L’Assemblée générale de l’AVC est toujours un moment marquant de la fin d’année. Pour plusieurs raisons. D’abord, parce qu’elle souligne l’importance des considérations techniques et environnementales pour notre métier, et pour son évolution. Egalement, parce qu’elle permet de faire le point sur l’année écoulée, d’en tirer d’éventuelles leçons ou enseignements, et de préparer la campagne culturale à venir. Mais aussi, parce qu’elle est le seul moment d’expression de notre interprofession. Sa seule véritable tribune. Avec en particulier les discours des deux coprésidents qui nous offrent la possibilité, l’un après l’autre, d’exposer nos ambitions et nos inquiétudes.
Nous le savons, l’année 2018 sera particulière. Ces dernières semaines ont été marquées par des mouvements “sans précédent”, avec en particulier des augmentations annoncées et appliquées du prix du raisin. Alors, bien entendu, nous aimerions croire qu’il s’agit simplement de nous permettre, à nous, producteurs de raisins, de gagner plus. Ce serait en effet bien agréable de le penser ainsi. Mais ce serait également irresponsable. La stratégie engagée aura des conséquences profondes, c’est certain. Elle bouscule et induit une recomposition de notre paysage. Quid de la diversité des acheteurs de raisins ? Quid de nos équilibres interprofessionnels ? Quid du partage historique de la valeur ajoutée ? Doucement, mais sûrement, nous nous éloignons de cette Champagne équitable voulue et créée par nos prédécesseurs.
De quelle Champagne rêvons-nous? Quelle page de l’histoire sommes-nous en train d’écrire ? La question est fondamentale et nous portons, chacun d’entre nous, par nos décisions individuelles et collectives, la responsabilité de la Champagne que nous entendons bâtir.
La négociation du prochain accord interprofessionnel va bientôt s’engager. Et ce ne sera pas une simple formalité. Nous ferons bien entendu tout pour préserver les intérêts des vignerons et des coopératives. Et j’irai même plus loin : nous ferons tout pour protéger cette Champagne organisée, solide, forte, qui permet aujourd’hui à chacun de bénéficier de la richesse créée. Mais le Syndicat peut toujours batailler à protéger cette Champagne, si les opérateurs font le choix de s’engager dans des contrats et à des conditions qui mettent à mal nos fondamentaux, alors notre action perd en crédibilité. Nous avons besoin de chacun.
D’autant que, étant donné l’évolution permanente des règlementations et la multiplication croissante des pressions extérieures à notre appellation, nous aurions tout intérêt à préserver ce qui fait notre force et à mettre notre énergie au service de notre avenir. Je ne citerai ici qu’un seul exemple, parce qu’il est particulièrement d’actualité et qu’il est de ceux qui requièrent toute notre attention : la protection de notre appellation et de sa notoriété. Vous le savez : nous menons depuis des années une politique d’encadrement strict de nos plantations et avons récemment réussi à convaincre nos décideurs de la nécessité de réintroduire un dispositif de régulation de ces plantations. Mais avec une nouveauté : la possibilité pour les vins sans IG (ex vins de table) d’obtenir des autorisations de plantation, et donc de planter. Et pourquoi pas à proximité de nos vignobles !
Sur ce sujet, la position champenoise unanime est la suivante : obtenir l’instauration d’une zone de protection autour de notre appellation ; zone au sein de laquelle toute plantation serait interdite. Mais si la filière viticole nous soutient de manière totale, il n’en est pas de même des pouvoirs publics. Loin de là ! Les prochaines semaines seront déterminantes, et nous aurons l’occasion d’y revenir. Mais ce type de dossier est la preuve, puisqu’il semble qu’il y en ait encore besoin, de l’importance de conserver une interprofession forte, unie et organisée.
Je ne pouvais conclure cet édito sans vous souhaiter, à toutes et tous, une excellente année 2018 culturale et commerciale, une bonne récolte tant en qualité qu’en quantité, de bons moments avec vos proches, vos amis, vos familles et de grandes joies comme de petits bonheurs…
Préserver l’intégrité de notre Appellation
Deux dossiers majeurs occupent en ce moment notre actualité politique aux échelles nationale et européenne : la fiscalité sur les transmissions intrafamiliales des exploitations, à l’ordre du jour des discussions parlementaires pour le projet de loi de finances 2025, et les autorisations de plantation qui seront débattues à Bruxelles pour la prochaine réforme de la PAC...