Tristesse et colère

Par Maxime Toubart, président du SGV Champagne

2/10/23

Temps de lecture : 3 minutes

Auteur : Maxime Toubart

Ces vendanges éprouvantes auront été marquées par des évènements particulièrement tragiques. Nous avons appris avec stupeur et une grande tristesse le décès de plusieurs vendangeurs en Champagne dont un jeune homme de 19 ans, et également dans le Beaujolais.

Au nom de toute la filière Champagne, j’adresse mes sincères condoléances aux familles des personnes décédées. Nos pensées vont également aux chefs d’exploitations qui ont dû faire face à ces évènements tragiques et en sont durement affectés.

La cueillette constitue un travail physique intense pendant une courte période, on le sait tous, et dans nos domaines familiaux, nous essayons d’entretenir la tradition d’une vendange joyeuse et festive. Mais cet enchaînement dramatique tombe comme un couperet et nous endeuille tous : personne ne devrait perdre sa vie en travaillant.

La plupart des décès sont survenus au début de la récolte sous des chaleurs totalement inédites, alors que les autorités n’avaient pas déclenché les alertes canicule.

Je sais que l’immense majorité d’entre vous a pris des dispositions adaptées et a tenu compte des documents envoyés par le Syndicat qui rappellent toutes les règles essentielles à la vendange.

Nous allons bien sûr prendre le temps de comprendre les raisons de ces drames et nous adapterons en conséquence les consignes relatives à la sécurité du personnel et à l’organisation du travail en cas de fortes chaleurs. Les sections locales sont à votre disposition pour recueillir vos remarques et vos retours d’expérience qui aideront le SGV à trouver les bonnes solutions.

Selon toutes probabilités, nous vendangerons de plus en plus tôt avec des aléas météo plus forts et plus fréquents, cela augmentera certainement les risques pour tous les acteurs de la vendange. Il faut s’y préparer dès maintenant. Nous comptons sur votre sens de la responsabilité collective et sur votre vigilance.

Puis à la tristesse s’est ajoutée la colère. Quatre hébergements collectifs de saisonniers ont été fermés par arrêtés préfectoraux et deux enquêtes ont été ouvertes pour « traite d’êtres humains ».

C’est inacceptable et inexcusable. Ces prestataires indignes, pour la plupart extérieurs à la Champagne, qui se comportent comme des esclavagistes déshonorent toute l’histoire de notre Appellation. Notre vin est reconnu sur toute la planète, il est synonyme de joie de vivre et d’élégance, il est hors de question que nous le produisions en maltraitant les plus précaires.

Nous avons le devoir de respecter les personnes qui travaillent dur pour assurer notre prospérité, il en va de nos valeurs et de notre image à travers le monde. Nous devons être exemplaires.

Nous avons identifié depuis longtemps les raisons du recours grandissant à la prestation de services, même si nous sommes encore très nombreux à recruter directement. Et ce n’est pas faute d’avoir alerté et pesé de tout notre poids sur les pouvoirs publics, nous subissons les conséquences de contraintes administratives qui plombent notre activité et poussent certains d’entre nous à déléguer ces tâches.

Mais ces dérives intolérables nous engagent sans délai dans le cadre de l’interprofession, à travailler à un meilleur encadrement des prestataires. Cela ne pourra se faire sans l’appui de l’État, des parlementaires, du Gouvernement et de l’administration.

Là encore, j’en appelle à votre solidarité, nous sommes collectivement responsables des bonnes pratiques dignes de notre prestigieuse Appellation.

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