Assemblées régionales du SGV : le dialogue s’entretient sur le terrain

Du 27 janvier au 4 février, les adhérents du SGV sont allés à la rencontre des administrateurs, des collaborateurs et des présidents de section du Syndicat lors des traditionnelles réunions de début d’année.

Temps de lecture : 3 minutes

Auteur : Guillaume Perrin

Au cours des sept réunions hivernales programmées cette année, le président du SGV Maxime Toubart, la directrice Estelle Thibaut et l’ensemble des équipes contribuant à la bonne marche des assemblées régionales avaient fort à faire.

Car le programme 2025 visait à aborder avec franchise et sincérité des sujets difficiles, qui font l’objet d’informations et d’échanges auprès des vignerons champenois. Missions et fonctionnement de l’Organisme de Défense et de Gestion de l’Appellation – porté par le SGV –, mais aussi respect du cahier des charges, économie de la filière et flavescence dorée faisaient partie des sujets abordés.

À Vert-Toulon (ici en photo) comme à Cramant, Spoy, Étampes -sur-Marne… Les nouvelles du front n’étaient pas des plus réjouissantes. Jusqu’à récemment, ce rendez-vous du début de l’année permettait encore d’annoncer des volumes d’expéditions importants et de nouveaux records de chiffre d’affaires pour la Champagne.

Mais pas cette fois. La situation économique dépeinte par Estelle Thibaut a servi de piqûre de rappel : avec l’inflation et moins de moments de célébrations, les ventes reculent, même si le nombre d’acheteurs varie peu. Toutefois, tout n’est pas si sombre : les vignerons, qui en moyenne ont moins augmenté leurs prix que les maisons de négoce, ont un peu moins souffert cette année en matière d’expéditions. « Ce léger rééquilibrage est plutôt une bonne nouvelle si l’on veut faire en sorte que le vignoble continue à commercialiser du champagne », commente la directrice du SGV.

La valorisation poursuit son chemin, mais jusqu’à quand ? La fin est proche, et le consommateur semble atteindre son « seuil de tolérance », prédit Estelle Thibaut. En quatre ans, le prix moyen de la bouteille a grimpé de 26 %…

Que l’on s’inquiète ou non de ces chutes commerciales « brutales », Maxime Toubart invite à « rester attentif à toujours correspondre aux consommateurs qui changent », en référence aux amateurs de cocktails ou d’alcools plus légers, dont l’émergence provoque le déclin de régions viticoles autrefois solides, comme le Bordelais. Ce qui occasionne un empilement des dossiers de distillation et d’arrachages. « Sur 700 000 ha de vigne en France, il est prévu d’en arracher 100 000. Il va y avoir de la casse », prophétise le président du SGV.

 

Ne pas fragiliser l’unité syndicale

Louise Michel, responsable de l’ODG, a quant à elle rappelé le contexte agité que traversent les appellations d’origine et leurs organismes de défense et de gestion.

Les menaces sont d’abord internationales, avec des crises au sein des vignobles traditionnels telles que celle vécue par les vins de Bordeaux, et dont la production peine à être régulée efficacement, et des volontés de remise à plat des droits de plantation provenant d’États membres de l’Union européenne qui, jusqu’ici, ne produisaient pas de vin. En France, c’est le monde politique qui convoite le pouvoir de proposition détenu par les professionnels de la vigne et du vin lorsqu’il s’agit de définir les conditions de production.

« Depuis huit ans, 80 ares de vignes sans IG ont été plantés dans notre Appellation. On ne sait pas où elles sont et ce que deviennent les raisins… Mais nous ne sommes pas un vignoble mixte, et ces 10 ares imposés par la Commission européenne, on n’en veut pas ! », martèle au passage Maxime Toubart.

L’ODG, lors de chacune des modifications du cahier des charges proposées à l’Inao, n’a pas manqué de consulter l’ensemble des producteurs de l’Appellation. Déclaration d’aménagement de parcelle, Voltis, traitement des plants à l’eau chaude, augmentation du plafond de la réserve, ou encore usage des herbicides : les dispositions soumises à l’approbation des professionnels de la Champagne tendent à faire évoluer le cahier des charges vers une plus grande durabilité.

En tant qu’ODG, le SGV veille également à assurer la protection du vignoble, tant dans l’image de son produit que par la pérennité de son vignoble. À ce titre, les campagnes de prospection organisées contre la flavescence dorée (lire encadré), les recours engagés contre les promoteurs en énergies renouvelables empiétant sur l’Appellation, et le contrôle du respect des règles font partie de ses missions.

« Il convient de respecter ce qui a été voté, même si on est contre. Si nous restons attentifs à ce qui nous est remonté lors des phases d’opposition et de contestation, le conseil d’administration du SGV reste souverain lors des prises de décisions », réaffirme Maxime Toubart.

Des mesures fortes contre la flavescence dorée

La flavescence dorée poursuit ses ravages malgré la mobilisation collective. Pour autant, le SGV veut continuer à mobiliser les troupes, et invite la nouvelle section Champagne de l’EDT51 à la table des discussions.

Si l’objectif de prospection en 2024 est effectivement atteint, avec 12 200 ha examinés – dont 8 200 ha à titre volontaire –, « il y a le feu », s’alarme Damien Champy. En révélant que 40 communes de l’Appellation n’ont pas de référent jaunisse et n’ont jamais organisé la moindre prospection, le secrétaire général du SGV s’étrangle : « c’est énorme ! » Des mesures contraignantes seront certainement prises par arrêtés préfectoraux dès la mise en place du plan d’action prévu pour ce printemps.

À travers une volonté de classer toute la Champagne en « zone délimitée », ce plan prévoit d’améliorer la détection des symptômes, d’amplifier l’effort de prospection, de limiter la propagation de la maladie, et de rendre obligatoire toute nouvelle mesure de lutte contre la flavescence dorée. 11 500 ha de vignes vont devoir être obligatoirement prospectés en 2025.

Le SGV souhaite aussi la mise en place de mesures spécifiques dans les secteurs touchés par le variant M54, ainsi que des arrachages exhaustifs et élargis pour tous types de jaunisses détectés (flavescence dorée et bois noir), mais en prévoyant la mise en place d’outils de solidarité bénéficiant aux vignobles infectés.

Comme l’a rappelé Maxime Toubart, « la flavescence dorée, on ne peut pas vivre avec. 2025 est le dernier espoir pour réduire sa pression sur notre vignoble. Si l’on doit arracher plusieurs milliers d’hectares à cause d’elle, notre modèle de solidarité ne tient plus. » Et le président de citer en exemple le secteur de Vert-Toulon, qui a réussi à inverser la tendance grâce à un investissement collectif de taille.

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