe Schilde

<h2><strong>L'ambition numéro 1 est la formation</strong></h2>
<img class="wp-image-22164 size-medium" src="https://www.lachampagneviticole.fr/wp-content/uploads/2019/02/C.-Riou-ifv-236x300.jpg" alt="" width="236" height="300" /> Pour Christophe Riou, il y a des solutions à court et moyen terme.
Le point avec Christophe Riou, délégué national de la mission dépérissement.
<strong>La notion de dépérissement est complexe. Une multitude de facteurs provoquent la baisse de la production du cep jusqu'à sa mortalité. Le chantier est vaste, par où commencer ?</strong>
70 facteurs ont été classés en quatre catégories, les maladies (bio agresseurs, champignons, bactéries), les facteurs environnementaux (changement climatique, stress hydrique, grêle, gel), ceux liés aux pratiques viticoles (taille facteur aggravant ou préventif, taille respectueuse non mutilante) et enfin les facteurs liés aux pratiques sociaux-techniques (cahier des charges, choix du matériel, contraintes liées à l'exploitation).
Ce phénomène s'est aggravé au début des années 2000, avec une recrudescence des maladies du bois liée au changement climatique. Par exemple, le court-noué et la flavescence dorée qui s'étend. Tous les vignobles sont concernés.
<strong>Un séminaire s'est déroulé au printemps dernier à Montpellier. Où en sont les avancées du Plan Dépérissement ?</strong>
Il n'y a pas une cause et une solution. Les premières actions ont vu l'édition d'un carnet du plan, présentant 31 actions réunies sur les quatre ambitions initiales. Neuf projets ont été retenus et mis en place, avec des résultats d'ici 2 à 3 ans. Pour la deuxième phase, débutée en 2018, priorité est donnée au sol. C'est une démarche inédite portée par la profession qui associe État et professionnels pour un montant de 10,5 millions d'euros sur trois ans, pilotée par les interprofessions.
<strong>Neuf programmes de recherche ont débuté. Quels champs d'action recouvrent-ils ?</strong>
Je peux citer celui qui cherche à comprendre ce qui détermine la longévité d'une parcelle de vigne, avec le programme Longvi piloté par Marion Claverie de l'IFV, sur des parcelles à Gigondas. Un autre est le projet Origine sur l'amélioration du matériel végétal. Avec la crise du renouvellement, 20 % des surfaces de vignes mères de greffons ont disparu par suite de détection de maladies du dépérissement. Nathalie Ollat à l'INRA Bordeaux travaille sur la qualité de la greffe du jeune plant en partenariat avec la Fédération Française de la Pépinière Viticole.
<strong>Il n'y a pas que la recherche !</strong>
La partie la plus visible est la dynamique de recherche. Pour autant, il y a des solutions à court et moyen terme. L'ambition numéro un est par exemple la formation avec les chambres d'agriculture, 60 pôles de formation sont géographiquement référencés. Il faut encourager la formation de formateurs pour la taille, le recépage, le curetage. Ce qui est fait avec Olivier Jacquet, à Avignon, ou en Champagne avec la Corporation des vignerons de Champagne. Il y a également des projets avec des lycées viticoles, l'enseignement supérieur. Le FAFSEA va intégrer dans ses formations des certifications relatives à la prévention du dépérissement pour les salariés. L'autre originalité est le réseau viti-acteurs. Les différents groupes partagent leurs expériences au vignoble, ils amènent des solutions à tester.
<strong>www.plan-deperissement-vigne.fr</strong>
<h2><strong>Florence Fontaine et l’Urca au cœur du sujet</strong></h2>
<img class="wp-image-22166" src="https://www.lachampagneviticole.fr/wp-content/uploads/2019/02/fontaine-florence-urca-dépérissement-vigne-©Philippe-Schilde-300x200.jpg" alt="" width="386" height="257" /> "La sensibilité des ceps s’accroît avec les évolutions environnementales."
Le 11<sup>e</sup> congrès international sur les maladies du bois de la vigne se tiendra au Canada cette année. La dernière édition avait eu lieu à Reims et Florence Fontaine, enseignant chercheur en biologie et physiologie végétale à l’Urca (Université de Reims Champagne-Ardenne) en avait été la cheville ouvrière. Rattachée au laboratoire RIBP (Résistance Induite et Bioprotection des Plantes), elle travaille sur le sujet depuis 2002 et dirige depuis plus d’un an la Chaire Maldive (maladie du bois de la vigne).
« Nos travaux visent notamment à développer des solutions de lutte contre les maladies fongiques au moyen de molécules naturelles. La sensibilité des ceps s’accroît avec les évolutions environnementales : pics de température, stress hydrique… Ce sont des facteurs aggravants. Ils modifient la physiologie de la vigne et, dans le même temps, l’agressivité des pathogènes peut augmenter. En laboratoire, nous testons des micro-organismes utilisables dans les sols comme au niveau foliaire. Nous multiplions les combinaisons afin d’identifier les solutions potentielles, mais c’est long. Il faut compter encore 4-5 ans pour passer à des essais grandeur nature », explique Florence Fontaine, en notant que l’agressivité des pathogènes en question (<em>Fomitiporia mediterranea, </em><em>Phaeomoniella chlamydospora, Phaeoacremonium </em><em>species</em> pour l’Esca, <em>Eutypa lata</em> pour l’Eutypiose, <em>Diplodia seriata, Neofusicoccum parvum</em> pour le dépérissement aux Botryosphaeriacées) se manifeste à l’échelle des vignobles de la planète, avec des différences de degré selon les cépages utilisés et les pratiques culturales.
<strong>Outils de diagnostic</strong>
<img class=" wp-image-22165" src="https://www.lachampagneviticole.fr/wp-content/uploads/2019/02/dépérissement-Download-1-e1548237093998-169x300.jpg" alt="" width="136" height="241" /> © Vincenzo Mondello – URCA
A titre d’exemples, dans le cadre d’un programme financé par l’Etat (Casdar V1301) impliquant trois vignobles (Alsace, Champagne et Languedoc-Roussillon), la professeure rémoise a planché entre 2013 et 2016 sur les effets autrefois bénéfiques de l’arsénite de sodium afin de tenter de trouver son équivalent naturel, biologique. En 2018, en partenariat avec le CIVC, elle a été associée au lancement du programme Holoviti piloté par l’Inra de Dijon et l’Université de Bourgogne. Ce programme de recherche vise à « étudier les interactions entre les micro-organismes présents dans le sol et dans l’environnement de la plante (racine, tronc, feuilles) dans des situations variées de dépérissement. Il s’intéresse aussi à une interaction particulière entre les plantes via la mycorhization ». « Notre objectif est la mise en place d’outils de diagnostic de l’état de santé d’une parcelle et l’évaluation des bénéfices de la mycorhization », expose Florence Fontaine.
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