Au cœur des domaines expérimentaux

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Le pôle Technique & Environnement du Comité Champagne développe des activités de recherche et de conseil dans les domaines viticoles et œnologiques. Pour mener à bien ses missions, il est doté de laboratoires performants, d’une cuverie, d’une cave expérimentale et de quatre domaines expérimentaux. Focus sur ces vignobles où l’on prépare l’avenir. Le plus ancien…

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Sécurisation du matériel végétal

En 2012, le Comité Champagne a souhaité sécuriser le matériel végétal obtenu jusqu’à présent en créant un nouveau domaine, hors de la zone de production AOC, sur le site de Gionges. Sur un peu plus de quatre hectares, ce lieu est dédié à la pré-multiplication des clones et cépages champenois et à la multiplication des cépages résistants issus du programme ResDur de l’INRA (Voltis). Le site est aussi un conservatoire de la biodiversité des sept cépages autorisés en Champagne et on y trouve des plants de chardonnay rose, récemment inscrit au catalogue officiel des cépages français à la demande du Comité Champagne.

Vignoble expérimental du Barrois : à la croisée du champagne d’hier et de demain

Pour bien montrer que la Champagne n’est pas figée dans ses certitudes mais, qu’au contraire, elle évolue, s’adapte aux évolutions sociétales, économiques et environnementales, les professionnels champenois ont fait le choix d’accueillir le préfet de l’Aube fin août sur le site du Vignoble expérimental du Barrois, à Essoyes. Pour Stéphane Rouvé, arrivé il y a peu en Champagne, la tournée vendange 2020 dans la Côte des Bar aura constitué une immersion initiatique aux problématiques champenoises, avec démonstration des effets du changement climatique à l’œuvre (aussi) sur ces coteaux de l’appellation.

Sur site, lors d’une visite récente du préfet de l’Aube, d’élus et de partenaires du vignoble, Bruno Duron a rappelé l’historique et la vocation du domaine expérimental implanté il y a près de 30 ans dans la Côte des Bar. © Ph. Schilde

Géré par un Groupement d’Intérêt Economique (GIE Vignoble expérimental du Barrois) constitué du Comité Champagne et de la Chambre d’Agriculture de l’Aube, le site aubois représente une surface de 6 hectares plantés. « Il a pour vocation d’étudier le comportement des porte-greffes et des clones sur le terroir spécifique de la Côte des Bar et d’expérimenter certains modes de conduite comme les vignes hautes et larges. D’autres expérimentations relatives à l’entretien des sols, à la nutrition de la vigne ou par exemple au surgreffage sont également menées ici », détaillent les responsables du Comité Champagne. Comme pour le domaine de Plumecoq, les parcelles bordant la route de Gyé-sur-Seine reçoivent de nombreux visiteurs chaque année. Ce fut encore le cas lors de la tournée vendange organisée par le SGV dans la partie la plus méridionale de l’appellation. La visite a permis aux vignerons présents, à Vincent Perrin, directeur du Comité Champagne et à Bruno Duron, responsable du site, d’éclairer le préfet de l’Aube Stéphane Rouvé sur les évolutions agronomiques et culturales en cours. Tout en revenant sur l’historique du lieu. Bruno Duron a tenu, en effet, à revenir sur la genèse de ce domaine expérimental solidement ancré dans le panorama aubois : « Dans la Côte des Bar, l’idée d’une telle structure démarre au milieu des années 80. En 1985, le vignoble local sort péniblement d’un douloureux épisode de gelées d’hiver survenu en janvier. A cette époque, Pierre Maury et moi-même avions commencé à étudier les possibilités de créer un site d’expérimentation viticole tenant compte des spécificités géologiques, pédologiques et climatiques du vignoble du Barrois. Nous avions connaissance de l’existence de terrains AOC ‘vierges’ - des terrains reconquis par la forêt suite à la crise phylloxérique -, propriétés de la Ville de Troyes. Nous avons alors convaincu une poignée d’élus viticoles (Pierre Gillet, Yves Jolly, André Gautherot, Serge Mathieu, André Drappier…) de porter le projet tant devant les instances professionnelles que devant la municipalité troyenne. C’est ainsi qu’en 1990 naissait une structure collaborative unique en France liant une interprofession viticole (le CIVC) et une chambre d’agriculture (la CA10). Sa présidence fut confiée à Yves Jolly, à la fois vice-président de la Chambre d’agriculture de l’Aube et du SGV. » Structure unique en son genre à l’époque

Les vignes hautes et larges font l’objet d’études approfondies.

Courant 1991, plusieurs études (pédologiques et topographique) sont menées sur site. Un prévisionnel des futures plantations est réalisé. Dans le même temps, on enclenche le défrichage des lieux. Un bosquet abritant une cadole demeure le témoin des boisements du passé. Les premiers travaux d’aménagement sont lancés. Puis, en 1992, on procède aux premières plantations, encore toutes « symboliques ». « Le vrai démarrage date en fait de 1993 avec la mise en place de plusieurs programmes : porte-greffes et clones de pinots noirs en 1993, accessions de pinot droits, clones de meuniers, clones de chardonnay en 1994, essai de fertilisation phosphore, programme mode de conduite dont lyre et vignes hautes et larges en 1995, collections de ‘pinots fins des Riceys’, sur 1998/1999/2000, relate Bruno Duron. On enchaîne ensuite avec les plantations de collection de cépages AOC quasiment oubliés : arbane, petit meslier et pinot blanc. « Les vinifications, analyses, dégustations, synthèses des travaux sont effectuées à Epernay à la suite des expérimentations conduites sur le finage d’Essoyes », précise l’ingénieur aux services techniques du CIVC. Administrateur du SGV, Denis Velut succède à Yves Jolly à la présidence du GIE en 2007 avant qu’une refonte de la gouvernance s’opère dix ans plus tard. « Un conseil d’administration voit alors le jour, composé de six membres dont deux tiers représentent le Comité Champagne et un tiers la Chambre d’agriculture de l’Aube », indique Bruno Duron. « Un virage serré à négocier » Certains raisins ont été coupés dès le 13 août dans la Côte des Bar et, en cette année 2020 pas comme les autres, la précocité a été palpable partout à travers le vignoble champenois. « Les évolutions climatiques sont plus rapides que prévues », constate Bruno Duron en évoquant en parallèle la pression sociétale qui s’exerce sur la profession viticole. « La demande est à moins de phyto, moins de carbone, plus d’environnement. Cela nous conduit à devoir négocier un virage serré. Une nouvelle phase d’expérimentations est lancée visant à répondre aux nouvelles attentes », assure-t-il. Montrant l’exemple, le domaine expérimental s’est lancé dans les certifications environnementales dès 2014. Il dispose des labels VDC et HVE. Il a diminué puis arrêté les traitements herbicides. « Nous œuvrons dans l’accompagnement de la gestion des ZNT riverains par le surgreffage d’hybrides résistants au mildiou et à l’oïdium. Les travaux sur les vignes semi-larges (vignes de l’avenir) s’intensifient de même que les recherches en matière de création variétale liant le Comité Champagne et l’INRA Colmar ENTAV) pour diminuer l’usage des phytos. A ce sujet, notre domaine expérimental sera l’une des bases de l’installation des sites de V.A.T.E (Valeur agronomique, technologique et environnementale). Enfin, la question des stress hydriques (porte-greffes mieux adaptés, sujet sensible de l’irrigation, etc.) est au centre de nos réflexions », conclut Bruno Duron.

Philippe Schilde

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