2021, l’année de tous les records

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Quel contraste d’une année sur l’autre ! En 2020, l’assemblée de l’AVC se tenait en visioconférence en raison de la crise sanitaire, dans un contexte économique plombé alors que la récolte était très belle. Fin 2021, l’AVC accueille son public in situ, la campagne culturale a été catastrophique, mais le rebond économique est euphorique. Seule constante…

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PAROLES DE PRESIDENTS François Pierson, président de l’Association viticole champenoise « Devant les aléas climatiques de cette année, nos pratiques ont vu leurs limites. Certes, la vigne a souffert, mais encore plus les vignerons qui ont combattu sans relâche, ont été mis à rude épreuve, souvent débordés ou découragés certains même déboussolés par les IFT. Nos services techniques avaient très tôt alerté sur les risques du mildiou. Mais face à un tel déchaînement de catastrophes successives, personne ne pouvait lutter, même avec la meilleure volonté. Il nous faut prendre avec vigueur, rapidité, le virage de l’innovation. Il nous faut accélérer la recherche liée aux prises de décision. C’est l’avenir de notre vignoble et celui de nos enfants qui en dépend. Je me vois mal expliquer à nos petits-enfants que, par manque de courage, de lucidité, de petits problèmes internes, on aurait laissé passer la chance du progrès. Le réchauffement climatique nous impose d’accélérer mais sans céder non plus aux pressions environnementales non raisonnables qui nous arrivent et ne sont là que pour grappiller quelques voix électorales. J’ai bien peur que nous ne soyons les parents pauvres de l’échec de la Cop 26 et que ce soit encore une fois à l’agriculture et à la viticulture de trinquer. L’AVC doit toujours être le dérangeur de la routine, l’empêcheur de tailler en rond, l’innovateur qui bouscule, mais toujours avec une vision qualitative pour l’avenir de notre beau vignoble champenois. »   Jean-Marie Barillère, président de l’UMC et coprésident du Comité Champagne « L’export a, de nouveau tiré notre économie. Je note toutefois, avec plaisir, que la France résiste bien ces derniers mois. Il va falloir améliorer (notre) réserve, ou lui adjoindre d’autres systèmes pour rendre encore plus résilientes nos entreprises champenoises. Parmi les idées sur la table, il y a bien sûr le relèvement du plafond de la réserve, qui peut s’accompagner d’un possible tirage d’une partie de cette réserve. Il y a d’autres idées, comme déterminer la destination des volumes produits au-delà du rendement autorisé, un an après la récolte, soit la distillation, soit compléter une récolte déficitaire. Vous pouvez aussi imaginer un cinquième paiement, plus tardif. N’oublions pas une chose fondamentale : c’est que je dois produire tout en limitant mon impact environnemental, et non pas limiter mon impact environnemental à n’importe quel prix, en prenant trop de risques par rapport à la quantité et à la qualité de ma production. Si nourrir la planète est une obligation, abîmer ou détruire la planète par une production agricole sera très, très mal vu, et cette production agricole ne pourra pas perdurer, faute de marché. Aussi, nous n’avons pas d’autres choix que de nous engager dans une viticulture respectueuse de l’environnement. Soyons prêts à communiquer sur nos pratiques : nous n’avons rien à cacher, à dire ce que nous faisons, et si j’ai peur de le dire, arrêtons de le faire. Et cela n’est pas vrai que sur le plan viticole, mais aussi sur nos pratiques d’étiquetage : disons réellement ce que nous faisons sur nos bouteilles. Toutes ces alertes environnementales et sociétales doivent nous inciter à poursuivre ce que nous faisons depuis trois siècles, c’est-à-dire nous améliorer sans cesse et avancer dans la quête de l’excellence. Si nous y parvenons et si nous y parvenons rapidement parce que le monde accélère, je nous promets un avenir radieux car, avec le travail de vous tous, des Vignerons et des Maisons, notre image demeurera une image de vecteur social, de joie, de fête, de succès, et le monde nous appartiendra. Dans un monde qui bouge, une chose demeure : l’Homme a besoin de convivialité et de plaisir, de plaisir gustatif pour apprécier la vie. En fait, il a besoin de champagne. »   Maxime Toubart, président du SGV et coprésident du Comité Champagne « Le collectif est notre bien commun au sein du Comité Champagne. Il nous fait progresser nous, vignerons, vers la performance de la production. C’est notre intérêt et c’est aussi celui du négoce. L’initiative individuelle est encore davantage valorisée quand elle est partagée et coordonnée sur l’ensemble du champagne et de la Champagne. Le SGV en tant qu’ODG (Organisme de Défense et de Gestion de l’appellation) est aussi un acteur fort de ce collectif. Après plus de 20 ans d’expérimentation sur les modes de conduite et l’enherbement, nous avons présenté et porté le sujet des vignes semi-larges (VSL) sur le terrain. L’ODG a voté en juillet de nouveaux outils pour étoffer notre cahier des charges, celui de l’AOC, afin de répondre aux attentes environnementales et nous adapter face au changement climatique. Les inconnues à venir sont nombreuses. Personne n’a de certitudes. Cependant, cela ne doit pas nous figer et nous pétrifier. Avançons ! La gestion des dépérissements de notre vignoble est également un enjeu majeur. Là aussi, il va falloir travailler de manière unie, concertée et efficace. La flavescence dorée et le bois noir ont brutalement pris des proportions inquiétantes. Nous sommes à un moment crucial et nous pouvons encore agir efficacement avant que l’épidémie ne devienne incontrôlable. Prenons pour cela la voie du collectif avec un effort massif de prospection et de formation à la reconnaissance des symptômes. En agissant vite et fort, j’espère que nous éviterons des traitements insecticides et des obligations d’arrachage contraignantes. La nature et notre activité ne suivent pas un calendrier administratif. Au-delà des promesses politiques, il faut des actes administratifs concrets et pertinents. Il faut arrêter de surtransposer en droit français la réglementation européenne. Comment être compétitifs, avoir une économie viable, être attractifs pour nos jeunes avec des métiers vivables si nous sommes les seuls avec autant de contraintes et de règles ? Que la société veuille des pratiques plus vertueuses, qui répondent mieux aux enjeux du développement durable et de la responsabilité sociétale des entreprises, c’est tout à fait normal, et nous nous y engageons déjà depuis plus de trente ans. Cependant, nous sommes exaspérés par une lourdeur et des impasses administratives. Le vignoble n’a toujours pas digéré l’abandon d’une partie de la récolte très qualitative de l’an dernier et surtout des propos de certains négociateurs que nous avons perçus comme méprisants. Le vignoble n’est pas la variable d’ajustement du négoce ! Je vous le dis haut et fort : nous avons été blessés, et 2021 a donné raison à notre bon sens paysan… Sachons désormais retenir cette leçon pour l’avenir. Restons unis, la filière se pilote à deux, dans la durée et pas uniquement avec une vision à court terme à partir de tableaux financiers Excel. Nous prenons notre part d’effort pour élargir la commercialisation du champagne. Nous créons de nouveaux instants de consommation, en mettant en avant nos valeurs, proches du terroir et en incarnant la richesse de notre diversité humaine. Avec à la clé de belles réussites individuelles qu’il nous faut maintenant transformer collectivement, avec une reconnaissance des champagnes de vignerons qui grandit partout sur la planète. »

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