Une sortie différée de réserve pour sécuriser le vignoble

Le Syndicat Général des Vignerons a présenté lors de ses assemblées régionales le principe de la sortie différée de réserve, un nouvel outil de régulation qui permet de compenser en trois ans le déficit en raisin d’une mauvaise récolte.

Temps de lecture : 4 minutes

Auteur : La Rédaction

Après deux années particulièrement éprouvantes, avec en 2020 une belle récolte dans un marché à l’agonie en raison de la crise sanitaire, puis une situation totalement inverse en 2021, le SGV a réagi en proposant au sein de l’interprofession de compléter le système de la réserve individuelle en mobilisant au maximum la production de qualité afin d’assurer l’approvisionnement de la filière et sécuriser le revenu de toutes les exploitations.

 

Le principe de la sortie différée

En cas de récolte inférieure au rendement d’appellation fixé pour l’année N, après déblocage en février N+1, un récoltant obtient des droits de sortie différée de réserve à hauteur du manque constaté par rapport aux décisions vendanges. Autrement dit, il pourra récolter des raisins au-delà du rendement commercialisable, dans la limite des quantités manquantes l’année précédente. Le seuil de déclenchement de ce crédit de réserve est de 100 kg à l’échelle de l’exploitation et devient effectif le 1er février suivant la récolte, dans la mesure où l’exploitant a reconstitué un stock de réserve.

Les droits sont valables pendant les trois vendanges qui suivent et sont applicables dès cette année pour lisser les difficultés de la vendange 2021.

En pratique, un exploitant qui serait en déficit de récolte pour l’année 2021 en cumulant sa vendange et le déblocage de février 2022, peut être apuré jusqu’à la récolte 2024 avec le déblocage de février 2025.
La mesure qui sera validée lors du bureau exécutif du Comité Champagne le 20 juillet est obligatoire et automatique pour les récoltants dont le déficit de raisins a été constaté. Il n’y a pas de transfert possible du crédit en cas de mutation ou cessation d’activité.

On estime qu’environ 800 déclarants de récolte sont concernés au titre de la vendange 2021. Le Comité Champagne leur adressera un courrier au mois août, avant de généraliser dans son extranet le dispositif à tous les espaces professionnels des déclarants.
D’autres outils complémentaires de régulation sont à l’étude et feront l’objet de discussions dans le cadre de l’interprofession.

 


La mesure a été saluée par les nombreux participants des neuf assemblées régionales d’été qui se sont tenues du 27 juin au 12 juillet dans les différents secteurs de l’Appellation. Des rencontres qui sont l’occasion de renforcer la démocratie participative au sein du vignoble et le dialogue entre les élus du SGV, les présidents des sections locales et les viticulteurs adhérents.

« La clé de la Champagne dans les années qui viennent, c’est la production et il se trouve que la production, c’est nous. Si nous prenons les bonnes décisions économiques et environnementales, nous avons un très bel avenir devant nous, a estimé Damien Champy, le secrétaire général du SGV lors de la réunion du 28 juin à Fleury-la-Rivière pour le secteur Vallée de la Marne. Le champagne va rester le produit associé à la fête et à la célébration mais en plus, nous sommes en train de prouver que nous faisons un grand vin qui trouve sa place dans toute la gastronomie. Coté tourisme, notre AOC a également un fort potentiel pour accueillir de plus en plus de touristes avec un fort pouvoir d’achat. »

Pour sa part, le président du SGV Maxime Toubart a pointé la baisse systémique de la productivité depuis trois décennies (voir tableau ci-dessous) : « On sait que le changement climatique va accentuer la perte de rendement et le scénario de 2021 se répétera encore ; c’est pour cela qu’il faut rentrer tous les raisins disponibles les bonnes années. Et pour être à la hauteur des attentes du public, nous n’avons pas le choix, on doit produire plus propre. Le Syndicat continuera à inciter tout le monde à une certification environnementale qui sera d’ailleurs obligatoire en 2030 pour revendiquer l’Appellation d’origine. »
Face à l’augmentation des charges dans les exploitations, il a également plaidé pour la mutualisation de matériels modernes et performants au sein de Cuma pour répondre aux exigences d’une viticulture plus durable.

Toujours sur la thématique de la production, Damien Champy a abordé le faible renouvellement du vignoble de Champagne : « La qualité des vins se fait sur des vieilles vignes mais il faut aussi rajeunir son vignoble. En Champagne, on a la chance de pouvoir débloquer pour arrachage 3 x 8 000 kg par hectare, cela ne coûte presque rien. Pourtant c’est moins d’1 % de l’Appellation qui est arrachée aujourd’hui ; il faut réagir avant d’avoir de gros problèmes de production », a-t-il expliqué.

Tout au long des assemblées, les débats ont été nourris par différents sujets d’actualité comme le lancement de la nouvelle campagne Champagne de Vignerons, la modification du cahier des charges, la réglementation phytosanitaire, le portage du foncier ou encore la lutte contre les jaunisses.

 

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