Association Viticole Champenoise : l’esprit collectif à la manœuvre

Une salle comble, un bilan exhaustif de la campagne culturale porté par les experts des services techniques du Comité Champagne, des ambitions et des innovations pour perpétuer l’excellence, des inquiétudes face à l’expansion des jaunisses, le tout agrémenté de vidéos hilarantes, mais toujours pédagogiques : le millésime 2024 de l’assemblée de l’AVC a tenu toutes ses promesses.

Temps de lecture : 5 minutes

Auteur : Alain Julien

« En Champagne, vous êtes tous des athlètes du quotidien. Plus que les épreuves, ce sont les valeurs de l’olympisme qui nous ont guidés cette année : amitié, respect, excellence, les trois valeurs piliers de l’esprit collectif », a lancé Sébastien Debuisson, directeur du pôle technique du Comité, en ouverture de la grand-messe technique de l’interprofession…

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Paroles de présidents

Christophe Rapeneau, président de l’AVC

Mes deux priorités sont d’améliorer notre résilience face aux dérèglements climatiques et contenir la propagation de la flavescence dorée. Notre organisation champenoise a déjà su se protéger avec la réserve qualitative et doit continuer à innover.

Malgré l’augmentation de la réserve l’année dernière de 8 à 10 000 kg/ha, celle-ci est déjà presque vide pour les viticulteurs aubois. Il reste encore la réserve différée, mais il faut continuer à travailler sur un nouvel outil, la réserve solidaire. Celle-ci permettrait de pallier les aléas climatiques tels que le gel, la grêle, ainsi que les futurs arrachages dus à la flavescence dorée.

Face à l’urgence climatique, aujourd’hui, des outils innovants s’offrent à nous, comme les NBT. Nous pourrions gagner un temps précieux pour innover. Nos cépages actuels pourraient être moins sensibles au mildiou, à l’oïdium, au court-noué et peut-être même à la flavescence dorée. À ce jour, l’Europe y réfléchit. Nous attendons un feu vert politique de Bruxelles pour les utiliser.

 

Maxime Toubart, président du SGV

Notre Champagne est en période de mutation et chacun doit prendre sa part à l’effort.

Mesdames et messieurs, les représentants de l’État ou des collectivités locales, vous avez votre part de responsabilités pour l’avenir de notre Appellation : celle de vous battre à nos côtés pour pérenniser notre modèle d’exploitations familiales que beaucoup nous envient.

Que pouvez-vous faire ? Nous permettre de disposer d’outils pour transmettre en allégeant la fiscalité qui étrangle nos petites exploitations. Porter des propositions concrètes sur la simplification administrative. (…) Nous aider à maîtriser le potentiel de production via la régulation des plantations y compris en VSIG. Nous sommes prêts à prendre nos responsabilités pour équilibrer offre et demande, prenez la vôtre sur les dispositifs réglementaires qui peuvent nous permettre de le faire.

Chers amis des Maisons, depuis 2023, la baisse des ventes de bouteilles est brutale. Elle met en risque nos équilibres. Certes, vous n’êtes pas responsable de la guerre en Ukraine, des conflits au Proche-Orient, des instabilités politiques (…). Par contre, vous êtes responsables de la très forte hausse des prix. Vous faites régulièrement le lien entre hausse des prix du raisin et hausse des prix de la bouteille. C’est aller un peu vite en besogne.

Sachez que tout vigneron que l’on soit, nous savons compter, nous fréquentons les mêmes clients – surtout que vous avez eu tendance, ces derniers temps à réinvestir le marché français souvent au détriment du vignoble pour lequel ce marché est stratégique. Quand on fait un peu de mathématiques, la hausse du prix du raisin et la hausse du prix de la bouteille n’apparaissent pas tant proportionnelles.

 

David Chatillon, président de l’UMC

Dans cet environnement incertain et instable, la baisse des expéditions sera de l’ordre de -10 % en volume et de 5 à 600 millions d’euros en valeur. Paradoxalement, on aurait presque pu craindre le pire. En effet, que dire du moral des consommateurs en Europe, sans parler de la France qui a encore perdu 15 millions de bouteilles sur les dix premiers mois par rapport à 2019. Pourtant l’Europe géographique, c’est encore 70 % de nos débouchés commerciaux. Les deux principaux marchés hors d’Europe n’ont pas pris le relais avec des élections américaines singulières et un yen particulièrement faible.

L’Europe plus ces deux marchés, c’est 85 % de nos débouchés. Dans ces conditions, on voit mal comment nos expéditions auraient pu croître et ce ne sont pas les quelques milliers de bouteilles qui seront expédiées par précaution aux États-Unis pour échapper à une éventuelle taxe sur les importations qui inverseront la tendance.

Je vous disais ici même l’an dernier que vous pouviez compter sur les Maisons et leurs grandes marques pour poursuivre leurs investissements marketing – au sens image et marchés – dont toute l’Appellation bénéficie. Ces investissements représentent des sommes considérables particulièrement lorsqu’il s’agit d’aller défricher des marchés lointains. C’est aussi ce qui explique que les marges des metteurs en marché n’aient guère progressé en dépit de la hausse du prix des bouteilles constatée ces dernières années.

De surcroît, les bouteilles que nous allons commercialiser demain ont coûté très cher à produire, alors que l’acceptabilité du prix par le consommateur atteint un palier pour quelque temps au moins.

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